Les données accessibles les plus récentes et les plus complètes sur la rémunération horaire globale des salariés du Québec sont celles du premier trimestre 2022. L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) estime qu’au cours de cette période de janvier à mars derniers, une masse salariale de 73,2 milliards de dollars (avantages sociaux inclus) leur a été versée en paiement de 1,78 milliard d’heures travaillées. Leur rémunération moyenne a donc été de 41,05 $ l’heure. Il s’agit d’une hausse de 8,9 % par rapport à la rémunération obtenue un an plus tôt, au premier trimestre 2021, qui était de 37,71 $ l’heure.
Mais n’oublions pas l’inflation. Du premier trimestre 2021 au premier trimestre 2022, l’indice des prix à la consommation du Québec a augmenté de 5,7 %, amputant d’autant le pouvoir d’achat des salaires. Inflation déduite, la hausse réelle de la rémunération a donc été de 3,2 %, soit la différence entre la hausse brute de 8,9 % et les 5,7 % détruits par l’inflation.
La rémunération globale des salariés est la portion la plus importante du revenu disponible des familles, mais pas la seule. Il inclut aussi le revenu de propriété (intérêts, dividendes, loyers), le revenu des PME et les prestations sociales reçues de l’État, et il exclut tous les impôts, taxes et cotisations sociales prélevés. Au net, selon l’ISQ, le revenu disponible des familles québécoises pour les trois mois d’hiver est passé de 8 150 $ par habitant au début de 2021 à 8 790 $ au début de 2022, en hausse de 7,8 %. En retranchant les 5,7 % bouffés par l’inflation, on trouve donc que le revenu disponible par habitant a progressé de 2,1 % du premier trimestre de 2021 à celui de 2022.
Ces résultats montrent, contrairement à une opinion répandue, que l’importante augmentation du taux d’inflation du début de 2021 au début de 2022 n’a pas empêché le pouvoir d’achat de la rémunération des salariés et du revenu disponible par habitant des familles de croître de 2 % ou 3 % en moyenne pendant cette année.
Il faut être bien conscient qu’une inflation revenue à des proportions plus acceptables va reposer en partie sur un ralentissement économique.
L’économiste Benoit Durocher, de Desjardins, Études économiques, a poussé l’analyse plus loin en se demandant si l’accélération des prix avait frappé les familles moins nanties plus durement que les familles plus riches. À cette fin, il a pris en compte les différences dans l’importance relative que ces deux groupes accordent aux diverses catégories de dépenses. Par exemple, le poids combiné des dépenses en alimentation et en logement est de 47 % du budget des 20 % des familles les moins nanties, mais seulement de 26 % du budget des 20 % les plus riches. Durocher a calculé que l’inflation (sur l’ensemble des biens et services) vraiment subie par les familles avait été de 7,1 % chez les moins nanties et de 8,0 % chez les plus riches.
Ce n’est pas une différence très marquée, mais elle démontre, encore une fois contrairement à ce que l’on croit, qu’il est faux d’affirmer que les familles en bas de l’échelle sociale ont été aux prises avec une inflation plus forte que celle que les plus riches ont encaissée.
Mais attention. Il est en fait plus compliqué pour une famille pauvre d’absorber une hausse de prix de 7 % que pour une famille riche d’en gérer une de 8 %. La réaction habituelle devant une montée générale des prix consiste à modifier la répartition du budget familial en achetant une plus grande quantité des biens de consommation dont les prix augmentent le moins et une moins grande quantité de ceux dont les prix grimpent le plus. Or, il est plus difficile pour une famille moins nantie de changer ainsi la répartition de son budget, parce que celui-ci est déjà plus ou moins « gelé » dans les premières nécessités incontournables, comme la nourriture, le logement et l’habillement. De plus, étant donné que son épargne accumulée est faible ou nulle, cette famille ne dispose pas, comme la riche, d’un coussin financier lui permettant de passer aisément à travers une période d’inflation, même temporaire.
