De petits prêts qui rapportent gros à la société

Microcrédit Montréal ne fait pas que prêter de l’argent aux exclus des réseaux de financement traditionnels, il change des vies. Au grand bénéfice de la société. 

Illustration : Mélanie Lambrick

L’histoire qui suit est celle d’un lauréat de la troisième édition des Prix de l’impact social, qui récompensent des entreprises et des organismes québécois qui travaillent de façon méthodique à changer le monde. L’organisme Microcrédit Montréal a reçu le prix dans la catégorie Égalité. Pour lire tous les récits inspirants, c’est ici.

Bien difficile de contracter un emprunt à un taux raisonnable pour réaliser un projet quand on n’a ni antécédents en matière de crédit ni actif à présenter aux banques en guise de garantie. Eh bien, financer les rêves réalisables, c’est ce que fait Microcrédit Montréal. « Chacun de nous a du potentiel, mais trop d’entre nous n’ont pas les moyens de le déployer », croit Indu Krishnamurthy, directrice générale. C’est pourquoi, par l’entremise de petits prêts aux personnes exclues des réseaux de financement classiques, l’organisme sans but lucratif (OSBL) donne des coups de pouce susceptibles de changer des vies.

Les trois quarts (77 %) des bénéficiaires sont des immigrés. « Sans notre appui financier et notre accompagnement personnalisé, ils pourraient difficilement créer leur petite entreprise ou entamer les démarches nécessaires pour faire reconnaître leur diplôme obtenu à l’étranger », explique la directrice générale, titulaire d’un MBA de HEC Montréal. 

La somme habituellement allouée avoisine les 7 000 dollars ; elle peut grimper jusqu’à 20 000 dollars, selon la nature du projet. Il s’agit de prêts d’honneur, rien ne contraint les bénéficiaires à les rembourser, si ce n’est le sentiment d’être redevable. Le taux d’intérêt varie de 3,45 % à 8,5 %, en fonction du risque. L’organisme communautaire fonctionne grâce à l’appui de fondations, de Desjardins, de subventions des gouvernements fédéral et québécois et de dons individuels.

Selon l’OSBL, 93 % des dettes sont honorées. « C’est leur façon de dire merci, d’exprimer leur satisfaction de ne plus se sentir comme un poids pour la société, mais plutôt comme des participants actifs à l’enrichissement collectif », affirme Indu Krishnamurthy, qui précise qu’en cas de non-remboursement, « les pertes sont absorbées par un fonds de réserve ».

Un bel exemple est celui de Marie-Émilie Sambou, dite Mimi, une mère de famille monoparentale d’origine sénégalaise qui rêvait d’ouvrir une école de boulangerie-pâtisserie à Montréal. Grâce à un prêt de 10 000 dollars et à un accompagnement personnalisé pour l’aider à monter le plan d’affaires, Le Goût du palais chez Mimi est né en 2014. Aujourd’hui, l’école est agréée et décerne des certificats professionnels.

Microcrédit Montréal, qui compte huit employés, a accordé quelque six millions de dollars en prêts depuis sa fondation, en 1990. L’organisme a soutenu et accompagné près de 10 000 personnes, des femmes dans 65 % des cas. Les deux tiers (65 %) des entreprises existent encore cinq ans après leur création ; cela correspond à la norme, le taux de survie des entreprises canadiennes étant de 63 % au bout de cinq ans, selon Statistique Canada.

« Mine de rien, de petits prêts peuvent rapporter gros à la société. Très gros », résume Indu Krishnamurthy.

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Bravo, Microcrédit et sa Directrice Générale Indu Krishnamurthy. La DG pour son travail acharné et pour son leadership
Félicitations!