
Le groupe français de techno Daft Punk a raflé quatre prix (et un cinquième pour son ingénieur du son), hier, aux Grammys Awards, la grande messe de la musique populaire américaine. Son succès Get Lucky a été l’événement musical de l’été 2013 et le tube a même suscité des articles dans Bloomberg BusinessWeek et le Harvard Business Review.
Pourquoi s’intéresser à une chanson populaire dans un blogue économie et affaires? Parce que son succès et celui de ses auteurs sont riches d’enseignements sur la façon dont on fait des affaires au XXIe siècle.
Première leçon : la durée
Le duo Daft Punk existe depuis 21 ans et il a enregistré son premier succès en 1996. Le groupe a connu rapidement le succès, mais il n’a jamais été aussi populaire que maintenant. Un projet qui s’inscrit dans le temps, et la persévérance est une qualité essentielle. Le dernier long jeu de Daft Punk a nécessité quatre ans de travail, et il a fallu 18 mois pour composer et enregistrer Get Lucky. Les efforts n’ont pas été vains.
Deuxième leçon : l’image
Depuis 2001, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem Christo ne dévoilent plus leurs visages en public et n’apparaissent que casqués et déguisés en véritables robots. Ils se sont inventés des personnages qui illustrent d’emblée leur style de musique. Au début, on trouvait cet accoutrement un peu loufoque, mais au fil des années, l’image s’est cristallisée dans la tête des gens… et cela fait maintenant partie de la marque Daft Punk.
On les voyait, hier, aux Grammys, dans leur uniforme de robots «soirée de gala», accompagnés du rappeur américain Pharrell Williams, du guitariste britannique Nile Rodgers et du grand Stevie Wonder.
Troisième leçon : s’entourer des meilleurs
Pour Random Access Memories, leur dernier album primé hier au Grammys, ils ont fait appel à de nombreux musiciens et techniciens talentueux, expérimentés, et qui ont accompagné de grandes vedettes de la musique populaire comme Madonna, Earth Wind and Fire, Eric Clapton, Prince et David Bowie. Sarcastiques, des blogueurs du New York Times ont écrit qu’il suffisait de dépenser quelques millions de dollars et d’embaucher une grande partie des votants pour remporter les honneurs.
Si une telle recette miracle existait, cela se saurait. Retenons néanmoins que la production est impeccable et que Get Lucky est un irrésistible «ver d’oreille», une mélodie au rythme diabolique et au «riff» de guitare qui colle à la tête. On peut obtenir un tel résultat avec du talent, du travail et de l’argent.
Quatrième leçon : la séduction comme technique de marketing
Habituellement, on sort l’artillerie lourde pour lancer un album susceptible de bien vendre. L’artiste fait une tournée des médias et on fait jouer un extrait «en primeur» dans certains médias.
Rien de tout ça avec le dernier album de Daft Punk. Le groupe voulait plutôt attiser la curiosité du public et susciter un engouement avec les premières mesures de Get Lucky.
L’opération a commencé le 2 mars 2013 avec une toute petite annonce dans l’émission Saturday Night Live (SNL). On entend le début d’un air alors qu’apparaît le masque emblématique du groupe. Une deuxième annonce de 15 secondes sera diffusée trois semaines plus tard dans la même émission.
Ces publicités commencent à enflammer le Web. Daft Punk aurait donc un nouvel album. Quel est le nom de cette nouvelle chanson ? Daft Punk fait-il revivre la musique disco ?
Le 14 avril, troisième annonce à SNL (ce furent les seules). On prend la mesure de la nouvelle chanson et on constate qu’un rappeur extrêmement populaire (Williams) et un guitariste de légende (Rodgers), qui a donné au groupe Chic des années 1980 sa signature musicale, accompagnent les deux «robots». À ce jour, la publicité de 60 secondes a été visionnée 7,6 millions de fois.
On a créé un engouement pour la chanson et pour l’album avant même sa parution, et sans même l’avoir diffusé au complet nulle part au monde, avant le 15 avril.
Le 19 avril, Get Lucky est accessible dans iTunes et les autres sites musicaux. Le succès est immédiat et foudroyant. La vidéo «officielle» est en ligne depuis le 21 avril. Dès le mois d’août, elle aura été visionnée plus de 100 millions de fois sur Spotify et YouTube.
