
Ces applications sont signées Greencopper, une petite entreprise montréalaise qui, comme son nom ne l’indique pas…, appartient à des Français.
« Montréal est une plateforme culturelle incroyable », s’exclame Gwenaël Le Bodic, cofondateur de Greencopper. Ce Breton originaire du Morbihan ne tarit pas d’éloges pour sa ville d’adoption. En comparaison de la bureaucratie française, « il y a beaucoup moins de freins ici pour la création d’entreprises », affirme-t-il.
En 2006, à l’âge de 32 ans, ce spécialiste de l’intelligence artificielle appliquée aux télécommunications quitte les grands groupes européens, comme Vodafone, et atterrit à Oz Communications, spécialisée dans la messagerie mobile.
« Je voulais changer d’air », raconte celui qui a déménagé avec femme et enfants. Il avait envie de démarrer sa petite affaire et Montréal était l’endroit idéal. Il y a bien sûr la langue française, qui facilite les contacts, mais aussi l’anglais, qu’il a appris lorsqu’il a fait son doctorat à Glasgow, en Écosse.
Avec sa conjointe, Marie-Amélie, et un collègue français, Ludovic Thomas, il fonde Greencopper — nom « qui sonne bien en France et aux États-Unis », mais qui, convient-il, agace un peu au Québec. Qu’importe. Il a son créneau : les applications pour appareils mobiles. Et une spécialité : les guides pour festivals et autres activités culturelles.
Pop Montréal, un festival annuel de musique émergente, lui donne sa chance en 2009. « À l’époque, les applications commençaient à peine à voir le jour. Nous étions les premiers à en proposer dans ce domaine. Il a même fallu expliquer aux organisateurs en quoi ça pouvait leur être utile. »
C’était d’autant plus intéressant pour Pop Montréal qu’il n’avait rien à investir. Gwenaël Le Bodic lui offrait l’appli, parce qu’il voulait évaluer son marché. Il a répété l’expérience à Rennes, en Bretagne, pour les Rencontres Trans Musicales. « Les deux ont bien fonctionné. Alors on est allés voir Spectra, qui nous a donné le mandat pour le Festival international de jazz de Montréal. »
Et c’était parti ! Grâce à cette carte de visite — « les festivals montréalais sont très réputés en Europe et aux États-Unis » —, Greencopper connaît depuis trois ans une croissance exponentielle. Elle fournit des applications pour 130 festivals ou activités dans une dizaine de pays, dont la France, l’Allemagne, les États-Unis et le Danemark. Elle a une vingtaine d’employés, surtout de jeunes ingénieurs, dans ses locaux du quartier Saint-Henri.
Habituellement financés par des fonds publics, les festivals comptent leurs sous. Pour rendre ses produits alléchants, Greencopper a élaboré un modèle économique intégrant des commanditaires qui paient une partie de la facture. L’entreprise s’est notamment associée à Deezer, une société française de diffusion de musique en continu. L’appli devient non seulement un outil de promotion, mais aussi une plateforme pour des commanditaires auprès d’un nouveau public.
Prochaine cible : le marché sud-américain. « Il y a de très beaux festivals là-bas. Avec l’hémisphère Sud, cela nous permettrait d’avoir des contrats plus réguliers en raison de l’inversement des saisons. »
En tout cas, pas question pour Gwenaël Le Bodic de quitter le Québec. « Je n’arrive pas à concevoir une ville plus appropriée pour notre boîte que Montréal. On a un pied dans la haute technologie et l’autre dans la culture. C’est une ville que j’adore et c’est dans cet environnement très riche que je veux élever ma famille. »
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Au Québec, il y a au moins 260 festivals de toutes sortes, selon la Société des attractions touristiques, tandis qu’en France on dénombre plus de 840 festivals musicaux, selon la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.