Vous regardez, songeur, la salle de bains que vous êtes sur le point de rénover. Selon votre niveau d’aisance avec un marteau et l’ampleur de la tâche, vous pourriez visionner quelques vidéos YouTube et faire les travaux vous-même pour épargner de l’argent, ou alors les confier à un professionnel. La même logique s’applique à vos impôts : est-il préférable de les faire vous-même ou de les confier à un spécialiste ?
Si vous faites des cauchemars à l’idée de remplir vous-même votre déclaration de revenus, dites-vous d’abord que vous n’êtes pas seul. Selon Revenu Québec, près de deux particuliers québécois sur trois (63 %) ont délégué la production de leurs impôts 2021 à un spécialiste, une proportion en légère augmentation depuis 2017 (61 %). À l’inverse, cela signifie que plus de 2,5 millions de Québécois choisissent toujours, bon mal mal an, de produire leur déclaration eux-mêmes, sur papier ou avec un logiciel.
Pour savoir dans quelle catégorie vous devriez vous trouver, il faut avant tout vous interroger sur votre capacité à comprendre les rouages de la fiscalité, affirme Bora Som, comptable professionnel agréé (CPA) et enseignant au programme Techniques de comptabilité et de gestion du collège Ahuntsic, à Montréal. Comme chaque année fiscale amène son lot de changements (nouveaux crédits, etc.), une personne qui souhaite remplir sa déclaration elle-même « doit être à l’aise pour faire des recherches et acquérir de nouvelles connaissances », souligne-t-il.
Le niveau de revenu n’est pas l’indicateur le plus important à considérer : un employé qui gagne 150 000 dollars par année et qui n’a qu’un seul feuillet T4 peut avoir un dossier bien moins complexe qu’un travailleur autonome qui touche 30 000 dollars par année.
Voici quelques éléments à soupeser avant de décider s’il vaut mieux utiliser un logiciel fiscal ou encore vous tourner vers un être humain — dans ce dernier cas, vous devrez choisir entre un comptable, un comptable professionnel agréé (CPA) et un préparateur d’impôts.
Préparateur d’impôts : l’option abordable
Qu’ils soient indépendants ou associés à un cabinet de services comptables, les préparateurs d’impôts peuvent vous rendre de fiers services à un prix abordable — habituellement en deçà de 200 dollars.
Il faut cependant savoir que les préparateurs d’impôts n’ont pas de formation obligatoire. Certains ont une technique collégiale en comptabilité, d’autres sont formés par le cabinet qui les a embauchés. Ils ne sont pas encadrés par un ordre professionnel non plus. Le service rendu peut donc être inégal, tout comme vos économies fiscales.
Le préparateur prend-il le temps de s’intéresser à votre situation fiscale ? C’est une bonne façon de juger de la qualité de ses services. « S’il prend seulement les documents sans poser de questions, il ne va pas nécessairement chercher tous les crédits auxquels vous pourriez avoir accès », souligne Bora Som.
Comptable : pour s’assurer de ne rien oublier, mais plus cher
Si votre situation est plus complexe que la moyenne, vous pourriez avoir avantage à vous tourner vers un professionnel de la comptabilité. « C’est surtout la diversité des sources de revenus qui change la donne. Par exemple, des revenus de salaire, de dividende, de location d’immeuble, d’entreprise, etc. », précise Bora Som.
Parmi les cas qui méritent une attention particulière, notons aussi ceux des propriétaires d’immeubles à revenus, des travailleurs autonomes (qui peuvent déduire plusieurs dépenses), des personnes qui font faillite (possiblement deux déclarations à produire pour couvrir les périodes précédant et suivant la faillite) et des liquidateurs de succession (qui doivent produire une déclaration de revenus pour une personne décédée).
En confiant vos impôts à un comptable, vous acceptez de payer plus cher — généralement quelques centaines de dollars, cela varie selon la complexité du dossier — pour faire affaire avec une personne dont les connaissances sont en principe supérieures à celles d’un préparateur d’impôts. Cela peut valoir la peine de payer quelqu’un qui connaît à fond les règles fiscales ; l’année où vous commencerez à prendre soin d’un proche en perte d’autonomie par exemple, il pourra notamment s’assurer que vous toucherez les crédits d’impôt fédéral et provincial pour personnes aidantes.
Attention : il y a une distinction entre un comptable et un comptable professionnel agréé (CPA), signale Geneviève Mottard, présidente et chef de la direction de l’Ordre des CPA du Québec.
À la différence des comptables, les CPA ont une longue formation et sont encadrés par un ordre professionnel. Ils sont soumis à un code de déontologie et doivent notamment suivre une formation continue pour se tenir au courant des nouvelles règles fiscales. Vous pouvez également porter plainte au syndic de l’Ordre des CPA si vous jugez que votre CPA a manqué à ses obligations ou vous a imposé des frais déraisonnables. Un recours que vous n’avez pas avec un comptable qui n’est pas CPA.
Logiciel d’impôt : pour les situations simples et les connaisseurs
Faciles à utiliser et abordables — généralement quelques dizaines de dollars par déclaration —, les logiciels d’impôt sont une option intéressante si votre situation fiscale est relativement simple et que vous savez répondre adéquatement au questionnaire qu’on vous soumettra. Vous pouvez vous tourner vers ces options gratuites ou vers ces logiciels testés par Protégez-Vous.
« Le problème avec le logiciel d’impôt, c’est que les gens ne lisent pas forcément tout et cochent certaines cases en ne sachant pas ce que ça implique, remarque Bora Som. On peut aller trop vite et se tromper, ou oublier certaines choses. »
Un contribuable peut par exemple vouloir déduire des frais médicaux et inclure à tort des dépenses qui ne sont pas admissibles à un crédit d’impôt (comme les frais liés à de la chirurgie esthétique). Dans le doute, référez-vous aux guides fournis par les autorités fiscales — y compris celui-ci sur les frais médicaux. Certains logiciels vous donnent également accès au soutien d’un expert (généralement un comptable ou un préparateur d’impôts d’expérience) pour de 10 à 20 dollars supplémentaires par déclaration (parfois plus, selon la complexité de votre dossier). Cet expert pourra répondre à vos questions et réviser votre déclaration pour vous aider à ne rien manquer.
Au-delà de votre situation fiscale, il est aussi important d’être à l’aise. Un contribuable célibataire et locataire ayant un seul revenu de salaire — l’un des profils les plus simples qu’on puisse trouver — pourrait par exemple juger que la préparation de sa déclaration de revenus représente une montagne, tandis qu’un travailleur autonome — une situation plus complexe — pourrait considérer cette tâche comme un jeu d’enfant.
Comme avec votre salle de bains à rénover, si l’idée de faire vos impôts vous-même vous empêche de dormir la nuit, mieux vaut vous tourner vers un professionnel.
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