Aider un enfant dans son devoir de géo à grand renfort d’émojis. C’est une des techniques pédagogiques mises au point par Paper, qui offre un service de tutorat en ligne. « Aucune faculté d’éducation n’enseigne ça », dit le PDG de la société montréalaise, Philip Cutler, âgé de 33 ans. Aux États-Unis, 160 commissions scolaires ont recours à Paper pour répondre aux questions d’un million d’élèves dans 200 matières, en anglais ou en espagnol. « Depuis 2020, on est passé de 100 à 1 000 tuteurs », précise-t-il.
Tout se fait par clavardage, à la demande, à n’importe quelle heure. Paper a mis quatre ans à développer les outils d’intelligence artificielle capables de prévoir cette demande et d’organiser le travail afin qu’un tuteur puisse suivre quatre ou cinq élèves en même temps. Elle a également rompu avec le modèle traditionnel : au lieu de proposer son aide aux parents qui ont les moyens de payer, elle l’offre aux établissements d’enseignement, au prix de 50 à 100 dollars par élève par année scolaire.
Paper pourrait offrir le service en français, sauf qu’elle n’est pas encore parvenue à intéresser un centre de services scolaire, ni au Québec ni ailleurs au Canada. « On aimerait bien, mais il faut des organisations où l’usage de l’ordinateur est généralisé… »
En juin 2021, IVP, une société de capital de risque établie à San Francisco, a injecté 100 millions de dollars américains pour assurer le développement postpandémique du concept. « On ne touche encore que 1 % des districts scolaires américains, dit Philip Cutler. Mais on a surtout le potentiel de transformer radicalement le soutien aux élèves. »
Cet article a été publié dans le numéro de janvier-février 2022 de L’actualité.