
Le premier ministre, Philippe Couillard, affirme que son gouvernement «a littéralement sauvé le Québec, [car] sans retour à l’équilibre budgétaire, [le Québec s’en allait] dans un immense mur». Il ne faut pas trop lui en vouloir d’avoir exprimé cette opinion, bien qu’elle soit totalement contredite par l’histoire des finances publiques du Québec. Il arrive aux responsables politiques d’éprouver, dans les mêlées de presse, des moments d’exaspération qui les amènent parfois à exagérer la réalité.
Mais encore faut-il comprendre pourquoi l’affirmation catastrophiste de M. Couillard est fausse, afin qu’on cesse de la répéter.
Il est exact de penser que les finances publiques du Québec conduisaient dans un mur et que la province a été sauvée par son premier ministre. Mais c’était en 1996, et le premier ministre était Lucien Bouchard.
«38 déficits en 44 ans»: une moyenne trompeuse
Le graphique 1 ci-dessous présente l’évolution du solde budgétaire du gouvernement du Québec pour les 47 années financières* de 1970 à 2016. Si on fait le compte jusqu’à l’année 2013, la dernière avant l’arrivée du gouvernement Couillard, on dénombre 38 années déficitaires (sous zéro) sur 44.
Cette façon de résumer l’évolution du budget du Québec uniquement par une moyenne globale a été entendue à répétition depuis trois ans. Mathématiquement, elle est correcte, mais un simple coup d’œil au graphique montre qu’il faut absolument distinguer les 28 premières années des 16 suivantes.
1970-1997: l’ascension de la dette et le moment décisif de 1996
On voit immédiatement que toutes les années de 1970 à 1997 furent déficitaires. Elles étaient surtout l’œuvre des premiers ministres Bourassa et Parizeau, qui étaient les principaux responsables des finances du Québec à cette époque.
GRAPHIQUE 1 – SOLDE BUDGÉTAIRE DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC DE 1970 À 2016

Le graphique 1 montre aussi que l’histoire des 16 années de 1998 à 2013 n’est pas du tout la même que celle des 28 précédentes. Tout d’abord, au cours des années 1998 à 2008, 6 budgets sur 11 ont enregistré un surplus. Au cumulatif de ces 11 années, la somme des surplus a dépassé la somme des déficits de 1,3 milliard de dollars. Cependant, avec la récession mondiale de 2009, la lente reprise qui a suivi et le ralentissement démographique au Québec, les déficits budgétaires se sont succédé pendant cinq ans de 2009 à 2013.
Qu’est-ce qui a fait que les 16 années de 1998 à 2013 ont été si différentes de celles de 1970 à 1997? Le moment décisif s’est produit en 1996 et il met en cause directement le premier ministre Bouchard.
En juin 1996, M. Bouchard s’est rendu à New York. Il y a rencontré les responsables de l’agence de notation Moody’s, l’une des deux plus importantes agences de notation de crédit. Moody’s avait déjà fait subir deux décotes aux obligations à long terme du Québec, soit en 1993 et en 1995. La firme menaçait de décoter le Québec une troisième fois d’affilée en 1996. L’autre grande agence, Standard & Poor’s, avait réduit sa cote du Québec en 1993. Tout cela pouvait finir par coûter plusieurs centaines de millions de dollars en charges d’intérêts annuelles supplémentaires au gouvernement et aux contribuables. Le premier ministre alla rencontrer les gens de Moody’s pour tenter de les convaincre de ne pas donner suite à leur intention.
On voit au graphique 2 ce qui préoccupait Moody’s. Pendant 25 ans, de mars 1971 à mars 1995, la dette du Québec avait presque toujours augmenté plus vite que l’économie. Son poids dans le produit intérieur brut (PIB) avait quadruplé. Il était passé de 15 % du PIB en mars 1971 à 61 % en mars 1995.
GRAPHIQUE 2 – DETTE DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC EN POURCENTAGE DU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT (PIB) DE 1971 À 2017

Le graphique 3 complète le tableau en montrant que le poids des intérêts à payer par le gouvernement sur sa dette avait lui aussi quadruplé. De 1,2 % du PIB en 1971, il avait grimpé à 4,8 % en 1995-1996. La capacité financière d’un emprunteur à payer les intérêts sur ses emprunts est la principale préoccupation des bailleurs de fonds. Or, la perception de Moody’s était que la tendance de la dette et des intérêts du Québec à augmenter plus vite que son PIB allait se poursuivre, et qu’à terme cela mettrait en danger la capacité du Québec d’honorer ses obligations financières.
