Canadien : la revanche de RDS

Le contrat de 12 ans pour les droits territoriaux des Glorieux signé avec la chaîne de télévision RDS n’est pas banal, analyse le blogueur Pierre Duhamel.

J’avais un patron qui résumait ainsi le marché de la télévision sportive et des médias montréalais au sujet du sport organisé. «Montréal, disait-il, n’est pas une ville de sport. Montréal n’est pas davantage une ville de hockey. Montréal est la ville d’une seule équipe : le Canadien.»

Il expliquait ainsi les déboires des Expos, les difficultés des Alouettes et l’impossibilité de faire vivre à proximité (Laval, Verdun, Longueuil) une simple franchise de la Ligue junior majeure du Québec. Toute l’attention et les dollars sont accaparés par l’équipe de hockey professionnelle.

Oui, les Expos et les Alouettes ont eu leurs bons moments, mais c’est quand ces équipes gagnaient. Gagne ou perd, le public montréalais et québécois voue un amour inconditionnel aux Canadiens, et le Centre Bell est toujours plein à craquer.

Tout ça pour vous dire que le contrat de 12 ans pour les droits territoriaux des Glorieux signé avec RDS n’est pas banal.

RDS a perdu beaucoup, le 26 novembre dernier, quand Rogers et TVA ont obtenu les droits nationaux de la Ligue Nationale pour 12 ans. Cette entente de 5,2 milliards de dollars leur accorde les droits pour la diffusion des parties disputées les mercredis, jeudis et samedis soirs, en plus des droits pour toutes les séries éliminatoires et le Match des étoiles.

Cela permettra à TVA Sports de diffuser un minimum de 22 parties du Canadien, le samedi soir, pendant la saison régulière. Il pourrait y en avoir deux ou trois de plus, selon le calendrier de la LNH. Les autres parties du Canadien — jusqu’à 60 — resteront à l’antenne de RDS, en vertu de son entente avec l’équipe montréalaise.

« Le Québec est hockey ! »
Photo : Keith Srakocic / Presse Canadienne

Cela veut dire que TVA Sports pourrait diffuser un mercredi soir donné une partie entre les Penguins et les Capitals — mettant aux prises les deux meilleurs joueurs de la ligue, Sydney Crosby et Alexander Ovechkin —, suivi d’une autre entre deux autres grandes puissances de la LNH, Chicago et Anaheim. Mais je parie ma chemise qu’une partie entre le Canadien et la pire équipe de la ligue (les Sabres ,à l’heure actuelle) attirera quatre fois plus de monde sur RDS.

Au Canana anglais, Rogers n’aura pas ce problème, car à peu près tous les droits nationaux et territoriaux lui appartiennent, sauf ceux des Jets de Winnipeg et une partie de ceux des Maple Leafs. De plus, le marché est plus éclaté, alors qu’au Québec, il est monopolisé par le Canadien.

TVA Sports se retrouve avec les parties des autres équipes et moins de 30 % de celles des Canadiens. Le tout pour plusieurs dizaines de millions de dollars par année.

Pour rentabiliser son investissement, TVA doit prier pour que le Canadien participe aux éliminatoires à chacune des 12 années du contrat et remporte plusieurs séries. Il sera alors le joueur incontournable du printemps. Mais d’octobre à la mi-avril, RDS finira en tête, et de loin.

Les grands gagnants de ces négociations de droits sont les frères Molson, propriétaires du Canadien. L’entente avec Rogers double le montant obtenu des droits nationaux qui seront partagés par les 30 équipes. Le contenu de l’entente avec RDS n’a pas été dévoilé, mais il est évident que le Canadien empochera davantage que les 31 millions de dollars par année du présent contrat.

Selon un document présenté par Bell au CRTC pour l’acquisition d’Astral, le Groupe CH aurait obtenu, en 2010, des profits de 65 millions de dollars sur des revenus qui totalisent 300 millions. Les bénéfices de l’équipe de hockey et du Centre Bell auraient été de 56 millions de dollars à eux seuls.

Pour revenir à TVA, on ne peut passer sous silence que les parties des Canadiens qui seront diffusées à cette antenne proviendront du Centre Bell. Une nouvelle entente renouvelle la commandite de Bell jusqu’en 2028.

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Votre boss avait raison: Montréal est la ville d’un seul sport: LE CH.

Comme l’équipe n’a rien gagné depuis 20 ans, ca en dit long sur les connaissances sportives des Montréalais.
Il y a quelques années, le gratin de la natation était à Montréal. De quoi on parlait à 110%? Du contrat à donner à Théo! En plein été, par 30 degrés.
Souvenez-vous ce qu’avait dit une Baronne lors de Jeux olympiques de Montréal? (elle avait trouvé Montréal plate, sans esprit olympique)

Montréal est la ville d,un seul sport: le CH.

Il y avait hier sur le site de Ici-Radio-Canada, un article de Martin Leclerc qui établit chiffres à l’appui que ni TVA, ni RDS ne parviendrons compte-tenu de la taille de notre marché, à rentabiliser les déboursés pour la retransmission des matchs du Canadien. Il y a risque pour les téléspectateurs, en dehors du hockey, de voir le contenu sportif de ces chaînes spécialisées très nettement affaibli.

Il est possible de lire l’intégralité de cet article par le lien suivant :
http://blogues.radio-canada.ca/bloguesportif/2013/12/27/rds-les-droits-regionaux-du-ch-ont-coute-plus-de-800-millions/