
Les Britanniques choisiront-ils de quitter l’Union européenne? À quelques semaines du référendum du 23 juin, la discussion prend une tournure résolument financière. Les mises en garde économiques se multiplient, dans des discours qui rappellent ceux du débat entourant le référendum sur l’indépendance de l’Écosse.
Le premier ministre David Cameron craint les conséquences sur la croissance économique. Son secrétaire au Trésor britannique, George Osborne, affirme qu’en cas de «Brexit», le PIB de la Grande-Bretagne perdrait au bas mot 3,3 %. La perte équivaudrait à environ 4000 $ de revenu de moins par Britannique chaque année d’ici 2020, voire 8000 $ d’ici 2030.
La Banque d’Angleterre, par la voix de son Canadien de gouverneur Mark Carney, agite le spectre d’une récession. Il estime que la sortie de l’Union européenne est le principal risque auquel les Britanniques font face sur le plan économique.
Le National Institute of Economic and Social Research (NIESR), l’un des think tanks économiques les plus connus, prévoit que la croissance britannique baisserait d’un point en 2017 si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. D’ici 2030, le PIB perdrait entre 2,7 % et 7,8 %, suivant les scénarios. Pire, la livre sterling, en bien meilleure posture que l’euro, pourrait tomber à parité avec la monnaie européenne.
Même le Fonds monétaire international s’y est mis, confirmant les prévisions de recul du PIB. Sa directrice Christine Lagarde évoque un «risque important pour l’économie mondiale», estimant qu’un recul des marchés financiers serait inévitable.
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Il y a bien sûr beaucoup de politique dans ces scénarios-catastrophes, pour des dirigeants qui ont intérêt au maintien du système actuel. Nous sommes d’ailleurs déjà devant une Europe à deux vitesses depuis 1991, quand la Grande-Bretagne a obtenu de se soustraire au projet de monnaie commune.
Pour autant, les questions soulevées sont légitimes. L’économie, c’est un cliché, a horreur de l’instabilité.
En cas de vote «Brexit», le Royaume-Uni devrait négocier les conditions de son départ et établir de nouvelles relations avec les 27 pays restants de l’Union européenne. Le marché unique, comme on l’appelle, représente actuellement 45 % de ses exportations.
Londres pourrait également perdre l’accès à des marchés hors de l’Europe, avec lesquels l’Union européenne a signé des accords. Il faudrait renégocier ces pactes.
Dans son essai The Risk Of Brexit: The Politics Of A Referendum (disponible gratuitement en téléchargement), le conseiller politique Roger Liddle, travailliste et pro-européen, rappelle quelques éléments essentiels.
Une sortie de l’Union européenne aurait des conséquences importantes pour le libre-échange, bien sûr. Mais aussi, pour les agriculteurs, qui profitent d’une Politique agricole commune. Idem pour la recherche scientifique: la mise en commun des ressources permet de décupler les moyens.
Et que dire des millions de citoyens britanniques qui voyagent, étudient et se promènent en Europe? Ils se buteraient désormais à des douanes, des permis de travail, voire de visas si certains pays décident d’agir en ce sens.
Il faut comprendre que David Cameron ne voulait pas vraiment d’un référendum sur la sortie de l’Union européenne. Il voulait des réformes:
-une Europe plus flexible, décentralisée, moins contraignante et bureaucratique;
-une plus grande souveraineté monétaire, pour éviter une politique européenne mur-à-mur des taux d’intérêts qui ne tienne pas compte des disparités économiques profondes entre pays-membres;
-et une structure où les compétences reviennent vers les États-membres, avec un contrôle démocratique (pas de président de la Commission européenne désigné, comme actuellement).
Bref, le premier ministre britannique ne voulait plus essuyer les déboires des autres. Selon Liddle, il espérait secrètement l’éclatement de la zone de l’euro lors de la crise de 2011, avec les déboires de la Grèce. Parce que la renégociation du pacte économique serait venue d’elle-même. Et Londres n’aurait pas porté l’odieux. Ce n’est pas arrivé.