Lors de sa visite à New York de juin 1996, le premier ministre Bouchard a conclu une entente avec les responsables de Moody’s. Le projet de loi sur l’élimination du déficit et l’équilibre budgétaire, déjà présenté en mai 1996, serait adopté l’automne suivant, en échange de quoi la cote de crédit du Québec ne serait pas de nouveau réduite.
Philippe Couillard a donc eu raison d’affirmer que le Québec s’en allait dans un mur et qu’il avait été sauvé par son premier ministre. Il s’est seulement trompé de 20 ans. Le sauveteur n’était pas lui, mais Lucien Bouchard.
GRAPHIQUE 3 – CHARGES D’INTÉRÊTS SUR LA DETTE DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC EN POURCENTAGE DU PIB DE 1970 À 2016

1998-2008: un succès durable
Mais M. Bouchard a-t-il vraiment réussi? Bien que certaines mesures de son gouvernement, comme les retraites accélérées de médecins et d’infirmières, n’aient pas été sans causer des maux de tête, il faut reconnaître que, globalement, le virage appliqué aux finances publiques a été couronné de succès.
Il a réussi pour deux raisons. La première est que le sauvetage de 1996 avait été entériné par la Conférence sur le devenir social et économique du Québec de mars 1996 et par le Sommet sur l’économie et l’emploi d’octobre 1996. L’objectif du déficit zéro reposait sur un vaste consensus économique et social. La seconde raison du succès est que l’effet économique négatif des compressions budgétaires appliquées par le gouvernement de 1996 à 1999 a été compensé par la forte reprise que connaissait le Canada après sept années de récession et de stagnation de 1990 à 1996. La croissance fut deux fois plus rapide que prévu. M. Bouchard a pu surfer sur une solide reprise économique.
De plus, le gouvernement Charest a plus tard renforcé la mainmise sur le solde budgétaire et la dette. Il a introduit, en 2006, sa Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations. Cette dernière enjoignait au gouvernement non seulement d’équilibrer son budget, mais de réaliser des surplus budgétaires devant être déposés dans un compte d’épargne appelé, justement, Fonds des générations. Elle lui dictait aussi de limiter la croissance totale de la dette, qui comprenait non seulement les déficits budgétaires cumulés, mais également les emprunts effectués pour financer ses immobilisations et ses prêts aux entreprises.
Le graphique 2 fait le bilan des années Bouchard, Landry et Charest sur la dette du Québec. Cette dernière a augmenté systématiquement moins vite que l’économie, de sorte que son poids est passé du sommet de 61 % atteint en 1995 à un creux de 50 % au début de la récession de 2009. De son côté, le graphique 3 montre que les charges d’intérêts ont été sciées en deux. De 4,8 % du PIB en 1995, elles ont diminué à 2,6 % en 2008, sous l’effet conjugué de l’allégement de la dette et de la baisse mondiale des taux d’intérêt.
Les agences de notation du crédit n’ont pas été longues à reconnaître que le gouvernement Bouchard avait maîtrisé l’endettement. Aucune décote n’a suivi le voyage du premier ministre à New York en juin 1996 et l’adoption de la Loi sur l’élimination du déficit et l’équilibre budgétaire en décembre 1996. Puis, de 1996 à 2009, la cote de crédit a continuellement été maintenue ou améliorée. Chez Standard & Poor’s, elle est demeurée stable; chez Moody’s, elle a été haussée en 2001 et en 2006.
2009-2013: la récession, la lente reprise et le repli démographique
L’histoire des années 2009 à 2016 est différente de celle des années 1998 à 2008. Le budget du Québec est tombé en déficit dès l’année de récession 2009. Il y est resté pendant les quatre années suivantes, de 2010 à 2013, sous la direction des ministres des Finances Jérôme-Forget (2009), Bachand (2010-2012) et Marceau (2013).
