
Le retour des Canadiens en séries fait des heureux chez les partisans et chez de nombreux commerçants. On anticipe des revenus supplémentaires pour l’équipe, mais aussi pour les bars, les brasseurs, les médias. À l’amorce de la «vraie saison», est-ce que l’économie de Montréal repose vraiment sur les épaules de Carey Price?
Chaque fois que l’hymne national résonnera au Centre Bell ce printemps, ce sont quelque trois millions de dollars de plus qui seront déposés dans les coffres du Canadien. Une prolongation de la saison particulièrement payante, avec des revenus en hausse et les salaires des joueurs déjà versés.
L’enthousiasme des partisans fait sonner la caisse
Les billets sont plus chers qu’en saison, la bière est déjà vendue à prix fort, les revenus des concessions alimentaires gonflent, ceux des produits dérivés aussi. En plus, c’est une extraordinaire campagne de publicité pour l’équipe de la famille Molson. Quelque deux millions de téléspectateurs par match, une visibilité sans pareille dans les médias, des surfaces d’affichage dans les bars… et sur beaucoup de voitures de fans.
Bon an, mal an, le Canadien accapare plus de 10 % de toute la couverture médiatique québécoise. En séries, il va de soi que ce chiffre gonfle. Bien que les retombées directes soient difficiles à chiffrer, le magazine Forbes estime que, à elle seule, la marque du Canadien vaut plus de 170 millions de dollars. Et encore, ça ne concerne que le logo, les couleurs et l’image: il faut ajouter l’équipe, le Centre Bell et tous les autres aspects tangibles.
Les joueurs aussi peuvent profiter d’une bonne performance printanière. La coupe Stanley vient avec un boni de 150 000 dollars par joueur. Si la somme ferait peu de différence dans le budget des Crosby, Kane ou Ovechkin, elle représenterait néanmoins une prime au rendement de plus de 10 % pour la moitié des joueurs du CH, qui gagnent moins d’un million et demi par saison.
De nombreuses entreprises profitent de la ferveur des fans. Il n’y a pas que les propriétaires et les joueurs qui se frottent les mains. Au Groupe Sportscene, propriétaire de la chaîne de restaurants La Cage, les ventes printanières dépendent beaucoup du parcours du CH en séries. En 2014, La Cage a enregistré des ventes supplémentaires de près de deux millions de dollars avant que le CH ne baisse pavillon en finale de l’Est face aux Rangers de New York. La performance de l’équipe a permis à la chaîne de restaurants d’atteindre un niveau de ventes inédit en six ans.
La même année, Molson Coors, dont la présence ne se limite pas au Québec, déplorait la présence d’une seule équipe canadienne en séries. Bien que la brasserie de la rue Notre-Dame se défende d’être dépendante du hockey, le simple souvenir du lockout de 2012 suffit à faire saigner du nez ses dirigeants. À l’époque, les volumes de ventes au Canada avaient fondu et le PDG avait admis que la brasserie prendrait des mois à se remettre du conflit.
Chez Rogers Media aussi, les patrons seront rivés à leur écran. En 2013, le conglomérat s’est engagé à payer plus de cinq milliards de dollars sur 12 ans pour les droits de diffusion des matchs de la LNH. Le printemps dernier, les dirigeants devaient trouver la facture plutôt salée alors que, pour la première fois depuis le départ de Gump Worsley de Montréal, aucune équipe canadienne n’avait accédé aux séries. Conséquence: une baisse de plus de 60 % des auditoires télé comparativement à l’année précédente. Moins de téléspectateurs, moins de dollars publicitaires. Cette année, le groupe doit se frotter les mains devant la présence de cinq équipes canadiennes.
Mais davantage que le résultat des affrontements, c’est le nombre de matchs joués qui a une incidence sur les finances de l’équipe et l’économie locale. Lors du dernier balayage en Série mondiale, la victoire trop expéditive des Giants de San Francisco en a déçu plusieurs, puisqu’une meilleure opposition des Tigers de Détroit aurait pu représenter quelque 100 millions de dollars de plus en retombées.
Il faut cependant rappeler que les performances sportives ne créent pas de richesse, mais la déplacent. Pour chaque soir de séries dans un bar bondé, il y a une soirée au cinéma ou au musée de moins. Pour chaque bière à 12 dollars au Centre Bell, un comptoir à sushis se fait bouder. Il est peu probable que les dollars épargnés au bar après l’élimination du CH aboutissent dans un REER.
Dans le marché comme sur la patinoire, il y a donc des gagnants et des perdants. La performance du Canadien influencera le choix des dépenses, mais aura des effets négligeables sur l’économie globale. Et contrairement à ce qui arrive au Super Bowl ou au Grand Prix de Montréal, le Tricolore profite très peu de l’argent provenant de l’étranger. Pour chaque partisan qui accompagne l’équipe adverse et dépense à Montréal, un fan québécois suit le Tricolore sur la route.