Pourquoi y a-t-il référendum, au final? Parce que la question de l’immigration est venue chambarder l’échiquier politique. La montée de UKIP, le parti d’extrême-droite xénophobe vers lequel deux députés conservateurs ont fait défection, a incité David Cameron a promettre un référendum pendant sa campagne.
Il a parié que la promesse permettrait d’éteindre la question au sein de ses troupes. Sauf que ce devait être un questionnement politique et économique s’est mué en référendum sur l’immigration et la fermeture des frontières.
Le retrait complet serait peut-être une réussite à court terme pour les anti-immigration, et un symbole de victoire pour l’Europe identitaire. Mais sur le plan politique et économique, ce serait un réflexe protectionniste extrêmement dommageable. Et conservateurs comme travaillistes le savent pertinemment.
Au final, ce sont les dissensions internes d’un parti qui mettent en péril l’appartenance à l’Union européenne, et la stabilité économique de l’Europe.
David Cameron sera-t-il audacieux au point de faire de ce référendum un vote de confiance sur son mandat? Peu probable. Parce que sa base très conservatrice, l’ancien maire de Londres Boris Johnson en tête, n’attendent que cela pour tenter de le déloger.
Un retrait du Royaume-Uni de l’Union Européenne aura des conséquences qui sont assez difficiles à déterminer avec précision pour le moment. Croire cependant que cela n’aura pas d’effet ni sur le Royaume-Uni, ni sur l’Europe en général relève de la pensée magique.
Hormis le fait qu’un retrait du RU produirait une brèche dans la construction de l’unité européenne, cela aurait aussi des conséquences au niveau du système de défense, du commandement militaire et de toutes choses comme ça.
Cela forcerait l’Europe à revoir tout son système rien qu’à ce niveau-là.
Il est possible en effet qu’au plan financier, Londres perde un peu de sa magnificence ; de par le fait même, la Livre Sterling qui est bien évaluée, pourrait aussi lâcher des plumes.
Quant au même moment, le danger vient aussi de l’intérieur ou à tout le moins au-delà du mur d’Adrien. Les Écossais sont résolument pro-européens (grand bien leur en prenne). Un retrait des britanniques de l’Union européenne serait une aubaine pour celles et ceux qui misent et qui parient sur la déconstruction de l’Union Jack.
Je partage votre conclusion à l’effet qu’un vote majoritaire pour la sortie du Royaume de l’UE, mettrait probablement aussi David Cameron sur un siège éjectable. Démontrant finalement qu’il est un Premier ministre mou avec peu de charisme et d’autorité. Tandis que l’ex-major de la City le « petit prince Boris », tient sa garde rapprochée — tel Brutus — déjà en embuscade prête à poignarder.
— Décidément, on sent encore planer l’ombre de William Shakespeare, dans cet imbroglio aux accents dramatiques et au dénouement encore incertain, comme seuls il faut bien l’admettre, les anglais savent toujours faire, si bien.
« — Décidément, on sent encore planer l’ombre de William Shakespeare, dans cet imbroglio aux accents dramatiques et au dénouement encore incertain, comme seuls il faut bien l’admettre, les anglais savent toujours faire, si bien. »
Mon cher Serge, comme ton pote William je dirai: oh boy !
Tu forces pas un peu trop sur le gin tonic ?
Bien pratique, l’anonymat qui permet de répondre par une niaiserie à un commentaire intelligent et visiblement informé, n’est-ce pas, Koldo?
@ Ginette Bertrand
Tout ça est bien relatif. Moi, je crois que la niaiserie, ce n’est pas moi qui l’a écrite. Et pour ce qui est de l’anonymat, je pourrais bien signer Auréle Gingras ou Pedro Robitaille mais ça vous ferait une belle jambe. D’ailleurs riien ne prouve que votre nom n’est pas Josée Poitras ou Brigitte Gordita.
La prose de Serge Douginsgy est tellement ampoulée que c’est faire œuvre utile de lui dire. Il pourra au moins corriger la forme à défaut du contenu.
Bien dit!
S’il s’agissait de la sortie du Québec de la confédération, tous ces problèmes appréhendés seraient classés dans la catégorie de la campagne de peur des méchants fédéralistes. Fin de la discussion et en avant les émotions.