« Je veux devenir un géant mondial du divertissement »

Entre deux questions, Steve Couture jette un œil inquiet sur son téléphone. Il n’attend pas l’appel d’un gros client américain, mais bien celui de sa conjointe, sur le point de donner naissance à leur troisième enfant !

Palmarès 2013 Leaders de la croissanceFrima

Classement au palmarès des Leaders de la croissance : 12e

Activité : Conçoit des jeux vidéo pour consoles, ordinateurs et appareils mobiles

Chiffre d’affaires en 2012 : entre 20 et 50 millions

Nombre d’employés en 2012 : 341

Croissance 2007-2012 : 584 %

Entre deux questions, Steve Couture jette un œil inquiet sur son téléphone. Il n’attend pas l’appel d’un gros client américain, mais bien celui de sa conjointe, sur le point de donner naissance à leur troisième enfant !

Pas facile de concilier travail et vie de famille quand on dirige une entreprise qui est passée de 3 à plus de 340 employés en moins de 10 ans. « J’ai une blonde très compréhensive ! » dit le PDG de 37 ans, souvent en déplacement pour rencontrer ses clients, dont la majorité se trouvent aux États-Unis.

Steve Couture (Photo © Olivier Hanigan)
Steve Couture (Photo © Olivier Hanigan)

La PME de Québec qu’il a fondée en 2003 avec ses associés, le bédéiste Christian Daigle et le producteur Philippe Bégin, conçoit des jeux pour le Web, les consoles, Facebook, l’iPhone et l’iPad. Près de 80 % de sa production est destinée à des clients américains, dont les plus connus sont Warner, Electronic Arts, Build-A-Bear Workshop et Nickelodeon. L’entreprise a produit aussi des jeux originaux, distribués par Sony, dont Young Thor, Zombie Tycoon et Widgets Odyssey.

Son plus récent jeu mobile, Nun Attack, fut l’un des 12 titres les plus populaires sur la plateforme Android en 2012. Le jeu, mettant en vedette des religieuses armées jusqu’aux dents qui tentent de rétablir l’équilibre de l’univers, a été téléchargé plus d’un million de fois en six jours, selon le PDG ! Un succès à la Angry Birds ? Steve Couture en rêve. Il veut s’emparer de tous les écrans, télévision et cinéma compris. « Nous voulons devenir un concepteur de divertissement d’envergure mondiale », dit-il.

Pour y arriver, il a acquis la division des effets spéciaux de l’entreprise québécoise SVC (Studio Virtuel Concept) pour créer Frima FX en 2011. Il a également acheté Volta, une boîte de Québec spécialisée en conception visuelle de personnages et d’environnements pour les jeux et le cinéma. « L’an dernier, nous avons travaillé sur la moitié des 10 productions IMAX présentées en salle [dont Dinosaures 3D : Les géants de Patagonie] », se réjouit-il.

Frima — qui a occupé le premier rang du palmarès des Leaders de la croissance de L’actualité en 2009 et en 2010 — est le plus important développeur de jeux à propriété canadienne. L’industrie du jeu vidéo, bien que florissante, demeure fragile, selon Steve Couture. Le Canada en est le troisième pôle mondial de production, derrière les États-Unis et le Japon. Ce n’est pas la taille de l’industrie qui fait problème, mais sa structure.

« Au Canada, nous sommes surtout des usines de production, dit-il. Nous offrons nos services à des clients qui, eux, détiennent la propriété intellectuelle. Nous arrivons maintenant à un tournant et il est urgent d’investir dans des contenus originaux pour maximiser les retombées économiques, assurer la pérennité de l’industrie et l’enraciner davantage. »