Lorsque l’économie essuie une récession, comme en 2009, le revenu intérieur (PIB) diminue et entraîne à la baisse avec lui les revenus fiscaux du gouvernement, ce qui fait apparaître un déficit au budget. Si le gouvernement réagissait en haussant ses impôts et taxes et en comprimant ses dépenses afin d’empêcher le déficit de se produire, il jetterait de l’huile sur le feu en retirant encore plus d’argent de l’économie. La récession empirerait. Un ministre des Finances intelligent veut évidemment éviter de faire tomber l’économie dans un tel cercle vicieux. Le simple bon sens commande qu’il encaisse le déficit afin de soutenir le revenu des citoyens en attendant qu’une reprise se manifeste. La Loi sur l’équilibre budgétaire du Québec prévoit une telle situation. Elle permet au gouvernement de présenter un budget déficitaire le cas échéant, tout en stipulant les conditions du retour à l’équilibre une fois la récession passée.
La récession de 2009 a été mondiale, la reprise qui a suivi a été lente, et un important ralentissement démographique a frappé le Québec après 2010. Le Québec a essuyé un déficit de 2,9 milliards de dollars au cours de l’année de récession 2009-2010 et, dans les années suivantes, quatre autres déficits inférieurs à cette somme.
La dette, pour sa part, a vu son poids dans le PIB remonter de 4 points de pourcentage de mars 2009 à mars 2014. On voit, au graphique 2, que le rapport dette-PIB est passé de 50 % à 54 %. Ce que peu de gens ont remarqué, c’est que cet alourdissement de la dette n’a pas surtout résulté de l’accumulation des déficits budgétaires proprement dits. Plus de 80 % est attribuable à l’accélération des dépenses d’immobilisations et des prêts et avances du gouvernement. Il fallait, de toute urgence, commencer à réparer les routes, les ponts (qui tombaient) et les bâtiments publics après des décennies de négligence.
En Ontario, le poids de la dette est parti d’un niveau plus bas qu’au Québec, soit 27 % du PIB en mars 2008. Mais il a ensuite grimpé de 19 points, atteignant 46 % du PIB en mars 2015. Les agences de notation ont commencé à être préoccupées par l’évolution financière du gouvernement de l’Ontario. Elles ont abaissé tour à tour sa cote de crédit. La canadienne Dominion Bond Rating Service l’a fait en 2009 et les américaines Moody’s en 2012 et Standard & Poor’s en 2015.
Le Canada et les États-Unis offrent deux autres points de repère utiles. Le Fonds monétaire international estime que, de décembre 2007 à décembre 2013, le rapport dette-PIB de l’ensemble des administrations publiques est passé de 67 % à 86 % au Canada (hausse de 19 points de pourcentage) et de 64 % à 105 % aux États-Unis (hausse de 41 points).
En comparaison de l’augmentation du poids de la dette de 19 points de PIB en Ontario et dans l’ensemble du Canada et de 41 points dans l’ensemble des États-Unis, la hausse de 4 points seulement au Québec paraît donc très sage.
Quel verdict donne le graphique 3 sur l’évolution de la capacité financière du Québec d’effectuer ses paiements d’intérêts de 2008 à 2013? Il montre que le poids des paiements d’intérêts du Québec dans le PIB n’a que légèrement augmenté. Il est passé de 2,6 % à 2,9 %. Cela explique que les agences de notation n’aient pas vu de «mur» s’élever devant la capacité financière du gouvernement du Québec et aient jugé que rien, pendant toute cette période, ne justifiait une baisse de sa cote.
2014-2017: un retournement budgétaire de 5 milliards
Il reste à considérer les trois dernières années, qui sont les trois premières du gouvernement Couillard. Au cours de cette période, le gouvernement a décidé d’accélérer le retour du budget à l’équilibre. Il a immédiatement éliminé le déficit en 2014 et produit deux importants surplus en 2015 et (à venir) en 2016.
Le gouvernement a porté le grand coup. En faisant passer le solde budgétaire d’un déficit de 1,7 milliard de dollars en 2013 à un surplus de 3,6 milliards en 2015, il s’est trouvé à provoquer un important retournement financier de 5,3 milliards de dollars en deux ans. (Le solde budgétaire dont il est question ici est le vrai solde et non celui qui reste après qu’on en ait soustrait la somme qui est versée au Fonds des générations.)
Cette manœuvre a eu deux conséquences néfastes, qui aident à comprendre pourquoi la contraction budgétaire appliquée par le gouvernement Couillard en 2014 et 2015 a obtenu de moins bons résultats que celle imposée par le gouvernement Bouchard en 1996 et 1997.
