Aide aux entreprises : oui, mais…

De plus en plus de leaders d’affaires québécois dénoncent la concurrence déloyale créée par les crédits d’impôt aux entreprises étrangères. Le gouvernement y voit plutôt une mesure essentielle pour assurer la compétitivité du Québec. Un nouveau sondage montre que la population, elle, pense que la coupe est pleine.

Éric Boyko en a marre de se battre à armes inégales pour attirer des travailleurs spécialisés en technologies numériques dans son entreprise, qui compte 350 employés dans la métropole. Depuis six mois, le patron du fournisseur de musique en ligne Stingray est en croisade contre les généreux crédits d’impôt de l’État, qui couvrent jusqu’à 37,5 % de certains salaires. « On peut-tu arrêter de donner ces crédits d’impôt à des entreprises étrangères dans le monde du multimédia ? C’est de la concurrence déloyale ! »

Ce programme d’aide, mis en place en 1996 pour développer ce secteur économique, complique le recrutement d’informaticiens et de travailleurs en technologies de l’information dans les entreprises qui ne sont pas admissibles à ce crédit d’impôt remboursable, comme Stingray, affirme Éric Boyko.

L’industrie du jeu vidéo, avec les studios Ubisoft et Warner Bros. en tête, n’est pas la seule à bénéficier de l’aide publique. Éric Boyko n’a qu’à regarder la porte voisine pour s’énerver contre la concurrence qui lui « vole de bons employés ». La banque d’affaires américaine Morgan Stanley, qui emploie 800 spécialistes à son centre technologique de Montréal, est voisine du siège social de Stingray, dans le Vieux-Montréal. Et elle profite des crédits d’impôt. « Morgan Stanley fait cinq milliards de profit. Pourquoi a-t-elle  besoin d’aide ? demande-t-il. On n’est plus dans les années 1990, il y a une rareté de main-d’œuvre maintenant. Toutes les entreprises au Québec ont besoin de ces talents, c’est notre matière première. »

Le PDG de Stingray, qui a des bureaux dans 11 pays, a lancé une opération charme auprès des partis politiques, qui préparent leurs plateformes électorales en vue des élections d’octobre 2018. Il souhaite que ce crédit d’impôt soit aboli ou alors modifié pour qu’il profite à toutes les industries numériques. « L’État ne doit pas choisir les gagnants et les perdants. Je veux simplement que ce soit équitable », dit-il, ajoutant avoir été écouté attentivement par les politiciens.

La bataille d’Éric Boyko est appuyée par d’autres patrons du Québec inc., comme Yvon Charest, de l’Industrielle Alliance, et Louis Têtu, de la société technologique Coveo. En revanche, de gros acteurs de l’industrie du jeu vidéo, l’organisme Montréal International et cinq anciens ministres des Finances du Québec — Monique Jérôme-Forget, Raymond Bachand, Michel Audet, Bernard Landry et Pauline Marois — ont mis en garde les partis politiques : l’aide publique est encore nécessaire dans ce secteur où la concurrence internationale est vive.

Un nouveau sondage CROP commandé par le magazine Gestion, de HEC Montréal — publié dans son numéro de décembre, consacré à la perception de la population envers la gestion des secteurs public et privé —, montre que les politiciens doivent manipuler l’aide aux entreprises avec soin. L’équilibre de l’opinion publique est fragile.

Une mince majorité de Québécois (51 %) estiment que les subventions et les crédits d’impôt aux entreprises sont encore une bonne façon de fonctionner, contre 36 % qui jugent que ce n’est pas justifiable.

« C’est un appui timide », constate le président de CROP, Alain Giguère. S’il y a de beaux succès, comme l’éclosion de l’industrie du jeu vidéo, des épisodes comme l’aide à Bombardier font réfléchir les gens. La sortie d’Éric Boyko ajoute au débat.