En revanche, les performances peuvent créer un climat d’enthousiasme et de confiance. Dans ce contexte, les célébrations ne se limitent souvent pas à l’amphithéâtre ou aux bars. Ainsi, des baby-booms ont souvent été observés à la suite de victoires sportives. Par exemple, des chercheurs espagnols ont documenté une hausse des naissances neuf mois après la victoire du Barça, l’équipe de soccer de Barcelone, contre Chelsea pour accéder à la finale de la Ligue des champions.
L’effet du sport sur les naissances est de nouveau observé ces jours-ci à Reykjavík, neuf mois après l’incroyable conte de fées de l’équipe islandaise à l’Euro l’été dernier. La célébration du Thunderclap a cédé le pas à un nombre record d’accouchements.
Il vaut quand même mieux éviter de placer le taux de natalité sur les épaules de Carey Price, tout comme la santé de l’économie montréalaise. Les espoirs des fans pèsent déjà assez lourd.
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Stéphane Mailhiot est vice-président de la stratégie à Havas Montréal et chroniqueur médias et marques à Radio-Canada.
« faut cependant rappeler que les performances sportives ne créent pas de richesse, mais la déplace. Pour chaque soir de séries bondé au bar, il y a une soirée au cinéma ou au musée de moins. Pour chaque bière à 12 $ au Centre Bell, un bar à sushi se fait bouder. Il est peu probable que les dollars épargnés au bar après l’élimination du CH aboutissent dans un REER. »
Au final, on pourrait affirmer la même chose d’à peu près n’importe quelle dépense faite par un consommateur. Les gauchistes appellent ça des « retombées économiques » et ils s’en servent pour tenter de justifier n’importe quelle dépense frivole étatique qui répond à leurs critères socialistes.
À ma connaissance, le seul organisme qui ne créée aucune richesse est le gouvernement qui ne fait que distribuer l’argent déjà gagné par les citoyens.
On connaît la profondeur des connaissances de François 1, passons. Mais, comment peut-on créer de la richesse sans qu’il y ait création monétaire ? Comment une société pourrait être plus riche avec la même quantité de monnaie ? Ça reste un mystère pour François 1.
Certes, les banques commerciales peuvent créer de la monnaie sous forme de crédit et augmenter la quantité de monnaie en circulation, sauf que cette monnaie se détruit au moment du remboursement. Il faut donc de la monnaie de la banque centrale pour augmenter la masse monétaire. Or, la Banque du Canada considère sa monnaie comme une dette. Pour balancer son compte, la Banque du Canada doit se munir d’actifs qui sont des obligations et des bons du trésor du gouvernement canadien. Autrement dit, il ne se crée pas de monnaie et incidemment pas de richesse sans dette du gouvernement canadien.
Dire que le gouvernement ne crée aucune richesse, c’est une absurdité. D’autant que sans organisation scolaire, sans système de santé, sans système de justice, sans réseau de transport fourni par l’État, sans l’appareil étatique, c’est une illusion de croire à la création de richesse uniquement par le privé.
@ Marc Sauvagea13 avril 2017, 14 h 10 min:
Vous savez très bien qu’à la base de tout état, il y a le privé. Sans le privé, aucun état ne peut survivre. AUCUN!!!
L’histoire des différentes sociétés qui ont tenté d’appliquer les beaux principes socialistes et même communistes sont révélateurs à ce sujet.
Donc, TOUS les gouvernements, qui doivent entièrement leur survie au PRIVÉ, ne créent au final AUCUNE RICHESSE. Ils ne font que distribuer celle créée par le PRIVÉ.
@François 1
À ce que je sache, la Chine est toujours communiste et fonctionne passablement bien, au point d’être le créancier majeur des État-Unis – le fief du capitalisme.
Par contre, je ne connais aucun endroit sur la planète qui fonctionne intégralement sous une forme privée.
P.S. Pour créer de la richesse même pour les entreprises privées, cela implique nécessairement une injection de monnaie supplémentaire (cf mon premier commentaire) sinon il n’y aurait aucun profit, les producteurs capitalistes ne pourraient pas récupérer globalement plus que leurs avances en capital (pour payer machines et salaires).
Marc Sauvageau 14 avril 2017, 12 h 13 min:
« À ce que je sache, la Chine est toujours communiste et fonctionne passablement bien, au point d’être le créancier majeur des État-Unis – le fief du capitalisme. » (sic)
Le Chine communiste? Vous êtes sérieux là? Vraiment???
