Le graphique ci-dessous présente le classement des 30 pays dont la taille économique est la plus importante dans le monde. Pour ce faire, le Fonds monétaire international (FMI) a mesuré la taille économique de chacun de ses 189 membres par son produit intérieur brut (PIB). Afin de rendre les PIB des divers pays comparables, le FMI les a tous convertis dans la même unité monétaire (le dollar américain) en faisant son possible pour utiliser partout des jeux de prix semblables pour les biens et les services. En additionnant les PIB ainsi convertis de tous les pays, le FMI a obtenu une estimation du PIB mondial : 127 000 milliards de dollars américains en 2017. Les données du tableau rapportent donc la part occupée par le PIB de chaque pays dans ce total mondial, de la Chine jusqu’à l’Afrique du Sud. Tous ensemble, les 30 en ont produit 82 %.
La taille économique d’un pays est grandement influencée par sa taille démographique (le nombre de ses habitants). Comparons, par exemple, les deux plus grands pays, la Chine et les États-Unis, installés aux deux premiers rangs par leur taille démesurée. En 2017, l’économie chinoise a dominé la planète. Elle a été la source de 18,2 % de la production mondiale. L’économie américaine est arrivée au deuxième rang, avec 15,3 % du total mondial.
Pourquoi les Chinois ont-ils dépassé les Américains ? C’est que, même si chaque Chinois était en moyenne trois fois et demi moins riche que chaque Américain, il y avait au moins quatre fois plus de Chinois que d’Américains. Par conséquent, le PIB total de la Chine a été malgré tout plus élevé que celui des États-Unis. C’est depuis 2014 que la Chine dépasse ainsi les États-Unis.
L’Inde complète le podium. Ce pays est deux fois moins riche que la Chine pour ce qui est du revenu par habitant (ou niveau de vie moyen, si l’on veut), mais sa population est presque aussi nombreuse et elle croît beaucoup plus vite. Depuis 10 ans, la population a augmenté de 5 % en Chine et de 15 % en Inde.
Il est intéressant de comparer l’évolution des quatre géants de l’économie planétaire. On constate, à la lecture du graphique, que 26 % du PIB mondial est maintenant produit par les économies « émergentes » de la Chine et de l’Inde. Leur part est en croissance. On voit aussi que seulement 20 % provient des économies « avancées » des États-Unis et du Japon. Leur part, à l’inverse, est en décroissance.
Parmi les 30 économies, 23 sont en Asie, en Amérique du Nord ou en Europe. En font également partie les trois grands pays d’Amérique latine — le Brésil, le Mexique et l’Argentine —, de même que les trois grands d’Afrique — l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud. L’Australie, aux antipodes, est aussi sur la liste.
Où situer le Québec ? Même s’il fait partie des pays riches, sa part du PIB mondial est forcément modeste (0,3 % en 2017), puisqu’il n’a que 8,4 millions d’habitants. Si on poursuivait l’échelle du tableau, le Québec arriverait au 50e rang parmi les 189 membres du FMI en 2017 — quelque part entre la Norvège et l’Ukraine !
Le G7, ça vient d’où ?
On constate que les six plus grands pays riches — pays où le revenu moyen par habitant dépassait 35 000 dollars en 2017 —, soit les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie, font partie du G7. Cependant, le dernier membre du G7, le Canada, a une taille économique inférieure à celles de la Corée du Sud, de l’Arabie saoudite et de l’Espagne, qui ne font pas partie du groupe. Pourquoi ?
Pour des raisons historiques. Le G7 a d’abord été lancé comme un club privé de pays amis. Son premier sommet a eu lieu au château de Rambouillet, en France, en 1975, à l’invitation du président français Valéry Giscard d’Estaing. Les six plus grands pays riches énumérés ci-dessus y avaient été invités, formant ainsi le G6. Le Canada n’y était pas encore. Giscard d’Estaing ne voulait pas que le Canada fasse partie du groupe. Cependant, grâce à l’appui des cinq autres chefs d’État, dont, surtout, le président des États-Unis Gerald Ford, le premier ministre du Canada, Pierre Trudeau, a été invité au deuxième sommet, tenu à Porto Rico en 1976. C’est à cette date que le Canada a pu se joindre au groupe et que le G7 a finalement été constitué. À l’époque, la Corée du Sud était beaucoup moins riche et ne pouvait aspirer à faire partie du club. L’Arabie saoudite était vue avec suspicion, parce qu’elle était associée à l’explosion du prix mondial du pétrole en 1973. L’Espagne, pour sa part, sortait à peine de la dictature franquiste et n’était pas encore politiquement stabilisée.