Espérons que le retour du taux d’inflation au niveau normal annuel de 2 % va bientôt calmer le jeu. Mais il faut être bien conscient qu’une inflation revenue à des proportions plus acceptables va reposer en partie sur un ralentissement économique. Les taux d’intérêt plus élevés appliqués par la Banque du Canada en seront l’outil principal. Ils freineront l’ardeur des dépenses des ménages comme des entreprises et entraîneront des pertes d’emplois. Le chômage va donc augmenter et frapper surtout les familles moins riches. Le drame est qu’elles auront souffert non seulement de l’inflation, mais aussi du moyen utilisé pour la combattre.
Cette chronique a été publiée dans le numéro de novembre 2022 de L’actualité.
Il est fait mention dans cette chronique de la rémunération horaire globale des salariés du Québec comparée sur deux trimestres donnés (période du 1er janvier au 31 mars 2021 et 2022).
De telles données gagneraient à être annualisées (ce qui est conforme à la méthodologie de l’ISQ), pour mieux comprendre comment se répartit l’augmentation sur l’année financière, quitte à procéder sur une projection de 2022 basée sur les années précédentes.
Dans la pratique, monsieur Fortin concatène deux colonnes de données distinctes : le salaire horaire et les avantages sociaux (de diverses natures), l’ensemble est réduit à un taux horaire peu réaliste puisque tous les employés salariés n’obtiennent pas ou peu d’avantages sociaux, lorsque les avantages offerts sont d’usage corrélés aux bénéfices réalisés des entreprises.
Ce qui nous éloigne du concept global élaboré par l’ISQ. qui recommande d’analyser l’ensemble des données de manière nuancée de par la variabilité de l’ensemble des rémunérations (avantages & salaires).
Tous les avantages ne se traduisent pas mécaniquement dans tous les cas en termes d’augmentation du pouvoir d’achat. De plus l’ISQ concentre ses études sur la base d’un échantillonnage formé sur une base de donnée d’entreprises de 200 employés et plus dont les travailleurs sont les principaux bénéficiaires des dits avantages sociaux.
Si on se réfère à des données plus proches de la réalité vécue par une proportion importante de la population salariée. On ne peut que constater que le salaire horaire n’a été bonifié que de ±1% au premier trimestre 2022, que cette hausse trimestrielle pourrait être sur une base annualisée de l’ordre de 4% au 31 décembre 2022. Conformément aux prévisions les plus optimistes des experts en ressources humaines (certains tablent plutôt sur 3 à 3,5%).
Le salaire moyen en 2021 était de 28,81 $/h. Il pourrait avoisiner les 30,00 $ à la fin de l’année.
Le salaire médian — qui permet d’obtenir une ligne de démarcation plus claire entre les 50% de travailleurs qui tirent leur part du jeu et les 50% de travailleurs qui ne retirent pas grand-chose -, était en 2021 au Québec de l’ordre de 25,00 $/h. il sera dans le meilleur des cas de l’ordre de 26,00 $ à la fin de l’année.
De par les données qui nous sont présentées par monsieur Fortin, il est assez simple de comprendre que la masse globale salariale et le salaire sont des formules assez différentes, lorsque la répartition assez peu uniforme de la dite masse globale permet finalement à ±50% des gens de sortir la tête hors de l’eau de l’inflation, lorsque l’autre moitié n’a guère d’autres solutions que de s’astreindre à toujours plus d’austérité imposée par des acteurs économiques qui ne contrôlent que malaisément la situation.
Les salaires,surtout ceux inférieurs a 25$ l’heure, sont beaucoup trop taxé par rapport aux gains en capitaux avec les nombreuses clauses pour réduire les taxes payées par la classe riche et les amis en politique. Taxer si un citoyen utilise un pont ayant coûté 5 milliards ou s’il utilise un tunnel de 10 milliards. Pour réduire le manque de main-d’oeuvre permanent, réduire les taxes sur les bas salaires pour retarder l’age de la retraite.