S’enrichir en Bourse, une affaire de chance ?

Plutôt une affaire de patience. L’effet du temps et des rendements composés est la combinaison gagnante pour protéger votre capital.

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Fabien Major est planificateur financier et animateur du populaire balado de finances personnelles Le planif. Il est conseiller en gestion de patrimoine depuis 1998.

Bien des gens considèrent que la Bourse est une affaire de hasard. Pourtant, les investisseurs qui y réussissent le mieux à long terme sont ceux qui ne l’utilisent pas comme un casino, mais plutôt… comme une mijoteuse. Le mythe selon lequel l’investissement boursier offre autant de probabilités de pertes que de gains est tenace, mais ne résiste pas à l’épreuve des faits : sur une période d’un an, un investissement diversifié en actions américaines (données du S&P 500) procure des rendements positifs pendant un peu moins de 9 mois sur 12, soit 73 % du temps. Les séquences de trois ans sont positives 83 % du temps et celles de cinq ans, 87 % du temps.

À très long terme, comme 10 ans et plus, l’effet bénéfique du temps et des rendements composés forme une espèce d’enveloppe protectrice de votre capital. Par exemple, malgré la pandémie, les secousses boursières importantes, la guerre en Ukraine et le choc inflationniste de 2022, le rendement annualisé des 10 dernières années du S&P 500 est de 8,9 %.  

Le fait de diversifier son portefeuille en y ajoutant des obligations, de la liquidité et des actions canadiennes et internationales diminuera encore plus les risques d’avoir des rendements négatifs. Cette stratégie est la base de nos grands fonds de pension comme la Caisse de dépôt et placement du Québec. Et ça fonctionne plutôt bien. Depuis 1965, le rendement annualisé de notre bas de laine est de 8,6 %. C’est donc la résilience et la patience qui offrent les plus belles récompenses.

Les sept péchés capitaux

Ça a l’air simple comme ça, mais durant la phase d’accumulation de son capital, plusieurs pièges guettent l’investisseur. Voici, selon moi, les principaux :

  1. Suivre aveuglément la foule. En finance, plus la meute est imposante, plus le risque de perte financière augmente. Chaque année, on assiste à des mouvements de foule qui tournent mal, comme les modes passagères des titres de cannabis, meme stocks, GAFAM et cryptoactifs. Investir « parce que d’autres le font » n’est pas une bonne stratégie.
  2. Investir de l’argent emprunté ou dont vous aurez besoin dans moins de trois ans. La volatilité des cours boursiers est bien réelle, notamment avec les titres de croissance. Certaines actions peuvent réaliser des gains de 100 % une année et reculer de 75 % l’année suivante. Plus notre horizon d’investissement est court, moins notre portefeuille devrait contenir d’actions — même des titres de sociétés solidement établies et rentables. Pensons aux banques canadiennes : en un an, soit depuis le sommet de février 2022, l’action de la Banque Scotia a reculé de plus de 20 %.
  3. Changer de stratégie au gré des saisons et des manchettes. L’attitude « girouette » couramment observée chez les spéculateurs à très court terme est une quête sans fin et une source de stress permanent. Il est reconnu que plus on fait de transactions dans son portefeuille, moins il sera rentable. 
  4. Avoir un taux d’endettement élevé. Si vous avez des cartes de crédit utilisées au maximum, un prêt auto et une marge de crédit personnelle… il vaut mieux les rembourser plutôt que d’investir. En finance, on suggère de baser ses premiers choix sur les certitudes ou les attentes de taux les plus élevés. C’est sûr que la dette sur votre carte de crédit vous coûtera 22 % d’intérêt. Rien ne vous garantit qu’un bon placement en Bourse vous donnera un rendement de 22 %.
  5. Gérer son portefeuille soi-même quand on manque d’expérience et de connaissances. En Bourse, il est possible de perdre sa chemise et… ses sous-vêtements. Surtout en improvisant avec les options et autres produits dérivés. 
  6. Confier son argent à des proches ou connaissances non inscrits aux autorités de réglementation. Un portefeuille, c’est comme une brosse à dents, ça ne se prête pas. Même entre membres de la famille. Autant il ne vous viendrait jamais à l’esprit de confier votre dentition à un mécanicien, autant il est plus prudent de confier la supervision de vos placements à des professionnels ayant des assurances responsabilité et des permis de faire des transactions. N’hésitez pas à consulter le registre de l’Autorité des marchés financiers. 
  7. Investir les yeux dans le rétroviseur. Cette erreur est l’une des plus courantes. L’investisseur a tendance à se fier aux gagnants des derniers mois et croit que les gains vont se répéter. Rien n’est plus faux. Les titres boursiers qui réalisent des poussées de croissance extraordinaires s’essoufflent rapidement. Les champions d’une année peuvent devenir les parents pauvres de la suivante. Comme ce fut le cas avec les technos entre 2021 et 2022. 

Le plus important

Après toutes ces mises en garde, retenez le plus important : dotez-vous dès que possible d’un plan financier. Il deviendra ni plus ni moins le GPS de votre patrimoine. En ayant ce document concret sous la main, vous aurez l’esprit tranquille. Vous connaîtrez précisément votre valeur nette, votre taux de rendement cible personnel, l’âge de vos premiers décaissements, la répartition optimale de vos placements, les mécanismes de fractionnement de votre revenu avec votre conjoint, votre taux d’impôt à la retraite, etc., ainsi qu’une foule de détails qui font des merveilles pour calmer l’anxiété occasionnée par les marchés boursiers et l’économie.

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