En premier lieu, les mesures du gouvernement Couillard ont amplifié le recul de l’économie au moment même où l’investissement des entreprises subissait déjà une monumentale dégringolade (23 % de 2012 à 2016!), surtout en raison de la baisse démographique. À l’inverse, l’effet négatif des restrictions budgétaires du gouvernement Bouchard sur l’économie avait été moins vivement ressenti, parce que la croissance s’était fortement accélérée au Canada de 1996 à 1999. Malheureusement, en 2014 et 2015, le timing a été mauvais, parce que l’économie vivait une transition difficile. En juin 2014, le nouveau ministre des Finances, Carlos Leitão, n’a pas donné l’impression de se soucier des retombées négatives de son budget sur l’économie. Il prévoyait que le PIB du Québec atteindrait 406 milliards de dollars en 2016. Or, selon toute vraisemblance, il aura été d’environ 390 milliards – 16 milliards de moins que prévu.
En second lieu, de 2014 à 2016, la cohésion sociale et les services publics ont sérieusement souffert des compressions budgétaires. Pour aller vite, on a agi par décrets au sommet, de façon autoritaire, sans prendre suffisamment de temps pour dialoguer avec les groupes visés par les compressions et sans donner aux gens le temps de se préparer et de s’adapter aux changements envisagés. Tout le contraire des deux sommets économiques et sociaux consensuels qui furent tenus par M. Bouchard en 1996 et des mesures qui ont suivi.
Dans son discours inaugural du 21 mai 2014, le premier ministre Couillard avait annoncé qu’il allait «avancer en toute transparence, dans un dialogue constant avec les Québécois». Malheureusement, le dialogue social promis ne s’est manifestement pas poursuivi avec la même conviction et la même intensité en 2014 et 2015 qu’en 1996. La méfiance et la résistance se sont répandues dans la population.
Un étalement du retour à l’équilibre budgétaire sur deux ou trois ans de plus aurait pu éviter un recul de l’économie et les multiples erreurs associées aux compressions précipitées.
Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi d’éliminer tout d’un coup le déficit budgétaire, puis de le transformer en importants surplus au cours des trois derniers exercices financiers? Certains ont pu vraiment croire qu’une crise des finances publiques était imminente et que le Québec «s’en allait dans un mur», bien qu’aucun économiste sérieux ni aucune agence de notation n’aient accrédité cette thèse. Mais quelle que soit son opinion véritable, le gouvernement ne s’est pas gêné pour propager l’inquiétude au sujet des déficits et de la dette dans la population.
Par exemple, lors de son discours inaugural, le premier ministre Couillard déclarait: «Monsieur le président, nous devons nous libérer de la menace qui enchaîne notre liberté de faire des choix: si rien n’est fait, le déficit budgétaire du Québec dépassera les 5 milliards de dollars en 2014-2015 et serait de plus de 7 milliards de dollars en 2015-2016.» Dans son discours sur le budget 2014-2015 du 4 juin 2014, le ministre des Finances, Carlos Leitão, réitérait: «Pour 2014-2015 et 2015-2016, si rien n’était fait, le Québec serait confronté à des déficits respectifs de 5,9 milliards de dollars et de 7,6 milliards de dollars, ce qui l’éloignerait de nouveau du retour à l’équilibre budgétaire.»
Ces déclarations laissaient croire que les finances publiques du Québec nous échappaient complètement.
La réalité était cependant tout autre. Les sommes exorbitantes de 5,9 milliards en 2014 et de 7,6 milliards en 2015 reflétaient principalement les demandes préliminaires des ministères et organismes gouvernementaux dans la préparation du budget. Si ces demandes avaient été satisfaites, elles auraient évidemment entraîné des déficits gigantesques. Il n’y avait pourtant aucun danger qu’elles le soient.
Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la dynamique interactive habituelle entre l’arbitre des dépenses au sommet du gouvernement — le Conseil du Trésor — et ses répondants à la base dans les ministères et organismes. Pas besoin d’un doctorat en psychologie pour comprendre qu’au tout début de la planification budgétaire, ces derniers manifestent toujours de gros appétits en matière d’augmentation des dépenses, parce qu’ils s’attendent à subir des compressions et, par conséquent, demandent beaucoup plus que nécessaire. Chaque année, la procédure administrative suivie ramène ensuite ces demandes préliminaires à des niveaux convenables, et ce, de façon plus ou moins routinière.
