[Bonne nouvelle : les taux d’intérêt offerts sur l’épargne ont beaucoup augmenté depuis la publication de cet article. Pour connaître les taux en vigueur, consultez les liens intégrés dans le texte.]
Les planificateurs financiers le répètent ad nauseam : vous devez avoir assez d’épargne pour couvrir de trois à six mois de vie afin de parer aux aléas, justement, de ladite vie.
Sauf que constituer un fonds d’urgence est la chose la moins excitante qui soit. Vous devez faire l’effort d’accumuler des milliers de dollars avec pour seule récompense le fait de savoir que l’argent ne sera pas source de stress si vous tombez dans une cage d’ascenseur. Côté rêve, on repassera.
Pire, comme cet argent doit demeurer à l’abri des fluctuations des marchés financiers, au cas où « l’urgence » surviendrait en plein krach boursier, vous n’avez même pas la satisfaction de voir ce pactole fructifier. Vous devez idéalement vous limiter à des produits financiers sans risque et accessibles en tout temps sans pénalité, tels des comptes d’épargne à intérêt dit « élevé ».
Dans les grandes institutions financières, « élevé » se traduit généralement par « pas grand-chose ». En ce moment, HSBC propose ainsi un taux de 0,05 %, Desjardins et CIBC sont à 0,2 %, et vous trouverez des offres entre ces deux extrêmes dans les autres banques traditionnelles. Pas besoin d’être un champion des mathématiques pour comprendre que vous ne recevrez que des pinottes sur votre argent durement épargné.
Mais si vous êtes prêt à sortir des sentiers battus, vous pouvez dénicher beaucoup mieux. Genre 26 fois mieux.
Au moment d’écrire ces lignes, Peoples Bank offre ainsi des intérêts de 1,3 %, Motusbank propose 1 % et Banque Alterna, 0,9 %. Non, ce ne sont pas des taux promotionnels qui fondent à presque rien au bout de quelques semaines — une astuce souvent utilisée par les grandes institutions pour attirer des clients. Et dans les trois cas, ce sont des comptes entièrement gratuits, sans solde minimal, et dont les fonds peuvent être facilement retirés par virements électroniques.
Si ces noms ne vous disent rien, ce n’est pas surprenant. Il s’agit de banques virtuelles, dont les services sont accessibles uniquement en ligne ou par téléphone. Tout y est numérique, ce qui nécessite moins d’employés, de plus petits locaux… et permet d’offrir des taux beaucoup plus concurrentiels.
Sachez aussi que votre épargne y est assurée par la Société d’assurance-dépôts du Canada en cas de faillite de l’institution, jusqu’à concurrence de 100 000 $. Soit exactement la même protection que dans les banques traditionnelles.
Les mauvaises langues rétorqueront que 1,3 % a beau être 26 fois plus élevé que 0,05 %, ça reste bien peu devant l’inflation galopante du moment, qui atteignait 5,7 % en février. Dit autrement, malgré les intérêts, notre épargne perd de la valeur au fil du temps au lieu d’en gagner.
Remarquez toutefois que la Banque du Canada a commencé à relever le taux directeur dans l’espoir de ralentir l’inflation. Il y a déjà eu une hausse de 0,25 % au début du mois de mars, et d’autres pourraient survenir au cours de l’année, si la guerre en Ukraine ne bouscule pas trop les plans.
Or, comme les institutions financières ajustent normalement leurs taux d’intérêt en fonction du taux directeur, cela signifie que les comptes d’épargne à intérêt élevé devraient connaître une légère hausse de taux. Les banques — virtuelles et traditionnelles — s’alignent habituellement assez vite sur le taux directeur.
Parlant de la Banque du Canada, cette dernière offre une calculatrice en ligne bien pratique pour se convaincre de l’importance de choisir le meilleur taux d’intérêt proposé, malgré l’inflation.
Vous y verrez qu’en plaçant 10 000 $ à un taux de 0,05 %, votre pouvoir d’achat ne sera plus que de 8 244,59 $ après 10 ans à cause de l’inflation — en supposant que celle-ci soit de 2 %, comme le vise la banque centrale.
Avec un taux d’intérêt de 1,3 %, ce serait plutôt 9 334,54 $. Une différence de plus de 1 000 $ ! Personnellement, je choisis la seconde option sans hésiter.
N’empêche, quelle que soit la formule que vous privilégierez, ça fait mal de voir la valeur de son épargne fondre lentement. Comme je le disais, se constituer un fonds d’urgence, ce n’est vraiment pas excitant. Mais bon, on ne sait jamais à quel moment une cage d’ascenseur béante nous attend…