Repenser nos forêts

On pourrait faire mieux avec les étendues boisées qu’on a. Un professeur de l’Université Laval nous dit comment.

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On le sait depuis le documentaire L’erreur boréale, la forêt québécoise a été diablement mal gérée depuis 30 ans. La faute est celle autant des compagnies forestières que du gouvernement, qui a mal orienté le secteur. Robert Beauregard, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval, croit que le gouvernement doit créer un consensus de développement durable entre les industries, les collectivités et les groupes écologistes.

« On pourrait, par exemple, augmenter de 5,8% à 12% la cible des surfaces de territoire protégé, mais utiliser ailleurs de meilleures techniques de sylviculture pour faire pousser plus de bois et accroître de 20% le rendement de la forêt », explique cet ingénieur forestier, qui songe à se lancer en politique afin de mettre à exécution le plan qu’il a conçu.

Robert Beauregard a passé plus de deux ans en Nouvelle-Zélande à étudier les méthodes sylvicoles. Un hectare de forêt québécoise produit, naturellement, 1,4 m3 de nouveau bois chaque année. Une forêt néo-zélandaise, 25 m3, soit 18 fois plus! « Le climat plus doux de la Nouvelle-Zélande aide beaucoup, dit-il, mais 85% de ces gains viennent de la technique. »

Cette technique consiste, par exemple, à sélectionner les plants et à faire des croisements, pour favoriser des espèces qui poussent mieux – comme cela se fait en agriculture. Cela veut dire aussi intervenir davantage en forêt, pour émonder et sélectionner – en moyenne huit fois dans la vie d’un lopin, alors qu’au Québec c’est deux fois, dont une qui consiste simplement à planter! « C’est toute la gestion de la forêt qu’il faut repenser », dit Robert Beauregard.