Je cherche constamment de nouvelles façons de vous aider à faire un peu plus d’argent — c’est la promesse de Dollars et cents, après tout —, et aucune n’est plus attrayante au premier coup d’œil que le concept de revenus passifs.
L’idée consiste à générer des entrées d’argent récurrentes avec un effort minimal. Au dire de ses adeptes, quelques heures de travail par semaine suffiraient pour toucher des centaines, voire des milliers de dollars par mois, selon le sérieux que vous êtes prêt à y mettre.
Trop beau pour être vrai ? Vous n’avez pourtant qu’à taper les mots « revenus passifs » sur Internet et vous trouverez des influenceurs qui proposent leurs recettes pour faire de l’argent à ne rien faire.
Il y en a pour tous les goûts : vente en ligne, revenus d’affiliation, parachutage — mieux connu sous le nom de dropshipping — immobilier, machines distributrices, et bien d’autres encore. Leurs promoteurs assurent que c’est à la portée de tous, qu’il suffit de faire preuve d’un peu d’audace et de suivre leurs conseils pour vous enrichir à votre tour.
Et comme ils ont vraiment, mais vraiment votre réussite à cœur, ils ont mis sur pied une formation sur Internet, une trousse de départ, un guide numérique, une communauté de soutien ou encore un service d’accompagnement en ligne qui vous fournissent toutes les clés pour connaître du succès vous aussi.
Ah oui, j’oubliais : pour y avoir accès, il faut payer. Car le revenu passif de ces influenceurs, c’est vous qui le générez.
Ne soyez pas passif
Il suffit généralement de gratter un peu pour se rendre compte que la réalité est moins rose que ces influenceurs ne le prétendent.
Prenez l’exemple des machines distributrices. Dans bien des cas, l’appareil n’appartient pas au propriétaire ou locataire de l’immeuble où il se trouve, mais à une personne qui a obtenu la permission de l’installer à cet endroit, habituellement en échange d’une partie des revenus.
C’est, selon certains influenceurs, le revenu passif idéal. Les grandes multinationales — Coke, Pepsi, Nestlé, etc. — font la publicité pour les produits, le propriétaire de l’immeuble fournit les clients et la machine s’occupe des ventes. Tout ce qu’il vous reste à faire, c’est passer de temps à autre pour remplir l’appareil et récolter l’argent !
Difficile de ne pas laisser son avidité être tentée par un tel argument de vente ! Mais avant de se lancer dans n’importe quel sideline, surtout s’il nécessite une dépense de milliers de dollars pour de l’équipement, mieux vaut bien s’informer. Pas auprès des influenceurs ni des membres de leur communauté, mais auprès des gens qui sont dans l’industrie.
Quand j’ai appelé un vétéran de la vente de machines distributrices pour lui expliquer que je voulais écrire sur le sujet, il a poussé un soupir de découragement. « Allez-vous dire à tout le monde d’acheter des machines pour faire de l’argent facilement ? C’est pas comme ça que ça marche. »
Avant d’accepter de répondre à mes questions, il a demandé à ne pas être identifié. Je le comprends : il a passé l’essentiel de la conversation qui a suivi à médire sur le secteur où il travaille. Il tenait toutefois à parler, car il reçoit de plus en plus d’appels de monsieur ou madame Tout-le-Monde qui souhaite investir dans des distributrices automatiques — ce qu’il déconseille chaque fois.
À ses yeux, acheter une machine usagée sur Kijiji ou Marketplace est risqué. Elle pourrait se mettre à mal fonctionner, ce qui coûterait cher en réparations. De plus, si elle n’est pas déjà installée quelque part, il faut effectuer des démarches pour convaincre un gestionnaire de l’accueillir dans son immeuble, « et la plupart des gens n’ont pas la capacité de faire ça ».
La tâche est d’autant plus complexe que de plus en plus d’entreprises préfèrent posséder elles-mêmes les distributrices automatiques qui se trouvent dans leurs locaux afin de pouvoir offrir des produits à moindre coût à leurs employés. « Leur objectif n’est pas de faire du profit avec la machine, alors elles peuvent vendre les tablettes de chocolat 1 $ plutôt que 2,50 $. »
Certaines personnes sur Kijiji et Marketplace proposent aussi des « routes », c’est-à-dire des machines installées dans des bâtiments, lesquelles génèrent donc déjà des revenus. Mais mieux vaut ne pas trop se fier aux chiffres que font miroiter les vendeurs, qui sont difficiles à vérifier. « J’ai vu beaucoup d’histoires finir en queue de poisson », dit le vétéran.
Oui, il est possible de faire de l’argent dans cette industrie — lui-même en fait. Mais il faudra y mettre du temps et des efforts. Pour ce qui est de l’argent passif, on repassera.
Mythe ou réalité ?
L’argent passif existe. Il peut prendre la forme d’intérêts composés et de dividendes sur un portefeuille d’investissement, de redevances publicitaires sur les articles d’un site Web, ou de droits d’auteur, entre autres.
Mais arriver à l’étape « passive », dans les exemples précédents, demande d’avoir trimé dur ! Il faut avoir économisé et investi son argent pendant des années, avoir rédigé des milliers d’articles ou billets de blogue, ou avoir composé des chansons populaires qui jouent régulièrement à la radio.
Même les influenceurs qui génèrent des revenus passifs en promouvant leurs astuces pour faire de l’argent facilement se fendent en quatre pour vous convaincre d’acheter leurs produits et formations.
Si, vraiment, vous voulez vous enrichir, ne soyez pas dupe : travaillez pour vous-même plutôt que pour ces vendeurs de rêve.
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