Emprunter des objets est, je l’ai déjà dit, une façon à la fois pratique et écologique d’économiser. À quoi bon perdre son temps et son argent en allant au magasin pour acheter un sécateur quand plusieurs accumulent la poussière dans des cabanons près de chez vous ? Cette astuce a toutefois un gros défaut : c’est un peu gênant.
Même dans ma ruelle tissée serrée, avec des voisins que je considère comme des amis, je me sens toujours un brin mal à l’aise de demander si je peux encore emprunter le poêle à raclette de Louis, l’aspirateur d’atelier de Valérie ou la scie à onglets de Juliane. D’où l’intérêt de la nouvelle application Partage Club.
Cette plateforme québécoise, offerte sur les téléphones Apple, ainsi qu’en version bêta sur les appareils Android, a été créée spécialement pour faciliter le partage gratuit entre membres. Fini le malaise : les gens qui y affichent leurs objets veulent les prêter et n’attendent absolument rien en retour, si ce n’est un merci.
Si les échanges sont sans frais, l’application, elle, nécessite un abonnement de 60 dollars par année. Vous avez cependant droit à trois mois d’essai sans frais avant de devoir sortir la carte de crédit, et il n’y a aucune publicité.
Kijiji sans argent
Sur un téléphone, Partage Club ressemble à Kijiji ou à Marketplace, l’argent en moins. Il suffit de lancer une recherche pour un objet, une machine à pâtes, par exemple, afin de voir les offres à proximité de chez vous. Choisissez celle qui vous intéresse, contactez le propriétaire pour convenir des modalités, dont la durée de l’emprunt et le point de rendez-vous, puis passez chercher la machine à pâtes pour vous concocter un succulent souper.



En contrepartie, vous vous engagez à rapporter les objets à la date convenue ainsi qu’à les réparer ou à les remplacer à vos frais en cas de bris. Les membres qui ne respectent pas ce code d’honneur sont expulsés de la plateforme.
La jeune application compte déjà plus de 2 000 utilisateurs aux quatre coins du Québec, et quelque 1 500 objets à emprunter. Si jamais vous n’y trouvez pas ce dont vous avez besoin, n’abandonnez pas. « Il y a une énorme offre invisible », explique la fondatrice de Partage Club, Fauve Doucet. Il faut comprendre que créer des annonces demande du temps, si bien que les gens n’affichent pas tout ce qu’ils sont prêts à prêter.
Pour voir cette « offre invisible », la solution consiste à publier dans l’application une annonce — un « besoin », dans le jargon de Partage Club — pour l’objet qui vous intéresse. Dans les quartiers où il y a au moins 15 utilisateurs, « 85 % des gens obtiennent des offres en moins de 12 heures », assure Fauve Doucet. Toutefois, pour l’instant, peu de villes à l’exception de Montréal, Québec et Sherbrooke ont une telle densité de membres. Et il est impossible de vérifier, avant de s’inscrire, combien de personnes de notre coin ont déjà fait le saut.
Le réel problème de l’application, pour le moment, est « qu’il y a plus de prêteurs que d’emprunteurs » ! Idéalement, les utilisateurs de Partage Club devraient à la fois prêter des objets et en emprunter, mais si vous avez uniquement envie d’emprunter des choses gratuitement, n’hésitez pas à le faire !
En avoir pour son argent
Avant de payer pour un abonnement annuel à Partage Club, vérifiez si votre ville couvre les frais ou songe à le faire. La Municipalité de Crabtree, dans Lanaudière, en paie la moitié, tandis que Prévost, dans les Laurentides, assume la totalité de la note — seul un certain nombre de ses citoyens peuvent cependant bénéficier de cette offre. Fauve Doucet affirme également avoir des discussions avec plusieurs autres municipalités ainsi que des entreprises, des universités et même une bibliothèque afin d’élargir l’accès à l’application.
Pour ceux et celles qui ne peuvent profiter d’une telle aide financière, l’entrepreneure souligne qu’il suffit souvent d’un seul emprunt pour « entrer dans son argent ». Après tout, bien des produits coûtent plus de 60 dollars à l’achat, voire à la location. Et pour les personnes qui maximisent leur abonnement en empruntant le plus de choses possible, l’économie annuelle peut facilement dépasser 1 000 dollars, assure Fauve Doucet.
Cette somme n’est pas exagérée. Elle ressemble à ce que j’économise moi-même avec le réseau d’emprunt de mon voisinage — le p’tit malaise en moins.
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