Faut-il avoir peur… d’une crise économique en 2019 ?

Inutile de paniquer et de transférer tous vos avoirs dans les cryptomonnaies, l’or ou sous le matelas : une bulle boursière n’est pas à l’horizon, ni une fin de cycle imminente.

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Les oiseaux de malheur sont nombreux depuis les dernières semaines à prédire une nouvelle crise économique l’an prochain. Quand ce ne sont pas les velléités protectionnistes de Donald Trump, c’est une bulle boursière qui nous précipiterait vers l’abîme.

Gare aux devins ! Ils peuvent être encore moins fiables que les marmottes aux printemps.

D’abord, sommes-nous réellement menacés par un krach boursier ? La mode est à l’indice Shiller, du nom du professeur qui l’a inventé. Pour résumer, il calcule le rapport entre la valeur boursière d’une entreprise et ses bénéfices.

Plus le prix de l’entreprise cotée en Bourse est élevé par rapport aux profits qu’elle fait, plus cet indice va grimper. On pourra ainsi calculer si les entreprises sont surévaluées.

L’indice Shiller était à son plus haut avant le krach de 1929. Il était aussi au sommet en 2000, juste avant l’éclatement de la bulle techno. Et voilà que, depuis décembre, il atteint parfois des sommets rarement vus.

Sommes-nous donc au bord de la catastrophe ? Pas nécessairement, répond… Robert Shiller lui-même ! Son indice, dit-il, n’a pas été conçu pour prévenir les crises, mais pour servir d’indicateur aux investisseurs.

« On voit des traces de bulle pour certains créneaux, comme les cryptomonnaies, mais ça n’a pas le même poids dans l’économie, explique Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins. On n’est pas du tout dans les eaux de 2000, il n’y a pas de risque de krach. »

Flambée irrationnelle

La folie des cryptomonnaies peut contaminer les Bourses d’une manière insoupçonnée. Le mot blockchain, qui désigne la chaîne d’ordinateurs permettant l’existence de ces monnaies virtuelles, est devenu un tel synonyme de succès que les entreprises dont le nom comporte ce terme ont vu leur action décoller.

En décembre dernier, l’entreprise Long Island Iced Tea a flairé la bonne affaire et s’est rebaptisée… Long Blockchain Corp. Résultat : son action a triplé ! Irrationnelle, la Bourse ?…

Si le marché semble surévalué, dit Hendrix Vachon, c’est en raison des bas taux d’intérêt. « Les investisseurs ont le choix entre une obligation qui rapporte 3 % ou acheter une action chère, mais avec un dividende un peu plus intéressant. Si les taux étaient à 8 %, on ne paierait pas nos actions si chères que ça. »

Mentionnons d’ailleurs que l’indice Shiller n’était pas des plus élevés avant la crise de 2008.

Les vrais risques

Mais le risque d’une récession est-il si éloigné pour autant ? Pas forcément, parce que l’incertitude au sud de la frontière plane toujours. Le même Robert Shiller a tenu à le rappeler le week-end dernier dans les pages du New York Times, estimant que l’approche du président Trump rend les prévisions plus opaques.

Bien sûr, l’économie fonctionne par cycles. Selon l’Institut C.D. Howe, une crise survient en moyenne tous les 6,7 ans aux États-Unis, et tous les 9,5 ans au Canada. Les États-Unis ont connu un long cycle de croissance économique de 1991 à 2001, tandis que le Canada a traversé les années 1992 à 2008 sans récession.

En reprise depuis 2009, les États-Unis sont sur le point d’égaler le record de croissance. Le temps n’est-il pas à un changement de cycle ?

« La confiance est au plafond actuellement, estime Hendrix Vachon. C’est peu probable. Cette année et l’an prochain, plusieurs éléments vont stimuler l’économie américaine, comme les baisses d’impôts des entreprises et la hausse des dépenses publiques : on l’oublie, mais le dernier budget fédéral américain annonçait une hausse de 400 milliards de dollars de dépenses. C’est plutôt difficile d’imaginer une récession dans ce contexte. »

Donald Trump a beau être intempestif, les décisions de son administration, même les plus protectionnistes, ne sont pas susceptibles de précipiter le monde en récession. D’ailleurs, bon nombre d’économistes qui avaient prédit l’effondrement des Bourses sous sa présidence ont dû faire amende honorable : Wall Street ne panique pas quant aux humeurs du président.

Comme le souligne un gestionnaire de fonds cité par le magazine Politico, « le président est un peu imbécile, mais c’est un imbécile pro-business ».

Le risque se situe plutôt vers la fin de 2020 ou le début de 2021, quand les effets de ces mesures s’estomperont et que les taux d’intérêt auront grimpé pour limiter l’inflation. À ce moment, le risque de retomber en récession augmentera.