Aucun budget antérieur n’avait jugé bon de rapporter ces échanges internes initiaux entre le Conseil du Trésor et ses répondants. Pour évaluer sa situation financière, le gouvernement a commandé deux rapports au printemps 2014: un Rapport d’experts sur l’état des finances publiques du Québec (avril 2014) et une Vérification particulière du Vérificateur général du Québec (juin 2014). Or, aucun des deux n’a pu fournir d’explication pour la majeure partie des dépassements internes et préliminaires dont le premier ministre et le ministre des Finances ont fait état dans leurs discours du 21 mai et du 4 juin.
Présenter comme sérieuses des demandes préliminaires internes débridées conduisant à des déficits gigantesques n’était rien d’autre qu’une opération de relations publiques destinée à exagérer hors de proportion les difficultés du budget et à convaincre la population que le patient était gravement malade et qu’il fallait impérativement et de toute urgence pratiquer sur lui une opération à cœur ouvert. Ce ne fut pas l’heure la plus glorieuse de l’histoire de la transparence budgétaire au Québec.
Cela dit, bien des élus et militants libéraux ont immédiatement compris qu’un avantage politique pouvait être tiré de la construction d’une plantureuse marge de manœuvre financière, pourvu que les choses ne traînent pas en longueur. C’était comme enlever un diachylon d’un coup sec, sans trop se préoccuper des effets «secondaires» sur l’économie, l’emploi et les services publics. La marge vite retrouvée allait permettre de réduire les impôts et de recommencer à dépenser bien avant l’échéance électorale de 2018. On pourrait ainsi, bien entendu, mieux relever les défis de la santé, de l’éducation et de l’économie, mais aussi plaire à l’électorat et maximiser les chances de réélection du gouvernement. L’appui des militants à l’orientation budgétaire proposée était dès lors assuré.
Résumé
On entend souvent dire que 38 années sur 44 au cours de la période de 1970 à 2013 ont été déficitaires pour le budget du Québec, et que le gouvernement Couillard a complètement changé la perspective en présentant trois budgets excédentaires de 2014 à 2016. Cette interprétation de l’histoire basée sur une simple moyenne globale fausse la réalité.
La vérité est que les 47 années de 1970 à 2016 englobent deux périodes bien distinctes. La première a duré 28 ans, de 1970 à 1997. Sous la houlette des deux premiers ministres Bourassa et Parizeau, elle a été caractérisée par une suite ininterrompue de déficits budgétaires et une ascension irrésistible de la dette et des charges d’intérêts.
La seconde période comprend les 19 dernières années, de 1998 à aujourd’hui. Cette période a été soumise à la Loi sur l’équilibre budgétaire, puis à la Loi sur la réduction de la dette, par les premiers ministres Bouchard, Landry et Charest. On peut y distinguer trois phases.
Les 11 premières années, de 1998 à 2008, ont vu les surplus budgétaires dominer les déficits en toute conformité aux deux lois.
Les 5 années suivantes, de 2009 à 2013, ont été éprouvantes. Le Québec a alors connu une récession, une lente reprise et un repli démographique important accompagnés d’une suite de déficits réels, mais finalement plutôt modestes en comparaison de ceux de ses voisins et partenaires.
Enfin, les 3 dernières années, de 2014 à 2016, ont connu un retournement budgétaire majeur produit par le gouvernement Couillard. Non seulement on a rétabli l’équilibre budgétaire, mais des surplus sans précédent sont ensuite apparus.
La croissance économique, la cohésion sociale et les services publics en ont malheureusement souffert. Contrairement aux compressions budgétaires du gouvernement Bouchard de 1996 à 1998, celles du gouvernement Couillard de 2014 à 2016 ont été appliquées dans un contexte économique difficile et sans dialogue social.
Malgré les perturbations économiques et démographiques qui ont secoué l’économie depuis 2009 et ont fait légèrement remonter le rapport dette-PIB, le Québec finance une dette et des charges d’intérêts qui sont moins lourdes depuis 20 ans qu’à leur sommet de 1995, et sont à peu près stables depuis 2012.