En 1991, l’Union soviétique a été démembrée et décomposée en une douzaine d’États indépendants — de l’Arménie à l’Ukraine. Les membres du G7 ont alors décidé d’intégrer au club le plus grand de ces États indépendants, la Russie. Chose faite en 1998.
La Russie n’est pas très riche, mais elle a 145 millions d’habitants et une grande influence politique et militaire. Le G7 est, de ce fait, devenu le G8. La Russie en a toutefois été suspendue en 2014 à la suite de la crise en Ukraine. Le groupe est alors redevenu le G7. Pas de nouvelles du côté de la Corée du Sud et de l’Arabie saoudite. L’Espagne ne fait toujours pas partie du G7 elle non plus, mais elle a reçu une invitation spéciale à l’occasion de certains de ses sommets. Comme les hauts dirigeants de l’Union européenne font toujours partie des sommets, les 28 États membres de l’Union — non seulement l’Espagne, mais bien d’autres, comme les Pays-Bas, la Belgique, la Suède, l’Autriche, etc. — y ont au moins une représentation indirecte.
En additionnant les parts individuelles des sept pays membres du G7 indiquées dans le graphique, on trouve que leur contribution collective au PIB mondial a été de 31 % en 2017. En phase avec l’éclosion des économies émergentes, la part de ces plus grands pays riches a déjà amorcé une longue descente. Elle atteignait 51 % du PIB mondial 30 ans plus tôt, en 1987. Les temps changent.
Le sommet de La Malbaie sera présidé par le premier ministre Justin Trudeau. Il a proposé cinq sujets de discussion qui sont prioritaires à ses yeux : la croissance inclusive, les emplois de l’avenir, l’égalité hommes-femmes, l’intégrité des océans, et la sécurité. Mais la conjoncture économique et politique du moment exercera sans doute une influence importante sur la nature des échanges et des résultats qui seront obtenus. On verra.
Et le G20 de Paul Martin ?
En 1999, à la suite de la crise financière de 1997-1998 qui a frappé durement les pays émergents, un nouveau groupe s’est formé à l’instigation de Paul Martin, alors ministre des Finances du Canada, afin de promouvoir la stabilité financière internationale. Martin voulait instaurer un lieu d’échanges fructueux entre pays avancés et pays émergents, ce que le G7 ne permettait pas de faire, puisqu’il ne réunissait que les sept plus grands pays riches.
Le nouveau groupe comprend 19 grands pays, plus l’Union européenne, d’où son nom de G20. On constate que les 15 plus grands pays en font tous partie, qu’ils soient individuellement riches ou non. Le Canada, l’Australie, l’Argentine et l’Afrique du Sud se trouvent sur la liste. L’Espagne n’est pas un membre du G20, mais elle est invitée aux réunions sur une base permanente. Les chefs d’État du G20 se réunissent annuellement depuis 2008. Il y a aussi des réunions de ministres des Finances, de dirigeants des banques centrales et de ministres de l’Emploi et des Affaires sociales. Les questions économiques et financières occupent une bonne partie des ordres du jour, mais d’autres enjeux globaux sont aussi en bonne place : santé, climat, développement durable, éducation, migrations, égalité hommes-femmes, corruption. L’organisateur du prochain sommet du G20 sera le président de l’Argentine, Mauricio Macri. Il se tiendra à Buenos Aires en novembre prochain.
La contribution collective au PIB mondial des 19 pays qui sont représentés individuellement dans le G20 a été de 73 % en 2017. Cette part n’a guère changé depuis 20 ans, le repli des économies avancées ayant été compensé par l’ascension des économies émergentes.
Ça sert à quoi, ces forums internationaux ?
Qu’est-ce que le monde a pu tirer jusqu’ici de forums internationaux comme le G7 et le G20 ? J’y vois trois sortes d’avantages. Le premier est qu’ils permettent aux dirigeants de la planète de se rencontrer. Genre : « On est huit milliards, faut se parler ! » Il ne faut jamais sous-estimer l’importance des contacts personnels et amicaux entre les chefs d’État. Malgré les oppositions qui peuvent se manifester à l’occasion, le G7 et le G20 sont des lieux bienvenus d’apaisement des tensions internationales. Les conflits et les guerres, on n’aime pas.
