
Début octobre, à Québec et à Lévis, le Mouvement Desjardins souligne l’Année internationale des coopératives en organisant « le Davos de Desjardins », comme dit Monique Leroux. « Nous voulons bâtir un référentiel de contenus pour créer de nouvelles coopératives et faire croître celles qui existent déjà. » Les célèbres économistes américains Nouriel Roubini et Michael Spence, Prix Nobel d’économie de 2001, prononceront la conférence d’ouverture de ce Sommet international des coopératives, qui réunira plus de 130 sommités de partout dans le monde.
« Les coopératives sont plus que des acteurs locaux ou nationaux, dit Monique Leroux. Elles doivent travailler dans une perspective mondiale. » Desjardins, qui a aidé à la constitution d’une soixantaine de coopératives financières dans le monde, envisage d’ailleurs de prendre des participations dans des organisations avec lesquelles elle a partagé son savoir-faire. Prenant exemple sur Desjardins, la plupart de ces organisations ont en effet créé des compagnies d’assurances ou d’autres institutions financières constituées en sociétés.
Sur un dossier vert – évidemment ! – qu’elle a déposé sur la table de la salle de conférences adjacente à son bureau du 40e étage du Complexe Desjardins, à Montréal, Monique Leroux me « dessine » Desjardins. En haut de l’organigramme, il y a les caisses populaires. Les entités locales se sont regroupées à l’intérieur d’une fédération pour se donner une force financière. Cette fédération occupe le centre du schéma. Elle possède un réseau de filiales, dans le domaine de l’assurance, des valeurs mobilières et des cartes de crédit. Plus de la moitié des revenus du Mouvement est aujourd’hui générée par ces filiales. « C’est avec ce réseau de filiales que nous pénétrons, depuis plus de 20 ans, le marché canadien. »
Dans le domaine de l’assurance de personnes, Desjardins occupe le quatrième rang au Canada, et 35 % de ses revenus proviennent de l’extérieur du Québec. Par ailleurs, 45 % de ses revenus en assurance de dommages proviennent des autres provinces, et sa filiale est sur une grande lancée dans l’ouest du pays depuis l’acquisition de Western Financial Group, en 2011.
Mine de rien, Monique Leroux est en train de m’expliquer, avec cette liste de réussites, que le nouveau cadre réglementaire proposé par Ottawa ne lui apporte rien de plus. Avec sa charte québécoise actuelle, le Mouvement ne pourrait certes pas étendre son réseau de caisses aux autres provinces, mais il n’a pas cette ambition.
Il se voit plutôt comme fournisseur de services financiers de pointe aux réseaux de credit unions des autres provinces. Au fil des ans, il a d’ailleurs noué des partenariats de services avec une dizaine de ces réseaux, dont certains utilisent ses cartes de crédit.
Monique Leroux ne veut pas de caisses populaires Desjardins « coast to coast », mais elle tient à ce que le Mouvement soit assez solide financièrement « pour s’ouvrir sur le monde et attirer ses prochains leaders ». La poussée sur le marché canadien, ce sera avec ses filiales… capitalistes.