Mais encore là, même si la récession devait arriver, elle ne serait pas comparable à celle de 2008. « On serait dans une récession technique de quelques trimestres négatifs, où une baisse des taux d’intérêt serait suffisante pour redémarrer », avance l’économiste de Desjardins.

Alors, inutile de paniquer et de transférer tous ses avoirs dans les cryptomonnaies, l’or ou sous le matelas. D’autant plus que non seulement les banques canadiennes n’ont pas eu besoin d’être sauvées en 2008, mais elles demeurent parmi les mieux capitalisées au monde.

Prenez plutôt une grande respiration et assurez-vous de suivre les conseils de base de tout bon conseiller financier : diversifier ses placements, éviter les mauvaises dettes, comme les cartes de crédit, et mettre de l’argent de côté.

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— Ô si, de nouvelles crises sont possibles !

S’il serait mal avisé de prédire une crise financière pour une date précise. Nous serions néanmoins esseulés d’imaginer que nous y sommes préparés ou encore l’abri. Il est difficile de prévoir précisément une date, l’ampleur de la crise, la durée de la dite crise et où se trouvera l’épicentre de la crise.

Cependant, je vais offrir quelques indices de réflexions, pour aider à comprendre que de réels problèmes sont à portée de main. Lorsque chaque jour nous entendons parler des velléités protectionnistes du président Trump et du déficit des échanges économiques entre notamment la Chine et les États-Unis.

Ce dont on parle moins, c’est que les déficits commerciaux ont été très longtemps compensés par le fait que la Chine achetait dans ce commerce, une grande quantité de dollars. Le dollar étant la monnaie de réserve par excellence, tout cela contribuait à donner aux États-Unis le pouvoir d’entretenir leur propre déficit public.

Qu’advient-il si les échanges commerciaux se font avec d’autres monnaies, notamment des crypto-monnaies adossées à des valeurs réelles ?

C’est cette perte d’intérêt pour l’USD qui explique que la Fed ait relevé ses taux directeurs (et non comme on voudrait nous le faire croire : le quasi « plein-emploi »), pour continuer de rendre cette monnaie toujours attractive aux investisseurs qui auraient décidé de s’en éloigner.

Nous savons qu’actuellement plusieurs pays dans le monde vendent une part de leurs réserves de dollars, c’est le cas notamment de la Chine qui désormais estime que sa monnaie le Yuan est assez solide pour pouvoir libeller ses achats dans sa propre monnaie nationale.

Ce même pays mise aussi sur la technologie (la blockchain notamment) pour offrir (prochainement) des crypto-Yuans, une monnaie virtuelle adossée sur la croissance de l’économie chinoise.

Plusieurs firmes misent sur le « cloud » (info-nuage) pour sécuriser les transactions des crypto-monnaies, dans ce cas les coûts énergétiques de la production de la « chaine de blocs » sont amplement minimisés ; les serveurs utilisés sont aussi plus faciles à sécuriser.

Nous pourrions très bien être dans l’antichambre d’une crise monétaire. L’épicentre de la crise ne serait pas directement lié à la surévaluation de certains biens ou de certaines entreprises, il pourrait très bien se trouver dans les monnaies de réserves qui sont globalement surévaluées.

Quand on n’a pas l’argent pour assurer son développement, les conflits et les guerres (incluant les attentats) sont des moyens de redistribuer les cartes ou de s’approprier des biens qui ne nous appartiennent pas.

Il serait, je pense de bon aloi d’observer attentivement l’évolution du monde lors des prochaines années. Cela pourrait nous éviter peut-être quelques désagréments.

Je viens de terminer la lecture du livre « Pouvons-nous éviter une autre crise financière » de l’économiste Steve Keen – un des rares économistes à avoir prédit la crise de 2008. Selon Keen, qui utilise un modèle basé sur les théories d’Hyman Minsky, le Canada serait un futur candidat des « zombies de la dette » (un niveau de dette privé élevé et une forte dépendance au crédit comme source de la demande au cours des cinq dernières années). Keen va jusqu’à prédire que le Canada connaîtra une crise financière avant l’année 2020.

Et puis après ! ?

J’ai connu la crise de 1987, celle des années post-technos entre 1999 et 2002, la plus récente entre 2008 et 2009. Ça a été toujours une occasion d’achats massifs, du moins plus importantes que d’habitude.

Quand on fait du stock picking, on se fout de la macro-économie, des contingences diverses internationales. On se concentre sur la compagnie, la compagnie et la compagnie !

Il faut même désirer le krach ou la correction sévère !

That’s it, that’s all !

En 2008 ce n était pas une crise boursière mais Banquières sur des produits dérivés .