
Sébastien Roy, 43 ans, et Chantal Trudeau, 45 ans, ont toujours aimé le ski. Pour se rapprocher de la nature et des pistes enneigées, le couple de Sainte-Julie a acheté, il y a trois ans, un terrain à Sutton, en Estrie. Deux hectares de terres vallonnées, paisibles, avec vue sur la montagne, sur lesquelles ils feront pousser un chalet d’ici quelques années.
Pourquoi ont-ils opté pour un terrain plutôt que pour une propriété déjà bâtie ? « Un chalet aurait été hors de prix, explique Sébastien Roy, directeur administratif à l’Université de Montréal. C’est plus économique de construire, surtout que nous pourrons faire nous-mêmes une partie des travaux. » En plus de pouvoir construire une demeure à leur goût : « De plain-pied, avec beaucoup de fenêtres, surtout vers le sud, pour admirer les montagnes. » Sans compter que les droits de mutation sont moins élevés sur un simple terrain de 40 000 dollars que sur une propriété avec résidence de 200 000 dollars, explique Paul Germain, notaire à Prévost, dans les Laurentides, qui se spécialise dans l’immobilier.
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Leur parcelle de terre, près d’un petit cours d’eau, Chantal et Sébastien la considèrent aussi comme un investissement à long terme. « On l’a achetée à un moment où nos REER perdaient beaucoup de valeur. On s’est dit que ce ne pouvait pas être mauvais d’investir dans un terrain, même si on ne bâtissait jamais », dit avec assurance Chantal, qui travaille en éducation spécialisée.
Elle n’a pas tort, selon Denis Custeau, promoteur immobilier à Sherbrooke et porte-parole de terrain.ca, une plateforme de recherche pour les acheteurs et vendeurs de terrains au Québec. « Comme le nombre de terrains inoccupés est limité, leur rareté assure un minimum de croissance de leur valeur », indique-t-il.
Mais encore faut-il s’informer sur la qualité du terrain convoité. Selon Paul Germain, les vérifications à faire avant d’acheter à la campagne sont nombreuses, à commencer par le zonage. En raison de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles du Québec, on ne peut construire que dans les zones blanches, les zones vertes étant destinées à l’agriculture.
Le terrain est-il traversé par un ruisseau ou situé près d’un cours d’eau ? « Si oui, il pourrait se trouver en zone humide. La politique provinciale de protection des rives, du littoral et des plaines inondables interdit toute construction à moins de 10 m d’un plan d’eau », poursuit le notaire, qui déconseille l’achat d’un terrain en hiver, pour éviter les mauvaises surprises une fois la neige fondue. Il vaut donc mieux faire appel à un notaire ou à un arpenteur-géomètre pour confirmer que le terrain est constructible.
C’est ce qu’ont fait Chantal et Sébastien, en plus d’avoir consulté un agent d’immeuble « qui connaît bien la région ». Car forêt, montagne et lac peuvent être synonymes de déboisement et de dynamitage avant la construction. Voilà pourquoi une visite au service d’urbanisme de la municipalité est « indispensable », note Me Germain.
Il est également bon de consulter ses futurs voisins au sujet du puits qu’il faudra peut-être creuser, et à quelle profondeur, et de demander un test de percolation, qui déterminera l’installation sanitaire à privilégier, car les terrains en forêt sont rarement traversés par un réseau d’aqueduc et d’égout. Un tel test coûte environ 800 dollars, estime Steve St-Hilaire, technologue professionnel et président de Perco-Design, en Estrie, mais peut vous éviter bien des maux de tête ! Le coût de l’installation peut doubler selon le type de sol.
« C’est certain que c’est plus de démarches qu’en ville », admet Sébastien Roy — le couple s’était auparavant fait construire une maison en banlieue de Montréal, qu’il a revendue pour s’en construire une nouvelle. « Mais c’est le prix à payer pour avoir notre oasis de paix ! »