Vieillir chez soi

Qui ne souhaite pas vieillir dans le confort de sa maison ? Adapter son domicile pour ses vieux os n’est toutefois pas gratuit. Heureusement, de l’aide existe pour y parvenir à petit prix.

Publié dans :
Bien dépenser
Famille et couple
Ill : Katy Lemay

Les statistiques mentionnées ci-dessous n’ont pas été mises à jour depuis la publication de l’article, mais les subventions offertes dans le cadre du Programme d’adaptation de domicile étaient toujours valides en date d’août 2022.

Afin de continuer à vivre dans sa maison malgré les nombreux maux dont elle est atteinte, Diane Vachon a fait construire une rampe d’accès extérieure et a fait installer une porte d’entrée électrique, des poignées de porte ergonomiques et des barres d’appui pour faciliter ses déplacements à l’intérieur. Coût total des travaux : 16 000 dollars. Montant déboursé par Diane Vachon ? Pas un sou.

Cette Sherbrookoise, qui souffre entre autres d’insuffisance rénale, de diabète, d’obésité et de fibromyalgie, a profité du Programme d’adaptation de domicile (PAD), un programme public québécois méconnu qui, au cours des 23 dernières années, a aidé plus de 3 000 personnes à rester chez elles plus longtemps. Bref, moins d’hébergement dans les ressources intermédiaires, telles des maisons de chambres, moins d’hospitalisation et des économies de centaines de millions de dollars pour l’État québécois.

Le nombre d’aînés qui auront recours au PAD risque de gonfler au cours des prochaines années. D’ici 2036, environ 50 % des foyers seront dirigés par une personne de plus de 55 ans, estime la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Comme près de 60 % des maisons ont été construites il y a plus de 30 ans – à une époque où les notions d’accessibilité et de maintien à domicile étaient peu répandues – et que les gens âgés sont souvent limités dans leurs activités quotidiennes par un problème de santé, de plus en plus de domiciles devront être adaptés.

Et la facture peut grimper rapidement ! Si des appareils spécialisés et des travaux d’envergure sont nécessaires, la note peut dépasser les 10 000 dollars. Ce serait le cas pour l’installation d’une plateforme élévatrice et l’élargissement des cadres de porte pour un fauteuil roulant, par exemple. « J’ai déjà vu des projets atteindre 40 000 dollars », affirme Sylvain Latendresse, directeur de Réno-Médic, une filiale de Loca-Médic, entreprise montréalaise de location et vente d’équipement de maintien à domicile.

Dans l’entrepôt un brin sens dessus dessous de Loca-Médic, les barres d’appui pour baignoire, qui valent quelques dizaines de dollars, côtoient de complexes systèmes de levier sur rail pour soulever et déplacer les gens dans leur maison, dont l’achat et l’installation tournent autour de 6 000 dollars.

« Dans un cas simple où on sécurise le domicile pour éviter les chutes, fait un peu de menuiserie et installe de l’équipement de base, le coût peut varier de 1 000 à 3 500 dollars », dit Stéphane Myre, PDG de Loca-Médic. Un « équipement de base », ce pourrait être des barres d’appui dans la chambre à coucher et la salle de bains (pour sortir plus facilement du lit ou de la baignoire), un siège de toilette surélevé, une douche-téléphone, des robinets et des poignées en bec de cane (plus faciles à manipuler pour les gens qui souffrent d’arthrite) et une main courante dans les corridors.

Mais avant même de penser à effectuer des travaux, plusieurs petits gestes peuvent être faits sans qu’il en coûte une fortune, surtout pour minimiser les risques de chute, principale cause de blessures chez les personnes âgées. « On peut par exemple enlever les tapis et libérer les aires de circulation en changeant la position des meubles », conseille Denise Bérard, ergothérapeute et coordonnatrice professionnelle en réadaptation au CLSC Lamater, à Terrebonne.

Lorsque des travaux plus importants se révèlent nécessaires, comme cela a été le cas pour Diane Vachon, le Programme d’adaptation de domicile peut donner un bon coup de main. Ce dernier s’adresse aux personnes qui ont une déficience physique permanente nécessitant une modification du logement. « Ça peut être des problèmes graves, comme la paraplégie ou la sclérose en plaques, ou des limitations, tel un manque d’équilibre ou de force », explique Maxime Gagnon, ergothérapeute à la clinique Iso-Santé Réadaptation, à Sherbrooke.

L’aide financière maximale offerte par ce service peu connu de la Société d’habitation du Québec (SHQ) est fixée à 16 000 dollars. Mais elle peut grimper jusqu’à 33 000 dollars pour les personnes à faible revenu qui doivent installer des appareils spécialisés, tel un monte-escalier. La subvention ne sert toutefois que pour les modifications apportées au bâtiment. « On ne pourrait pas l’utiliser pour acheter un fauteuil autosouleveur [qui s’incline vers l’avant pour aider les gens à se lever] », précise Sylvain Latendresse, de Réno-Médic.

Le PAD est géré en partenariat avec les centres de santé et de services sociaux, les Villes et les municipalités régionales de comté (MRC). Une fois la personne inscrite – on peut se procurer les formulaires dans les CLSC et à la SHQ -, un ergothérapeute du CLSC procède à l’évaluation, puis propose diverses solutions. Un employé de la Ville ou de la MRC prépare ensuite un devis afin d’obtenir des soumissions. Lorsque les travaux terminés sont validés par l’ergothérapeute, l’argent est versé, selon un barème établi par la SHQ. Le programme peut être répété tous les cinq ans, suivant l’évolution de l’état de santé du bénéficiaire.

Le PAD couvre l’utilisation de matériaux de qualité standard. Seul l’aspect pratique compte, et l’esthétisme n’est pas considéré. S’il faut installer des armoires de cuisine plus basses qui soient accessibles en fauteuil roulant, le programme paiera pour de la mélamine. « Si vous choisissez du noyer, vous paierez le surplus », souligne Maxime Gagnon.

Vous souhaitez bénéficier du PAD ? Armez-vous de patience, car il n’y a pas assez d’ergothérapeutes dans le système de santé public pour répondre à la demande. « Les périodes d’attente varient d’une région à l’autre, mais en ce moment, la moyenne est de 27 mois », indique John MacKay, PDG de la SHQ. Diane Vachon a patienté quatre ans entre son inscription au programme et le début des travaux, à l’automne 2012.

On peut accélérer les choses en faisant affaire avec un ergothérapeute en pratique privée pour l’évaluation des besoins et l’attestation finale indiquant que les travaux ont été effectués. Il faut toutefois être prêt à délier les cordons de sa bourse : les services de l’ergothérapeute pourront coûter de 500 à 2 000 dollars… non remboursables par le PAD.

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