Le deuxième avantage est que le G7 et le G20 ont répondu, de temps à autre, à des urgences conjoncturelles de manière à stabiliser l’économie mondiale en difficulté. Les sommets du G7 en 1978 à Bonn et en 1985 à l’hôtel Plaza de New York sont restés célèbres comme lieux de coordination des politiques monétaires et budgétaires des pays avancés. La formation même du G20, en 1999, constituait une réponse à la dure crise financière des pays émergents de 1997-1998. Plus tard, les sommets de 2008 à 2010 ont grandement aidé les pays à coordonner leur réaction à la crise financière et à la récession de ces années-là.
Le troisième avantage des forums a été d’ouvrir les échanges, et parfois d’accélérer les décisions, dans des domaines qui concernent l’avenir à long terme de la planète : le partage de la richesse, l’égalité hommes-femmes, les changements climatiques, le développement durable, la santé et l’éducation, etc. Un exemple récent est celui de l’accord de Paris de 2015 sur le climat, qui a longuement été débattu et préparé lors des sommets antérieurs du G7 et du G20. Plusieurs de ces questions à long terme seront sur la table à La Malbaie.
Bien évidemment, le G7 et le G20 sont comme des Airbus 320 plutôt que des Cessna 172. Ça se déplace lourdement et ça vire lentement. Mais, au total, je crois bien qu’on peut affirmer que le rapport avantages-coûts de ces groupes a été franchement bénéfique pour le monde jusqu’ici. Gardons espoir.
En complément des aspects historiques exposés dans cet article bien présenté, j’aimerais ajouter ces propos :
Replacé en son contexte, l’idée première n’était pas tant de former un « club » regroupant les 6/7 pays les plus riches, mais plutôt d’obtenir un front commun des pays les plus industrialisés à l’époque, lesquels évidemment étaient ceux qui consommaient le plus de pétrole. Il fallait pouvoir tenir tête à l’OPEP qui menaçait ces pays d’embargo en raison de la guerre du Kippour (guerre israélo-arabe d’octobre 1973).
D’octobre 1973 à mars 1974, le prix du baril était passé de 2,59 USD à 11,65 USD.
La dévaluation du dollar conséquence du choc pétrolier était aussi un des éléments unificateurs, puisque la facture du pétrole (libellée en USD) avait un pouvoir de grever plusieurs économies développées qui pour la plupart devaient faire face à des taux d’inflation supérieurs à 10% (il avait été de 16,8% en France en 1974). C’est à ce moment-là que nombre de pays commencent à subir les effets de la fin d’un cycle bénéfique, celui des « trente glorieuses ».
Je pense que si initialement Valéry Giscard d’Estaing n’était pas très chaud pour recevoir le Canada, c’était en grande partie dû à la personnalité de Pierre Elliott-Trudeau et de la politique diplomatique canadienne qui aux yeux du président français (et de son Premier ministre gaulliste Jacques Chirac) était à tout le moins ambigüe ou quelque peu ambivalente, ménageant tout à la fois Israël et les pays arabes producteurs de pétrole.
L’infâme camouflet qu’avait reçu le général de Gaulle lors de sa visite officielle au Canada en 1967, tout cela était encore présent dans la mémoire des Français. D’autant que c’est sur le conseil de PET alors Ministre de la Justice que le Premier ministre Lester B. Pearson décidât d’annuler la visite initialement prévue du chef de l’État français à Ottawa.
Ce qui est amusant, c’est que ce soit un Trudeau qui soit désormais l’hôte de cette très prochaine réunion du G7.
Suite à ce premier choc pétrolier débutant en 1971, il est intéressant de mentionner que depuis, l’ensemble des taxes perçues sur les produits pétroliers par les 7 pays industrialisés (G7), qu’elles dépassent globalement presque chaque année, les revenus générés par les ventes des pays membres de l’OPEP.
Comme quoi un prix élevé du baril concourt largement à garnir les coffres des États dominants. C’est probablement ce genre de « détails » qui contribuent à nourrir cynisme et résignation dans la population ; ce qui conduit quelques « altermondialistes » — dont on ne fait guère mention dans cet article -, à considérer que ce « gros avion » difficile à manœuvrer, qu’il sert principalement les intérêts de ce que certains définissent comme une forme d’ « impérialisme économique » qui accorde plus d’importance au maintien de ses privilèges, un peu plus probablement qu’à l’égalité des sexes….