Vous y êtes allé? Moi oui et je peux vous affirmer sans aucun risque de me tromper que la Chine est actuellement tout sauf communiste et c’est en appliquant les règles du marché (le gros capitalisme sale quoi…!) qu’elle se sort progressivement du marasme, voire de la faillite totale vers lesquels l’avait mené le communisme, le VRAI!
TOUS les pays qui ont tenté d’éliminer le capitalisme de leur système politique et social ont lamentablement failli et leur population en a payé le gros prix (famines, corruption endémique, totalitarisme, despotisme, disettes à répétition, espérance de vie (misérable en plus!) rachitique et j’en passe.
Le capitalisme est parfait? NON mais il est, aux dires de David Friedman, « De tous les systèmes sociaux, de toutes les institutions humaines, le capitalisme est le moins imparfait, celui qui est susceptible d’assurer avec le maximum d’efficacité et le minimum de contraintes la coordination de la multiplicité des fins individuelles quelles qu’elles soient. »
L’État sans le privé n’existe tout simplement pas.
Après le premier match d’hier au Centre Bell les entrées en argent vont elles flanchées ? Peu probable car, l’argent mène le monde du sport ? comme la mondialisation de l’économie. J’espère que la qualité du jeu et la santé des joueurs ne font pas partie intégrante du collatéral de profit des possédants ?
Ainsi va l’évolution sportive mais toujours possible d’espérer pour le mieux !
Opinion de vieux croulant (90 ans)
Dans un précédent commentaire, toujours si parfaitement éclairé signé François 1, il est fait mention de « retombées économiques » comme d’un terme pratiquement fourvoyé, lequel est naturellement l’apanage de ces « ineffables gauchistes » qui détruisent notre économie de boutique, flanqués de ces nuées de « fonfons » qui viennent siphonner les maigres revenus du gouvernement…. Bref tout cet argent durement gagné par une armée de citoyens honnêtes saignés aux quatre veines à blanc pour faire vivre le vampirique État….
— Pourtant, de tout cela il n’est à peu près rien !
D’un point de vue sémantique, la langue française qui pourtant ne manque pas de vocabulaire, inclut dans cette formule de « retombées économiques » des termes plus différentiés dans le langage anglo-saxon.
Ainsi par exemple les retombées économiques d’évènements spéciaux — comme la Coupe Stanley présentement -, peuvent-elles se traduire par : « economic spinoff » au sens littéral, on peut parler : « d’avantages économiques inattendus ».
Plus académiquement, ce qu’on appelle toujours en français des « retombées économiques », ce sont des mesures d’impacts économiques (en anglais : economic impacts). Il existe trois types d’impacts : positifs, neutres, négatifs. Chacun de ces impacts doivent être suivant diverses méthodologies mesurés.
Les anglo-saxons pour définir les impacts négatifs parlent quelquefois d’« economic fallout », ainsi de retombées qui ont chuté à l’extérieur du champ économique, conséquences le plus souvent de pertes (crise économique par exemple). Les impacts positifs constituent principalement des bénéfices économiques « economic benefits »
Lorsqu’on parle de retombées économiques positives, on ne doit pas mesurer seulement les gains en termes de chiffres d’affaires. On doit observer l’ensemble des impacts notamment sur l’emploi et aussi sur les émoluments versés aux employés, les investissements, etc. Tout ce qui constitue un ensemble de retombées économiques à moyen-long terme puisque ces gains obtenus se redistribueront et auront finalement un impact positif dans le temps. Y compris pour le restaurant ou le commerçant de quartier ou encore cela servira à l’épargne des bénéficiaires.
Les psychologues industriels mesurent également la qualité du travail et la productivité sur la base d’un flux (cette fois non monétaire) ; un flux psychologique qui témoigne de l’équilibre, de la satisfaction et du plaisir des employés, ce qui accroit la performance généralement des travailleurs comme le chiffre d’affaire des entreprises.
Il n’est pas à douter selon moi que lorsque nos Canadiens gagnent, que cela accroit le plaisir et la performance des gens, tout particulièrement s’ils remportent la Coupe Stanley, il n’est par conséquent pas impossible que cela ait des impacts sur la performance sexuelle notamment (donc des retombées) et que cela puisse influer d’une certaine façon sur la courbe de fertilité.
J’imagine que la réponse à cette question ardue pourrait nous être donnée : fin janvier ou début février. À surveiller. — En attendant : Go! Habs go!
Merci de m’appuyer…
Mais surtout n’oublions pas les « retombées économiques » positives des fins de saisons particulièrement animées du Canadien et plus particulièrement sur les marchands de vitres du grand Montréal car ils sont plutôt occupés lors de ces « festivités »:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophisme_de_la_vitre_cass%C3%A9e
Briser de vitres est bon pour l’économie!!!