
C’est peut-être le secteur le plus résilient de l’économie et l’un de ceux qui connaissent la plus forte croissance, mais il fait rarement les manchettes. Les statistiques rendues publiques mardi matin par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) sont pourtant impressionnantes.
Nous sommes plus de 1,138 milliard de personnes à avoir passé au moins une nuit à l’extérieur de notre pays en 2014. C’est 51 millions de personnes de plus qu’en 2013 — une augmentation de 4,7 % —, et la cinquième année de hausse consécutive. Quelque 109 millions de Chinois (!) ont séjourné au moins une nuit à l’étranger l’an dernier, et les touristes de ce pays sont parmi les plus dépensiers quand ils voyagent à l’étranger.
Pour certains pays comme la Grèce, l’industrie touristique est la seule qui fonctionne à plein régime. L’OMT calcule qu’il y a eu 598 millions de touristes en Europe l’an dernier, ce qui en fait, dit-elle, «une activité économique étonnamment forte et résiliente, qui génère des milliards de recettes et des millions d’emplois».
Il y aurait eu une hausse de 7 % du nombre de touristes en Amérique, mais nous ne connaissons pas encore les données canadiennes et québécoises. J’ai donc demandé à mon ami Paul Arsenault, professeur en gestion des entreprises et des organisations touristiques de l’École des sciences de la gestion (ESG) UQAM et ancien titulaire de Chaire de tourisme Transat, de partager avec moi certaines de ses intuitions sur la situation de cette industrie chez nous.
Il serait d’abord surpris que le Canada et le Québec fassent aussi bien que l’ensemble de notre continent. Il soupçonne que les destinations soleil (comme le Mexique, les Antilles et le sud des États-Unis) accapareront la part du lion.
«Au niveau international, le Canada est extrêmement bien perçu et fait partie des destinations rêvées. Une étude récente réalisée en Chine montre bien la force de la marque “Canada”. Si nous sommes très forts en ce qui a trait à la perception, nous le sommes beaucoup moins du côté de la concrétisation. Quand vient prendre le temps de décider dans quel pays les touristes étrangers veulent se rendre, nous ne figurons plus dans la liste des pays incontournables qu’il faut visiter à tout prix, et dès cette année.»
Nous avons aussi le bonheur et le malheur de n’avoir qu’une seule frontière avec un seul pays voisin. Inutile de dire que les dernières années ont été difficiles pour les Américains, qui ont restreint leurs voyages au Canada. La situation devrait cependant s’améliorer avec la reprise économique, des consommateurs plus confiants et un dollar américain beaucoup plus fort que la devise canadienne.
Le Québec est la troisième province au pays en ce qui a trait à la présence de touristes internationaux. Nous en attirons trois fois moins que l’Ontario et deux fois moins que la Colombie-Britannique. Par contre, Paul Arsenault me fait remarquer que nous faisons très bien pour ce qui est des congrès d’affaires, à Québec et surtout à Montréal.
Le Palais des congrès de Montréal est la première destination en Amérique pour la tenue de congrès internationaux. D’avril 2014 à la fin de mars 2015, il aura accueilli 48 congrès, générant 180 000 nuitées et des retombées de 247 millions de dollars.
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À propos de Pierre Duhamel
Journaliste depuis plus de 30 ans, Pierre Duhamel observe de près et commente l’actualité économique depuis 1986. Il a été rédacteur en chef ou éditeur de plusieurs publications, dont des magazines (Commerce, Affaires Plus, Montréal Centre-Ville) et des journaux spécialisés (Finance & Investissement, Investment Executive). Conférencier recherché, Pierre Duhamel a aussi commenté l’actualité économique sur les ondes de la chaîne Argent, de LCN et de TVA. On peut le trouver sur Facebook et Twitter : @duhamelp.