« Les Québécois savent qu’ils jouent dans un monde où la concurrence est forte pour attirer les entreprises et les talents, explique Alain Giguère. Comme disait ma mère : “On n’attire pas les mouches avec du vinaigre !” Mais ils le font sans enthousiasme. »

Ainsi, 39 % des Québécois pensent qu’il y a « assez » d’aide publique aux entreprises, et 31 % estiment qu’il y en a trop. C’est donc 70 % des répondants qui affirment que la coupe est pleine. Seulement 14 % des Québécois jugent qu’il n’y a pas assez de financement public pour les entreprises. « C’est un gros “c’est assez comme ça” », dit Alain Giguère.

En 2016, les crédits d’impôt et les subventions aux entreprises ont totalisé près de 3,2 milliards de dollars. Une somme qui a diminué dans les dernières années (voir le tableau).

Dans son rapport remis au gouvernement en février 2016, la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise recommandait une transformation de l’aide étatique aux entreprises. Le groupe de travail, présidé par Luc Godbout, professeur à l’Université de Sherbrooke, souhaitait éliminer, réduire ou modifier plusieurs crédits d’impôt, totalisant 1,1 milliard de dollars par année. Une somme qui servirait à baisser l’impôt des sociétés.

Une réforme qui « profiterait à toutes les entreprises, alors que les crédits d’impôt donnent des bonbons à des secteurs en particulier », explique Luc Godbout. Ce volet du rapport de la Commission n’a pas été retenu par le gouvernement Couillard.

Méthodologie : Sondage CROP-Gestion HEC Montréal mené du 10 au 14 août 2017 par l’intermédiaire du Web auprès d’un échantillon de 1 000 internautes représentatifs de la population.

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Malheureusement nous avons vécu sous des gouvernements bonbons qui soupoudraient les entreprises de subventions durant près de 30 ans. Sous monsieur Charest, un virement vers les prêts sans intérêts sont venus mettre un terme à 80% des subventions, il était grand temps, merci.

Les subventions salariales devraient être comme dans les autres provinces, limité au montant du salaire minimum et non en pourcentage tel que le Québec qui a bien voulu en prendre le contrôle, fait depuis l’ère péquoiste pour mieux gérer les deniers publics semblaient-ils.

En effet les subventions sont un couteau à deux tranchants puisque tous les gouvernements des deux bords de la frontière ne pensent qu’en terme de subventions pour attirer les entreprises et les conserver. Avec Trump, ça doit être un véritable bordel au sud de la frontière.

La fameuse méprise de la langue anglaise du gouvernement péquoise a littéralement aliéné les étudiants durant quatre décennies. Ceux-ci ont beaucoup de difficulté à suivre les curriculum universitaires car plusieurs livres demeurent encore à ce jour, en langue anglaise, surtout au niveau maîtrise et doctorat.

Les enfants des québécois doivent composer avec le racisme contre les anglophone et leur langue, et ce, à leur détriment puisqu’en informatique c’est en anglais que ça se passe et continuera à se passer. Cette réalité est la même prise globalement, les européens doivent faire face à la musique tout comme les québécois mais ceux-ci se fendent en quatre pour apprendre la langue anglaise, et ce, depuis des décennies.

Pendant ce temps, les entreprises en informatique souffrent des décisions émisent depuis novembre 1976 pendant que la langue française n’a jamais été aussi mal parlée et écrite depuis la deuxième guerre.

Les anglophones ne forment pas une race (plutôt un groupe linguistique) donc on ne peut pas parler de racisme envers eux. Choisissez une autre insulte pour exprimer votre mépris envers le Québec et sa majorité de parlant français.

je crois que les subventions aux salaires par la fiscalité dans les entreprises devraient répondre uniquement a des considérations stratégiques ex. Inviter une grande firme internationale à s’établir dans un secteur d’activité porteur , lequel créera en retour d’autres sociétés plus petites en grappe autour de ce leader. On doit trouver un effet structurant dans l’opération. C’est ce qui s’est passé avec Ubisoft et je ne critique pas ce choix, bien au contraire ! Mais, il devrait y avoir aussi une durée et un retrait progressif de cette aide fiscale à l’établissement d’une entreprise. J’imagine que la prolongation de ces avantages correspondent a des critères de réinvestissement de l’entreprise qui bénéficie de ces avantages.