Prendre des décisions économiques que l on dit internationales sans la Chine ni l’ Inde????
Demandez aux » multinationales » du commerce si ils sont prêts à se passer de la clientèle chinoise et indienne ?
On s ‘ en reparlera de « l’ importance » du G 7.
Je suis déçu de cet article de l’ Actualité en tant qu’ abonné.
Robert Letendre
Retraité
@ Robert Letendre,
Je pense que vos commentaires s’adressaient plutôt à monsieur Fortin qu’à moi-même.
Cependant, voici quelques éléments pour votre réflexion. S’il est vrai que la Chine et l’Inde de font pas partie du G7, mais du G20, à part le fait que les sujets abordés par le G7 ne sont pas seulement économiques. Ces deux pays sont bien représentés dans toutes sortes d’instances incluant : l’OMC (Organisation mondiale du commerce), le CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud [South-Africa]), sans oublier non plus l’APEC (Asia-Pacific Economic Coopération) dont la Chine est membre… mais pas l’Inde.
À noter également qu’il existe un G8+5 depuis 2005, momentanément G7+5 depuis l’exclusion de la Russie du G8. Chine et Inde font pleinement partie de ce regroupement.
Ces quelques exemples ne sont pas exhaustifs évidemment.
Vous m’enlevez les mots de la bouche. Bien dit
Je suis toujours surpris de constater que les pays scandinaves n’apparaissent pas dans la liste. Pourquoi? Peut être qu’ils ne veulent rien savoir d’une collaboration sur les enjeux économiques mondiaux.
J’aimerais bien avoir des réponses.
Merci!
Bonne journée!
@ Éric Deschenes,
Comme l’explique précisément monsieur Fortin dans cet article, je cite : « La taille économique d’un pays est grandement influencée par sa taille démographique (le nombre de ses habitants). »
Aussi, ce n’est ni leurs performances économiques, ni la qualité de leurs performances, ni que ces pays ne se préoccuperaient pas des enjeux économiques, c’est seulement parce que le calcul prend en compte la taille de la population.
S’il est vrai que l’ensemble des pays et territoires formant la Scandinavie regroupent tout de même plus de 21 millions d’habitants. Chacun de ces pays n’en sont pas moins indépendants, attachés à leur indépendance et donc calculés séparément.
Ainsi même un pays très riche comme la Norvège, ne figure qu’au 50ième rang des économies mondiales comme le précise monsieur Fortin dans cet article, sur des données basées sur le classement établi par le FMI.
Merci! Je suis plus éclairée sur le sujet maintenant.
Ça sert à quoi, ces forums internationaux ?
Mais quelle réponse déconnectée ! Ces forums n’ont qu’apporté violences, manifestations, coûts énormes de sécurité, pour payer de beaux voyages à nos dirigeants, de belles poignées de mains, de belles photos, gastronomie, etc…La première chose qui aurait dû sortie de constructif de ces forums, c’est de cesser ces rencontres et d’utiliser la technologie, comme les vidéo-conférences et échanger sur les vraies problématiques, comme les paradis fiscaux, les quelques ultra-riches et les classes moyennes qui sombrent de plus en plus vers la pauvreté. En ce sens, la répartition de la richesse, y-a-il quelqu’un qui a vu un changement depuis ces forums si constructifs ??? L’éducation et la santé, avez-vous de l’amélioration ??? L’avenir de la planète ! Mais on se prend pour qui ??? La planète saura très bien s’organiser par elle même. La vraie intelligence est là ! Pas entre les oreilles de nos dirigeants…L’apaisement des tensions internationales, encore ici, ce n’est pas ce qu’on voit encore au téléjournal … Je pense sincèrement que ces forums sont uniquement l’expression de l’ÉGO humain à son paroxysme ! On est beau, on est fin, on est intelligent, on va régler les problèmes planétaires !!! C’est juste juste de la grosse politique ! Exprimer et régler le moins de choses, avec le plus de mots…et des petits fours secs !
Plus on est de fous,plus on rit de NOUS, Beacoup d’argent dépensé qui seraient plus utile pour nous et la Planète!!