Pokémon Go n’est pas qu’un jeu

La prochaine génération d’applications qui changeront nos comportements de consommateurs est à nos portes.

Une expérience de réalité augmentée vue à travers la technologie HoloLens de Microsoft. (Photo: Microsoft/REX)
Une expérience de réalité augmentée vue à travers la technologie HoloLens de Microsoft. (Photo: Microsoft/REX)

Pokémon Go passera à la petite histoire pour avoir popularisé la réalité augmentée, un phénomène technologique qui transformera non seulement le domaine de jeu vidéo, mais aussi le commerce de détail et notre façon de magasiner.

Réduit à sa plus simple expression, la réalité augmentée désigne la superposition d’éléments virtuels à l’image du monde réel que renvoient nos écrans de téléphone et de tablette. À ne pas confondre avec la réalité virtuelle, qui projette dans des lunettes ou casques de visionnement un monde 100 % virtuel.

Deux cousines, certes, qui ne peuvent toutefois prétendre être jumelles.

De nombreux grands groupes commerciaux et entreprises en démarrage sont déjà à l’œuvre pour inventer la prochaine génération d’applications qui changeront nos comportements de consommateurs.


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Le laboratoire de R-D du géant nord-américain de la quincaillerie, Lowe’s — propriétaire de la chaîne Rona —, a donné naissance à Holoroom. À mi-chemin entre la réalité augmentée et la réalité virtuelle, cette pièce munie de senseurs permet aux consommateurs d’entrer et de visualiser virtuellement, avec une paire de lunettes, leur salon ou leur chambre à coucher en y intégrant ce qu’ils désirent: meubles, matériaux, couleurs de peinture…

Les initiatives du genre se multiplient. La suédoise Ikea permet, comme Lowe’s, de visualiser des produits en réalité augmentée à l’aide d’appareils mobiles. On peut ainsi déplacer à sa guise l’image d’un nouveau canapé et la superposer à celle de son salon vu à travers l’écran de son téléphone cellulaire ou de sa tablette. Une expérience d’achat qui se fait dans le confort de notre maison.

L’industrie automobile n’est pas en reste. Volvo teste la technologie HoloLens de Microsoft pour que ses clients puissent décortiquer la structure et les pièces de ses véhicules. Grâce à un casque de visionnement en 3D, on pourra ainsi voir les modèles du constructeur et adapter les éléments de finition en fonction de ses goûts et envies. Volvo et Microsoft plancheraient aussi sur la possibilité de prendre place dans un «véhicule» virtuel afin de conduire en simulation.

Nombre de jeunes pousses ont mis au point des applications qui remplacent les minuscules salles d’essayage en nous permettant d’«essayer» virtuellement nos vêtements. Celle de la californienne Zugara, offerte depuis 2009, prend nos mensurations à l’aide d’une webcam qui nous montre ensuite vêtus des vêtements choisis. 

Les premiers dominos d’une longue série sont tombés. Les prochaines générations d’appareils mobiles auront des piles plus puissantes et des systèmes d’exploitation plus robustes pour suivre la cadence de développement de la réalité augmentée.

Le fabricant chinois Lenovo présentait en juin le Phab2 Pro, son premier téléphone adapté à la réalité augmentée. L’appareil, conçu dans les laboratoires de Google (dont l’ancienne filiale Niantic est à l’origine de la technologie derrière Pokémon Go), permet de scanner l’espace environnant en 3D et d’en mesurer les dimensions afin d’y intégrer des éléments.

Apple n’est pas en reste, même si la marque à la pomme se fait avare de détails. Apple a fait l’acquisition l’an dernier du spécialiste allemand de la réalité augmentée, Metaio, pour revendiquer sa part du gâteau.

Le marché de la réalité augmentée devrait peser pour 120 milliards de dollars américains en 2020, soit quatre fois plus que la réalité virtuelle, selon Manatt Digital Media. Bien qu’ils soient à prendre avec des pincettes — comme toutes prévisions —, ces chiffres dénotent néanmoins une vague de fond qui déferlera sous peu.

Emportera-t-elle dans son sillage les centres d’achats, puisque nous pourrons transformer nos salons en salles d’exposition personnalisées? On peut en douter. Le commerce au détail traditionnel s’adapte et se redéfinit face à la montée du commerce électronique. Il devra faire de même face à la réalité augmentée.