Quand faut-il refuser un rabais ?

Parfois, mieux vaut payer le plein prix plutôt que d’accepter un rabais offert par le commerçant. Voici pourquoi.

Publié dans :
Bien dépenser
Consommation
Images sources : Getty Images ; montage : L’actualité
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«Crack ! » Je n’ai même pas eu besoin de ramasser mon téléphone tombé par terre pour deviner que l’écran était cassé. Le verre était tellement endommagé que de petits éclats se sont logés dans mes doigts quand j’ai voulu l’utiliser. Pas le choix, il fallait le remplacer.

Même si j’ai pris soin de magasiner ma boutique de réparation afin de trouver le meilleur prix, la facture s’est avérée salée : 240 $ ! Devant ma grimace, le commis au comptoir m’a gentiment offert un rabais de 30 $. Je lui ai dit « non, merci ». 

Pourquoi refuser une réduction, moi qui fais tout mon possible pour en dénicher ? Parce que pour l’obtenir, je devais payer comptant et renoncer à ma facture. La « promotion » du vendeur, vous l’aurez compris, consistait à ne pas percevoir les taxes de vente.

Si j’ai décliné son offre, ce n’est pas tant pour des raisons morales que pour des considérations financières : acheter au noir n’est tout simplement pas un rabais. Il s’agit plutôt d’une renonciation aux protections dont vous bénéficiez en tant que consommateur, et ces dernières valent bien plus que les taxes !

Au Québec, plusieurs lois encadrent les transactions avec les commerçants et divers fournisseurs de services, à commencer par la Loi sur la protection du consommateur. Si un achat tourne au vinaigre, vous avez des droits que vous pouvez faire valoir facilement, sans même vous adresser aux tribunaux. Éviter les taxes vient toutefois « compromettre vos recours en cas de problème », avertit le porte-parole de l’Office de la protection du consommateur, Charles Tanguay.

Prenez mon téléphone intelligent. Au Québec, les réparations de ces types d’appareils sont garanties pendant trois mois. Si un problème survient au cours de cette période, le commerçant est tenu d’effectuer la réparation à nouveau, gratuitement. 

Maintenant, imaginez que je débarque sans facture chez le commerçant qui a remplacé mon écran brisé pour me plaindre que la nouvelle pièce est défectueuse après deux mois. Bonne chance pour le convaincre de refaire le travail à ses frais — je n’ai aucune preuve de la date où la réparation a été faite ! Soudainement, mon « économie » de 30 $ se transforme en une perte de 210 $…

Dans une telle situation, je pourrais malgré tout me tourner vers les petites créances pour tenter d’obtenir réparation. Charles Tanguay souligne toutefois que, dans le passé, « certains juges ont accueilli avec très peu de sympathie des demandeurs qui avaient une réclamation au sujet d’une transaction où les parties avaient éludé les taxes ».

Il faut savoir qu’au Québec, un contrat conclu au noir sera généralement considéré comme non valide. Un juge pourrait malgré tout ordonner la restitution de la somme versée au commerçant par le consommateur, mais n’espérez pas obtenir de compensation pour les dommages.

Prenez l’exemple de cette cause entendue par la Cour du Québec en 2018, où une femme réclamait 84 000 $ en dommages et intérêts à un entrepreneur payé au noir pour des travaux mal effectués. Le tribunal a ordonné à l’entrepreneur de redonner les quelque 20 000 $ reçus pour son travail, mais il a refusé la demande de dommages et intérêts, puisque le contrat était nul. Les garanties prévues à la loi ne s’appliquaient donc pas.

Si vous pensez que la femme s’en est bien tirée, sachez qu’elle avait également dépensé 42 000 $ en matériaux, et que le coût des correctifs pour les travaux bâclés, y compris l’achat des matériaux de remplacement, était estimé à 80 000 $. Bref, si elle a bel et bien effectué toutes les modifications nécessaires, sa tentative d’éviter quelques milliers de dollars en taxes lui aura coûté au-delà de 100 000 $.

Pour économiser, il existe des méthodes beaucoup plus efficaces que de payer au noir. Dans le cas de travaux, l’idéal demeure de demander au moins trois soumissions pour trouver le meilleur prix. Et de profiter des politiques de prix imbattables des quincailleries pour diminuer le coût des matériaux.

Et dans le cas de mon cellulaire abîmé ? J’ai finalement obtenu une réduction de 10 $ en m’abonnant à l’infolettre de l’entreprise de réparation. C’est moins que 30 $, mais c’est un véritable rabais. 

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