
La mode est au bio. Et le géant de l’agrochimie Monsanto l’a bien compris. Si bien que sa division des semences potagères, Seminis, délaisse les recherches sur les fruits et légumes GM pour revenir à des techniques ancestrales. Selon Wired, Monsanto privilégierait désormais le «bon vieux croisement; la même technologie que les agriculteurs utilisent pour optimiser les cultures depuis des millénaires».
Pourquoi ? Les aliments – sans saveur – «boostés» aux OGM n’ont pas la cote auprès des consommateurs. Dans ce contexte, de plus en plus d’agriculteurs ont d’ailleurs recours à des produits naturels dits de biocontrôle pour réduire l’usage de produits chimiques (pesticides, herbicides, fongicides). Loin du poison Roundup commercialisé par Monsanto, Le Nouvel Observateur parle de solutions difficiles à produire à grande échelle : insectes, champignons, bactéries ou phéromones.
Le géant américain tente de leur emboîter le pas. Bonne nouvelle, dites-vous ? Pas si vite… Fidèle à ses habitudes, Monsanto entre dans cette lutte biologique avec ses grands sabots. «Comme les groupes tels que Monsanto ont une surface financière plutôt importante, ma crainte, c’est qu’ils viennent avaler ceux qui sont en train de créer des choses nouvelles», s’inquiète Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture français.
En effet, Monsanto n’hésite pas à mettre des bâtons dans les roues des agriculteurs sous régie biologique. En décembre dernier, la Cour suprême des États-Unis a laissé à l’entreprise le droit de poursuivre les agriculteurs biologiques lorsque leur production a été contaminée par erreur par les OGM sorti de ses laboratoires.
Autre indice que Monsanto mise sur le marché bio : le même mois, la société s’est alliée au danois Novozymes, numéro un mondial des enzymes alimentaires et industrielles. Et elle n’est pas seule : en 2012, l’allemand Bayer a mis le grappin sur l’américain AgraQuest, spécialiste des pesticides biologiques. Le groupe de chimie BASF s’est aussi emparé de Becker Underwood, qui produit et vend des technologies de semences enrobées de micro-organismes.

Il faut dire que l’industrie du bio est un marché lucratif. Selon Monsanto, elle représente aujourd’hui environ 2,3 milliards $ par an.
Comble de l’ironie : en 2009, le fabriquant d’engrais et de pesticides a protesté contre le potager bio créé par Michelle Obama à la Maison-Blanche. En jardinant, la première dame des États-Unis s’est donnée comme mandat de promouvoir une saine alimentation. Mais selon Monsanto, elle donnerait une «mauvaise image de la culture conventionnelle».
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