«Dynamite », le premier tube en anglais du groupe de pop coréenne BTS, dont les vidéos ont été visionnées plus de 12 milliards de fois sur YouTube, est devenu cet été la première chanson coréenne à prendre la tête du Billboard aux États-Unis. Surfant sur le succès phénoménal du boys band à l’univers bariolé, son label, Big Hit Entertainment, a fait une entrée spectaculaire à la Bourse de Séoul le 15 octobre 2020. La valorisation de l’entreprise, qui était de 4,5 milliards de dollars lors de son introduction, a grimpé à plus de 7 milliards de dollars dès le deuxième jour avant de se stabiliser. C’était la plus grosse introduction en Bourse en Corée du Sud depuis 2017.
Cette épopée lucrative pourrait toutefois être freinée par les exigences de l’armée : en Corée du Sud, le service militaire de deux ans est obligatoire pour tous les hommes âgés de 18 à 28 ans. L’aîné de la bande, Jin, est sur le point d’avoir 28 ans et devrait servir sous les drapeaux au plus tard en 2021, tandis que les six autres seraient appelés dans les années qui suivent.
Leur absence serait une perte pour leurs admirateurs, pour leur label, mais aussi pour la Corée du Sud, car BTS constitue littéralement un enjeu économique national : selon une étude gouvernementale, « Dynamite » pourrait générer des retombées de plus d’un milliard de dollars canadiens et créer 8 000 emplois au pays, le groupe étant associé à de nombreuses marques très populaires auprès de son public — cosmétique, agroalimentaire, etc. Soutenus par l’imposant fan-club du septuor, le ministre de la Culture et plusieurs députés demandent que les membres de BTS puissent bénéficier d’une dispense ou d’un report de leur service militaire. On a déjà fait des exceptions de ce genre pour certains sportifs de haut niveau et pour des musiciens classiques, mais jamais pour un artiste de K-pop.
Coïncidence amusante, BTS est une abréviation de Bangtan Sonyeondan, qui signifie « les boy-scouts résistants aux balles » (mais Beyond the Scene pour le marché international). Le groupe parle aussi de ses fans comme des membres de l’ARMY, pour Adorable Representative MC for Youth, « les adorables ambassadeurs de la jeunesse ». Un vocabulaire plutôt… martial.
Cet article a été publié dans le numéro de janvier-février 2021 de L’actualité.