
Cela fait une trentaine d’années que j’écris sur les entreprises québécoises, et j’en apprends encore à tous les jours sur leurs réussites, leurs innovations ou leur résilience.
Hier soir, un ami me parlait de Pharmascience comme étant l’un des grands succès de l’entrepreneuriat québécois. Je ne connaissais pas l’entreprise (ou j’avais tout oublié ce que j’ai déjà pu savoir sur elle), mais mon ami avait tout à fait raison.
Pharmascience est la plus grande société pharmaceutique active au Québec, avec plus de 1 400 employés — plus que les antennes montréalaises de géants pharmaceutiques comme Merck Frosst, Novartis, Pfizer ou Sandoz.
C’est aussi le troisième producteur canadien de médicaments génériques. Ses revenus annuels dépassent les 750 millions de dollars.
Pharmascience a été fondée en 1983 par deux pharmaciens montréalais, Morris Goodman et Ted Wise. L’entreprise, qui ne comptait que cinq employés à sa création, s’est d’abord spécialisée dans les marques privées de médicaments en vente libre pour les chaînes de pharmacies.
Elle en produit encore aujourd’hui. Par exemple, en 2009, Bayer a lancé Aleve, un analgésique anti-inflammatoire. Dix-huit mois plus tard, au début de 2011, Pharmascience a mis sur le marché un produit équivalent, Naproxen.
Dès le début des années 1990, Pharmascience a vu le potentiel des médicaments génériques et en a fait sa spécialité. Elle commercialise aujourd’hui 300 familles de produits vendus en 2 500 formats différents.
On croit spontanément que les producteurs de médicaments génériques ne sont que de vulgaires copieurs. Pharmascience a pourtant investi plus de 500 millions de dollars en recherche et développement depuis sa création, et elle consacre 9 % de ses revenus annuels à ce secteur.
Pour qu’un médicament soit vendu, y compris un médicament générique, il doit recevoir la bénédiction de Santé Canada et des autres organismes de réglementation internationaux (123 organismes d’homologation différents, dans le cas de Pharmascience). Le médicament doit être bioéquivalent au médicament d’origine, en plus d’être aussi sûr, aussi efficace et aussi uniforme.
Jusqu’à 80 % des médicaments de Pharmascience sont fabriqués dans les deux usines montréalaises. L’entreprise s’est dotée, dernièrement, d’un centre de distribution de 156 000 pieds carrés situé à Dorval, un édifice grand comme neuf patinoires.
Pharmascience a commencé à exporter ses produits au début des années 1990. Dès 1994, elle ouvrait un bureau en Ukraine pour desservir le marché de l’Europe de l’Est. Elle exporte aujourd’hui ses produits dans une soixantaine de pays.
Morris Goodman, qui a fait ses études en pharmacie à l’Université de Montréal, dirige le conseil d’administration de la société. Son fils David assume quant à lui la présidence de cette entreprise non inscrite en Bourse — sans doute l’une des entreprises privées les plus importantes du Québec.
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À propos de Pierre Duhamel
Journaliste depuis plus de 30 ans, Pierre Duhamel observe de près et commente l’actualité économique depuis 1986. Il a été rédacteur en chef et/ou éditeur de plusieurs publications, dont des magazines (Commerce, Affaires Plus, Montréal Centre-Ville) et des journaux spécialisés (Finance & Investissement, Investment Executive). Conférencier recherché, Pierre Duhamel a aussi commenté l’actualité économique sur les ondes du canal Argent, de LCN et de TVA. On peut le trouver sur Facebook et Twitter : @duhamelp.