C’est l’heure du quiz ! Si un feu détruit le bâtiment où vous louez un appartement, réduisant en cendres tout ce que vous possédez, qui remboursera vos pertes ?
Si vous vous endormez dans le bain avec l’eau qui coule, déborde, puis cause des dommages aux deux étages en dessous, qui réglera la facture ?
Si votre ami se casse le cou en glissant dans vos escaliers glacés, devient paraplégique, ne peut plus travailler et vous réclame des dommages de 1,5 million de dollars devant les tribunaux, qui paiera ?
La réponse à toutes ces questions est la même : vous. À moins que vous ne possédiez une assurance habitation.
Contrairement à ce que son nom peut laisser entendre, l’assurance habitation protège beaucoup plus qu’une résidence. Elle couvre vos biens — parfois même quand ils sont à l’extérieur de chez vous, comme un vélo ou un canot qui se fait voler lors d’une excursion. Elle inclut aussi un volet « responsabilité civile », qui couvre les dommages que vous pourriez causer à autrui. Et ce, y compris quand vous êtes en voyage à l’étranger. On est loin de « l’habitation ».
Hélas, ce type de protection est parfois négligé par les locataires, dont certains croient à tort que leurs biens sont couverts par l’assurance du propriétaire de l’immeuble, observe Line Crevier, responsable du centre d’information au Bureau d’assurance du Canada. « L’assurance protège ce qui appartient à la personne assurée », dit-elle. Est-ce que votre cinéma maison est à votre propriétaire ? Non. Alors ne comptez pas sur ses assurances pour vous le rembourser s’il flotte au milieu d’un refoulement d’égout.
Pire, si c’est vous qui êtes responsable des dégâts causés au bâtiment ou aux biens du propriétaire (parce que votre bain a débordé, par exemple), son assureur risque de se tourner vers vous pour récupérer la valeur des travaux qu’il a dû rembourser. Votre proprio pourrait même exiger que vous remboursiez la franchise qu’il a dû payer à son assureur ! Mais si vous avez une assurance habitation, c’est votre assureur qui réglera la note à votre place.
Tout racheter
Une autre erreur fréquente des locataires consiste à croire que leurs biens n’ont pas beaucoup de valeur parce qu’ils leur ont été donnés ou parce qu’ils sont usagés, et qu’il n’est donc pas nécessaire de prendre une couverture élevée. Or, ce que les assurances remboursent généralement — il y a des exceptions —, c’est la valeur d’un bien neuf équivalent à celui que vous avez perdu, souligne Line Crevier, du Bureau d’assurance du Canada.
« Les gens ne le réalisent pas, mais quand on doit racheter tout ce qu’on possède, même les petits morceaux, la facture monte vite ! » renchérit Jannick Desforges, avocate à la Chambre de l’assurance de dommages, l’organisme d’autorégulation qui encadre le travail des professionnels du secteur. Si vous avez une assurance de 50 000 dollars et que vous constatez, après un sinistre, que la valeur à neuf de vos biens atteignait en réalité 100 000 dollars, vous n’aurez que la moitié de cette somme pour vous rééquiper. Il faudra faire des choix difficiles.
Vous trouvez ça exagéré, 100 000 dollars, pour le contenu d’un logement ? Prenez un instant pour penser aux électros, aux meubles et aux objets que renferme votre maison, et imaginez devoir racheter chacun d’eux. Chaque pot de crème dans la pharmacie, chaque ustensile dans les tiroirs, chaque vêtement — été et hiver — dans les garde-robes, chaque jouet de vos enfants, chaque livre. Ce chiffre risque soudain de vous sembler réaliste…
La méthode la plus rigoureuse pour déterminer la somme dont vous avez besoin consiste à faire un inventaire de vos biens. Vous notez la valeur à neuf de chaque objet que vous possédez, puis vous demandez le montant d’argent nécessaire pour tous les couvrir — mais je vous propose une autre méthode pour faire une estimation en quelques minutes seulement.
Les bonnes protections
L’assurance habitation inclut des protections de base, dont les dommages à vos biens dus au feu, au vol, au vandalisme ou au vent. Vous devez ensuite vous demander si vous souhaitez ajouter des protections supplémentaires. Ce sont, dans le jargon, des avenants.
Ceux à ne pas négliger concernent les dégâts d’eau. Il s’agit, explique Line Crevier, de la principale cause de réclamation au Québec. Les fuites dues à la plomberie sont incluses dans la protection de base, mais il y a un avenant pour les refoulements d’égout, un avenant pour les inondations, et un autre pour les infiltrations dues à la pluie ou à la neige. Pensez-y à deux fois avant de les décliner — l’eau, ça peut monter haut !
Un autre endroit où il vaut mieux ne pas faire de coupe est la responsabilité civile. Le montant de base est souvent de deux millions de dollars. Cela peut sembler beaucoup, et certaines personnes pourraient vouloir le diminuer à un million de dollars pour réduire leur prime d’assurance. Mais avant que vous cédiez à la tentation, je vous invite à refaire le quiz ci-dessus. Une catastrophe est si vite arrivée !
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