L’analyse historique montre que c’est en 1996, et non en 2014, que les finances publiques du Québec ont «frappé un mur» et ont été «sauvées» par le premier ministre. Le sauveur a été Lucien Bouchard. C’est sa Loi sur l’élimination du déficit et l’équilibre budgétaire de 1996 qui a fait faire à nos finances publiques un virage fondamental et durable, bien avant les mesures ponctuelles appliquées depuis 2014 par le gouvernement Couillard.
* Les années financières du gouvernement du Québec débutent le 1er avril et se terminent le 31 mars de l’année suivante.
Ici la question reste plus politique qu’économique. Si ce n’est, comme le remarque l’économiste Joseph Stiglitz que l’économique et le politique sont intimement liés. J’ai émis quelquefois dans mes commentaires, quelques doutes quant à la posologie préconisée par le gouvernement. Et c’est vrai, le champ de communication n’a jamais été très très fort qui plus est.
Même monsieur Couillard estimait voici peu de temps, que le gouvernement devait améliorer sa communication avec la population. D’une manière plus prospective, ce qu’il faut observer désormais, c’est ce de quelle manière la PM et son gouvernement entendent faire usage de ces surplus désormais.
Nous avons déjà quelques petites idées sur le sujet. Nous en saurons peut-être un peu plus dans les semaines à venir avec le remaniement.
Comme l’écrit dans cet article probant, Pierre Fortin : « Il fallait, de toute urgence, commencer à réparer les routes, les ponts (qui tombaient) et les bâtiments publics après des décennies de négligence. »
C’est ce qui est au cœur du problème, nous avons tellement de besoins criants qui se sont accumulés au fil des ans, qu’il faudrait probablement pour y voir un peu plus clair, organiser des États-généraux si possibles généreux pour générer une croissance qui profite à toutes et tous partout au Québec.
Car une des questions sous-jacente de la croissance, c’est encore de savoir à qui elle profite et comment elle profite. Une croissance profitable soutient une croissance stable et durable.
Aussi longtemps qu’il n’y aura pas une volonté de travailler tous ensemble, il faudra s’attendre à des sauvetages réels ou fictifs qui finalement rendent justifiables la politique de politiciens qui soutiennent généreusement dans l’effort une grosse poignée de personnel administratif dûment appointé. Dans les univers totalitaires, on appelle cela : la bureaucratie.
— Joyeux Noël ! Le Christ, cet universel sauveur doit être parait-il encore parmi-nous 🙂
Foutrement bien expliqué. Merci.
Ceci a été écrit par un grincheux alors Bouchard n’a rien fait d’extraordinaire à part de mettre des milliers de personnes à leur retraite même s’il n’était pas rendu à ce terme.fermer des hôpitaux couper dans toutes les dépenses de travaux publics et investissement dans le privé, etc. c’était un règne très noir dont encore aujourd’hui ont en souffre +++++j’aimerais entendre vraiment une vraie analyse de nos finances, mais surtout pas vous petit politicien.
Que d’agressivité dans ce commentaire !!!
euh! les graphiques parlent d’eux-même. A moins que vous soyez incapable de comprendre un graphique. Pour ce qui est de dire que Bouchard a mis des milliers de personnes à la retraire avant le temps, je vous ferais remarqué que personne n’était obligé d’accepter l’offre faite par le gouvernement. J’étais dans le public à l’époque et j’ai vue des collègues qui avaient à peine 52 ans l’accepté… c’était leur choix. Et dans les faits nombreux d’entre eux sont aller travailler dans le privé car dans les faits ils n’étaient pas prêt pour la retraite. Au final c’était gagnant pour eux.
Peut-être devriez-vous commenter sur le site du Journal de Montréal? Ils ont l’habitude des commentaires agressifs et irrespectueux.Vous avez des arguments valables, c’est dommage. Vous ne répondez toutefois pas au fond de l’article, qui est de dire que Couillard n’a pas sauvé les finances publiques.
Après avoir lu vos commentaires sur mon intervention sur l’IEDM, je pourrais très facilement vous inviter à faire de même Monsieur!
Merci à Pierre FORTIN pour tous ses éclairages toujours clairs et précis. La science économique existe. Encore faut-il savoir y avoir recours lorsque le malade l’exige. Pourtant, il me semble que son diagnostic avait déjà été bien posé il y a 3 ans. On a préféré le bistouri.