Cinquième leçon : encourager les imitations
Get Lucky est une chanson pleine d’optimisme avec un rythme très accrocheur. On devine rapidement pourquoi cet air a décroché la première place des palmarès dans 32 pays et pourquoi le groupe a vendu, jusqu’à maintenant, plus de 7,3 millions d’exemplaires (ou de téléchargements) et plus de 3 millions d’albums.
Daft Punk aurait pu se contenter de ce formidable succès, mais il a compris que l’imitation et les reprises de ce tube par d’autres musiciens participaient à son éclatant succès. Si l’idée est de propager une mélodie virale, c’est réussi !
On trouve sur YouTube des dizaines, peut-être des centaines de reprises de la chanson, même si elle est récente. Daft Punk en a fait lui-même une version piano. Il existe aussi une version violon, et ceux qui préfèrent le violoncelle ou le saxophone ne sont pas en reste. On trouve parmi ces reprises une parodie du président Barack Obama ou une étonnante prestation du chœur de la police russe, qui a tout de même obtenu 3,8 millions de visionnements.
Plusieurs artistes archiconnus, comme le crooner canadien Michael Bublé et le groupe U2, se la sont appropriée. Plus que la chanson, le groupe tire aussi profit des droits d’auteur.
Imaginez M. Duhamel, les Grammys ont été inventés par un gars de Valleyfield!
Maintenant est-ce qu’ils vont déclarer tous ces revenus en France? Parce que si c’est le cas il ne leur restera pas grans chose…
Ou alors il vont quitter le pays pour éviter de se faire voler par l’état français, comme les autres qui ont du succès…
C’est vrai PBRASSEUR, après tout, il ne doivent rien à la France, qui les a nourri, éduqué, soigné, protégé et qui a créé les infrastructures nécessaires à leur travail et leur réussite…. Comme tous les grands marchands d’ailleurs, envers leur propre société. Ne devrions nous pas tous devenir de simples touristes mondiaux, butinants nos achats sans aucune responsabilité (quel vilain mot…) collective.
Maintenant, pour plus » RENTABLE » il devrait sûrement s’installer dans un état voyou, un paradis fiscal ou un pays très pauvre qui ne demande pas beaucoup d’impôt, peut-être une petite dictature pas trop exigeante…
Après tout, ce qui importe vraiment dans la vie c’est la célébrité et les moyens de la maintenir… n’est-ce pas???
@ pbrasseur,
D’après les informations que j’ai glanées, le duo réside au moins la moitié de son temps à Paris et en dehors des tournées, le reste du temps à Los Angeles. Cela laisse supposer qu’ils ont leur principal foyer fiscal en France et donc qu’ils payent leurs taxes comme tout le monde.
Globalement, l’ensemble des prélèvements pour les classes moyennes en France est moindre que ceux qui existent ici au Québec notamment. D’après le ministère des finances de France, les riches qui déplacent leur foyer fiscal à l’étranger (exil fiscal) ne seraient qu’une proportion marginale de l’ensemble des contribuables, la plupart s’expatrient pour d’autres raisons. À titre d’exemple, 400 000 français environ vivent en Belgique, seulement 60 000 s’y sont expatriées pour des raisons d’ordre fiscal.
Ceux qui s’expatrient pour économiser sur l’impôt choisissent principalement la Suisse, la Belgique et la Thaïlande, ce sont usuellement des contribuables qui ont plus de 40 ans et qui disposent de revenus fonciers et mobiliers importants.
Cela dit, certains humoristes comme Dieudonné préfèrent ne pas payer leurs impôts (il doit actuellement 900 000 Euros au fisc), procéder à des transactions douteuses notamment vers le Cameroun et acheter des biens immobiliers qui ne sont officiellement pas à son nom. Lorsque d’autres comme Brad Pitt et Angelina Jolie choisissent la France pour y vivre et pour y élever leurs enfants.
Ce que je ne comprends pas de cet article, c’est que « Get Lucky » est une reprise, et non une composition original. Alors qu’ils aient passé 18 mois à la produire…