« Je veux doter Québec d’un grand siège social »

Cardiologie et pétrole : deux secteurs pointus qui, pour le profane, semblent aux antipodes, mais qui ont tous les deux recours à des capteurs optiques de pression très perfectionnés.

Louis Laflamme (Photo © Joannie Lafrenière)
Louis Laflamme (Photo © Joannie Lafrenière)

Palmarès 2013 Leaders de la croissanceOpsens

Classement au palmarès des Leaders de la croissance : 6e

Activité : Met au point des instruments de mesure de la pression et de la température

Chiffre d’affaires en 2012 : 8,5 millions

Nombre d’employés en 2012 : 55

Croissance 2007-2012 : 941 %

Cardiologie et pétrole : deux secteurs pointus qui, pour le profane, semblent aux antipodes, mais qui ont tous les deux recours à des capteurs optiques de pression très perfectionnés. Opsens, de Québec, a compris très tôt que sa technologie, qui permet de fabriquer des capteurs à peine plus gros qu’une tête d’épingle, pouvait apporter beaucoup dans un domaine comme dans l’autre.

Opsens vient d’emménager dans un nouveau local à Québec, plus grand que le précédent. Car la société, qui a presque multiplié par 10 son chiffre d’affaires en cinq ans, se prépare à faire une percée importante dans ses deux sphères de prédilection. L’objectif avoué est de devenir un géant de l’instrumentation du secteur pétrolier non classique ET de révolutionner le domaine de la cardiologie ! « Je rêve de doter la ville de Québec d’un très grand siège social », dit le PDG, Louis Laflamme — qui est, à 36 ans, un des plus jeunes à diriger une société publique au Canada.

Celui qui était chef de la direction financière d’Opsens depuis 2005 avant d’en devenir le PDG en janvier 2013 se félicite que l’entreprise soit cotée en Bourse depuis 2006. « Cela nous a permis de financer nos travaux. Nous ne voulions pas nous borner au rôle de simple fournisseur, dit-il. Nous voulions offrir des solutions complètes d’instrumentation à forte valeur ajoutée. Des solutions qui permettent de placer les capteurs exactement au bon endroit, et de faire toute l’instrumentation. »

Dans le secteur pétrolier, son capteur OPP-W peut « survivre » dans des environnements souterrains supercorrosifs, à très haute pression et à des températures dépassant 300 °C — tout à fait le climat d’un puits de pétrole bitumineux. Opsens maîtrise cette technologie depuis 2008. Les sociétés pétrolières étant très conservatrices, elle a acquis une entreprise albertaine d’instrumentation cette année-là pour entrer dans le marché des installateurs de capteurs et tester sa technologie.

La stratégie a porté ses fruits. Opsens vient en effet de recevoir la plus grosse commande de son histoire d’un important producteur de pétrole exploitant les sables bitumineux albertains : 48 capteurs de 100 000 dollars pièce — ce qui représente près de 60 % du chiffre d’affaires. « Ç’a été plus long qu’on croyait, mais nous avons prouvé la fiabilité de notre produit », dit le PDG.

De l’avis de celui qui l’a remplacé aux finances, Thierry Dumas, 39 ans, « le potentiel de croissance est encore plus grand du côté de la cardiologie ».

Jusqu’à tout récemment, personne ne savait comment mesurer la différence réelle de pression de chaque côté d’un caillot bloquant une artère. Cette donnée est pourtant essentielle pour décider s’il est utile ou non de dilater le vaisseau sanguin, une opération risquée et coûteuse.

Quand Opsens s’y est intéressée, en 2008, ce segment de marché hyperspécialisé représentait à peine 50 millions de dollars dans le monde. Actuellement, c’est 200 millions. Et dans cinq ans : un milliard !

Après cinq ans de développement, le produit OptoWire d’Opsens — un kit médical de 800 dollars — sera homologué par les autorités américaines dans moins d’un an, espère-t-on. Un distributeur japonais a même investi cinq millions dans l’entreprise. Le secteur est si pointu qu’Opsens n’a que deux concurrentes, les multinationales Volcano, de San Diego, en Californie, et St. Jude Medical, de Saint Paul, au Minnesota — mais leur technologie, basée sur un capteur électrique, serait moins performante, selon Louis Laflamme.

« Si notre kit s’impose dans les centres de cardiologie comme la technologie de référence, nous pourrions aller chercher 30 % d’un marché d’un milliard de dollars », dit-il en rêvant.