Cet article est une belle œuvre pédagogique qui devrait réunir l’ensemble des Québécois. Ce qui a été magistralement décrit ici c’est ce que j’ai observé et perçu comme simple citoyen depuis le début de ma vie active d’enseignant en 1979.
Jacques Tremblay
Enseignant retraité en mathématiques
Sainte-Luce, Qc
Merci beaucoup, monsieur Tremblay. Je suis moi-même mathématicien de formation. J’ai travaillé un temps à déchiffrer et à prolonger (un peu) la théorie de Gustave Choquet sur les représentations intégrales dans les espaces vectoriels topologiques localement convexes. Mai je dois vous avouer que la règle qui m’est le plus utile dans ce champ des mathématiques appliquées qu’est l’économie est la RÈGLE DE TROIS ! Quand j’ai obtenu ma maîtrise en math, ma mère m’a bien averti: « Écoute, mon Pierrot, tu as peut-être fait des « hautes mathématiques », mais dans le quotidien assure-toi donc de ne jamais oublier ta règle de trois! » J’espère que mes billets révèlent bien mon obéissance à ce clairvoyant conseil maternel! Cordialement à vous. PF
M.Fortin, toujours factuel et qui sait synthétiser, résume très bien à mon avis le tour de passe-passe que le Gouv de P.Couillard a fait et continue à faire aux québécois depuis qu’il a pris le pouvoir en 2014 : « Désinformer pour justifier ses actions » (une technique à la mode ces temps-ci), mais pire encore, qu’après nous avoir fait le coup notre premier ministre en s’y référant ose poussé la note en se déclarant « Le sauveur du Québec ». Se faire leurrer plus que ça… !
M.Couillard a bien rajouté le lendemain de sa bourde qu’il aurait dû dire » Sauveur du Québec, mais financièrement » et il a bien fait de préciser pour coller un peu mieux à la réalité, parce qu’à part de gonfler le surplus budgétaire qui lui est si cher, il a dégradé tout le reste des « vraies affaires aux yeux des québécois » les services de Santé, d’Éducation, il a même réussi à faire le contraire de ce que prêche constamment le PLQ, en créant de l’insécurité / de l’instabilité dans notre société.
Maintenant que nous savons on ne peut plus clairement ce que le PLQ est capable de faire / les moyens qu’il est prêt à prendre pour prendre et garder le pouvoir… aux québécois d’être assez vigilants pour le pas retomber dans le panneau de ces politiciens qui nous abordent avec des masques et des mensonges pour, un coup derrière le volant du Québec, improviser de façon lamentable dans la gestion de nos affaires mais sans jamais tenir compte de nos intérêts.
Alléluia néolibéral !
À part la désagrégation sociale constante (en éducation, santé et services sociaux) qui a accompagné les redressements (et surplus) budgétaires, laquelle a été, n’en déplaise à Fortin, le produit comparable de toutes les périodes cumulées d’austérité, nous ne lisons rien sur les fuites faramineuses des capitaux publics dans les mafias politicorentables, et, en particulier, des 20 % des budgets d’infrastructures routières et immobilières grugés par la voracité et la collusion des entreprises d’ingénierie et de construction voyous.
Rien non plus sur le scandale de l’évitement fiscal dont le Québec se fait une grande spécialité.
Rien non plus sur celui de l’évasion fiscale dont la croissance est ininterrompue, malgré les discours politiques prometteurs.
Rien non plus sur le déplacement (d’environ 20 % de 2012 à 2016!) de l’investissement des entreprises et de leurs actionnaires dans l’économie virtuelle improductive, provoquant la précarité économique permanente et celle des emplois.
Rien non plus sur la paupérisation des trois premiers quintiles au profit des deux autres, avec une contribution remarquable des médecins à la médecine gouvernementale de leurs pairs.
Alors donner la couronne à Bouchard, dans l’ignorance des effets dévastateurs de SA lucidité sur le filet et le tissu social, c’est, pour le moins, conceptualiser mollement le concept de messie : on a, semble-t-il, les sauveurs que l’on « se mérite »!
Bref, c’est l’enfer ici bas…
Un fidèle partisan de QS peut-être?
