Payer pour la livraison accélérée, ça vaut la peine ?

La livraison gratuite est parfois aussi rapide que le service accéléré. Cela dépend d’où vous vivez.

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La prochaine fois que vous passerez à la caisse pour finaliser une commande en ligne, demandez-vous si vous avez vraiment besoin de payer pour une livraison accélérée. Parce que si vous habitez dans un centre urbain, il se pourrait très bien que vous receviez votre colis aussi rapidement avec la livraison gratuite.

Quand j’ai acheté une ceinture et un chandail sur le site de La Baie pour tester une plateforme de remise en argent, j’ai reçu mon colis en trois jours avec la livraison gratuite, alors que j’aurais attendu de deux à six jours en payant pour la livraison accélérée. Mon collègue Marc-André m’a même raconté que Dell lui avait expédié sa commande en 48 heures, soit cinq jours plus tôt que prévu. Là encore, en ne payant pas un rond pour la livraison.

Aucun de nos proches ne travaille à Postes Canada ou Purolator. Pas de traitement de faveur ici. Nous avons simplement bénéficié de notre emplacement géographique (la région de Montréal) et du fonctionnement du système de livraison. Quand vous passez une commande chez un détaillant, celui-ci la prépare et l’expédie selon le mode de livraison que vous avez choisi. L’entreprise de livraison met ensuite les colis du territoire à desservir dans son camion et les distribue selon l’ordre de priorité, explique Jean-Philippe Meloche, professeur et directeur de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, qui s’intéresse notamment au transport urbain.

« Lorsqu’il y a congestion dans la chaîne de livraison, les colis payants sont privilégiés et atteignent leur destination plus rapidement, dit-il. Mais s’il n’y a pas de congestion, il se peut bien que le colis le plus lent voyage au même rythme que le plus rapide. »

Jacques Renaud, professeur et directeur du Centre d’innovation en logistique et chaîne d’approvisionnement durable de l’Université Laval, confirme que c’est la façon de faire habituelle. « Si votre colis est sur une route de livraison et que vous avez payé moins cher, les livreurs ne le retarderont pas. S’ils passent près de chez vous, ils vont vous le livrer. »

Assurance retard

Selon Jean-Philippe Meloche, il faut voir le prix payé pour une livraison accélérée comme une sorte de police d’assurance contre les retards plutôt que comme un service distinct. Par exemple, la « garantie de livraison à temps » de Postes Canada s’applique sur les colis accélérés (un à deux jours ouvrables pour les livraisons locales), mais pas sur les colis envoyés de façon standard (un à trois jours ouvrables) — le service généralement fourni avec la livraison gratuite. Il se peut donc que vous receviez la poupée que vous avez commandée aussi rapidement avec les deux modes de livraison, mais si vous devez absolument l’obtenir à temps pour la fête de votre nièce, mieux vaut payer pour cette « assurance retard ».

« Comme pour la plupart des formes d’assurances, on a souvent l’impression de payer pour rien, affirme le professeur Meloche. Si vous n’avez aucun dommage potentiel associé à une livraison plus lente, vous ne devriez jamais payer pour une livraison plus rapide. »

À géographie variable

Tous les Québécois ne peuvent cependant pas espérer profiter d’une livraison gratuite et rapide, précise Jacques Renaud, de l’Université Laval. « Si votre colis part d’un grand centre et se dirige vers un autre grand centre, comme Québec ou Montréal, c’est possible de recevoir un service très rapide sans avoir à payer un tarif supérieur. Par contre, si l’origine du colis ou l’endroit où vous habitez se trouve dans une région plus éloignée, les chances de bénéficier d’un service aussi rapide sans payer sont plus faibles. »

Par exemple, si vous habitez à Sept-Îles, Val-d’Or ou La Tuque, tout indique que vous devrez être patient. Et même si vous vivez dans la région de Montréal, il faudra sans doute compter plusieurs jours avant que ce pot de confiture hors du commun fasse son chemin de Gaspé jusqu’à vous, en passant par un ou deux centres de distribution en cours de route. « Il se peut qu’une journée s’écoule à chaque étape », explique Julie Paquette, professeure au Département de gestion des opérations et de la logistique de HEC Montréal.

Cela peut valoir la peine de vérifier si un détaillant près de chez vous distribue la précieuse confiture… Peut-être offre-t-il la livraison gratuite, qui sait ?

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