En ce qui concerne la langue anglaise , pour répondre à Monsieur Wentworth, quand j’étudiais en Relations Industrielles dans les années 1970 à l’université de Montréal, au niveau de la Maîtrise, la plupart de nos lectures étaient en langue anglaise, et tout comme mes camarades, je me suis fais un point d’honneur de lire dans cette langue, car les auteurs professeurs étaient les grands bonzes de ce domaine à l’université Cornell et ailleurs aux USA. Aujourd’hui, mes enfants, dont un ingénieur en informatique de Polytechnique, ont appris l’anglais et le parlent couramment, car ils savent que l’on vit au Canada et que cette langue est aussi très utile dans le monde. Les québécois comme tous les peuples des pays développés sont fiers de comprendre et de s’exprimer dans d’autres langues que le Français. La seule chose qui déplaît au Québécois, c’est le manque de respect qu’on leur porte en ignorant leur culture, leur langue et une attitude méprisante qu’on leur accorde de manière gratuite parce qu’ils sont un petit peuple . Oui, mais un petit peuple o combien résilient et ingénieux.

Monsieur Dionne

Je crois que vous n’avez pas vécu les années 70, 80 et 90 lorsque la langue anglaise était méprisée par la majorité de la population québécoise. Il est certe clair que les mentalités ont évoluées depuis mais les statistiques et différents rapports provenant des universités au Québec depuis 70 démontrent sans ambages que le nombre d’échecs furent durant des décennies, le manque de la connaissance de la langue anglaise.

Si vous désirez les liens vers ces études, je me ferai un plaisir de vous les transmettres, ils font partie des archives du Ministère de l’éducation.

Cen ce qui a trait à la méprise des francophones par les anglophones, elle fut largement amplifier par les péquoistes qui voulaient gagner « le vote émotionnel » des québécois en ramenant la piètre histoire des années de l’après guerre où les familles francophones comptaient une moyenne de 5.3 enfants (moyenne 1948-1963) et ne pouvaient payer les études primaires (avant que le Premier ministre Lesage) fit un ménage. Seul les trois premières années du primaire était soi disant gratuite.

Au surplus, la méprise des anglophones par les francophone faisait aussi partie de la mentalité. Vous devez vous souvenir du RIN de Bourgeault qui crachait sur les anglophones durant les années 60 et 70, suivis par monsieur Lévesques qui avant et au début (deux premiers mandats) de sa prise du pouvoir ne machait pas ses mots. Ce n’est que lors du premier référendum qu’il changea sa diatribe pour un discours plus respectueux.

Vous devriez lire son auto-biographie pour en savoir d’avantage, vous verrez que le « personnage politique » ne correspondait pas à la personne qu’il était. C’est un homme que j’ai toujours admiré malgré les disparités avec certaines des politiques mise en place par son Conseil des ministres.

Durant ce temps les anglophone comptaient une moyenne de 2.4 enfants alors que les études primaires étaient entièrement gratuite jusqu’en 7e année.

Ce n’était pas par mépris que les francophones ne pouvaient accéder à des postes supérieurs mais par manque de scolarité. Les anglophones n’ont heureusement jamais été sous l’emprise du clergé Catholique dont les francophones ont dû subir les pires abus.

Je suis né à Ottawa et avait des amis anglophones et francophones sans distiction et pu m’apperçevoir que mes amis francophones cessaient leurs études durant le secondaire. Ce n’est que lorsque le Premier ministre Bourrassa institua une loi sur l’éducation qui obligeait tous les enfants à terminer leurs études secondaires que le portrait désastreux des années précédentes a radicalement changé.