Merci, M. Fortin, de remettre les pendules à l’heure de manière aussi claire et intelligible. Je souhaiterais seulement que plus de Québécois aient accès à votre analyse. En lisant votre texte, l’idée m’est venue que le gouvernement Couillard utilise la même stratégie que Donald Trump qui, en criant haut et fort que les États-Unis allaient très mal alors que les chiffres (chômage à la baisse, création d’emploi soutenue, etc.) racontent une histoire différente, a fait peur à assez de monde pour qu’ils choisissent le changement radical qu’il représente. M. Couillard tente lui aussi de faire peur aux Québécois et se présente comme sauveteur-Père Noel qui va bientôt nous accorder des baisses d’impôt et des réinvestissements majeurs. Scandaleux! Révoltant! Je ne veux pas d’un pseudo-Trump à la tête du Québec!!!
Excellent article rétrospectif sur l’économie québécoise! Merci M. Fortin! Salutations, Dominique.
Tel qu’est votre habitude, vous n’indiquez que Parizeau lorsqu’il s’agit de déficit et oubliez votre grand ami, avec lequel vous avez travaillé, monsieur René Lévesque dont son gouvernement a fait de 76 à 84 que des déficits. Monsieur que monsieur Bourassa n’a fait que ramasser les nombreuses gaffes de son prédécesseur, monsieur Lévesque et Co. et pu redresser la situation en moins de quatre années.
Soyez donc un peu plus intègre dans vos assertions, la vérité à toujours meilleur goût.
Monsieur Roger. J’ai travaillé auprès de M. Lévesque en 1984-85, qui m’a demandé de l’accompagner dans les 15 derniers mois de sa carrière. J’ai aussi aidé Marc Lalonde, ministre des Finances fédéral de Trudeau père, en 1982-1984, Lucien Bouchard en 1998, Monique Jérôme-Forget en 2008-2009 et Raymond Bachand en 2010-2011, ces deux derniers ayant été ministres des Finances du Québec. J’ai également bénéficié de nombreux échanges particulièrement amicaux avec M. Bourassa lorsqu’il fut professeur invité à l’Université Laval. Vous pouvez en conclure que, ou bien je suis un agent double, grand admirateur de John Le Carré, ou bien je trouve qu’il y a du bon dans toutes sortes de personnes admirables et respectables qui ne partagent pas nécessairement entre elles les mêmes idées politiques.
Dans le cas de Bourassa et Parizeau, il est évident que ce sont eux qui furent les décideurs ultimes sur les finances publiques du Québec, et non pas, respectivement, Gérard D. Lévesque et René Lévesque. Bourassa et Parizeau furent des opposants à la politique anti-dette du premier ministre Duplessis qui retarda le développement des infrastructures au Québec dans les années 1950. Cela pourrait être une explication partielle de leur tendance à laisser la dette fortement augmenter de 1970 à 1995.
Cordialement à vous. PF
Monsieur Fortin
Comment expliquez-vous la hausse vertigineuse des dépenses à compter de l’apparition de monsieur Lévesques en 1976 jusqu’à son départ en 84.. Monsieur Parizeau n’a été premier ministre que durant 2 ans seulement, 95% des hausses de la dette du Québec était derrière lui.
Nous ne pouvons attribuer les dépenses pour les infrastructures (hôpitaux, système scolaire de tout niveau et les infra routières) aux dépenses de la période Lévesques tout de même.
Monsieur Fortin
Vous dites « Cela pourrait être une explication partielle de leur tendance à laisser la dette fortement augmenter de 1970 à 1995. » Monsieur Bourassa n’a rien à voir avec les dettes au delà de 1976 car c’est le Parti québécois qui faisait la fête durant la période 76-85.
Lors de son retour en politique il réussit en moins de quatre années à revenir au déficit zéro (ou presque) alors que 10 années de dettes accumulées par monsieur Lévesques et compagnie devaient prendre fin. Hors le Québec subit toujours à ce jour le poids d’au delà de 75% de la dette actuelle au régime des péquistes.
Vous devriez constater que le visage de monsieur Lévesque manque à votre graphique d’il y a quelques mois, n’est-ce pas ?
http://www.lactualite.com/lactualite-affaires/dette-du-quebec-rien-ne-justifie-la-panique/
Les bons coups que Philippe Couillard s’attribues ont été proposés ou réalisés par les autres (quel sans gênes tout de même) Le remplacer sera notre bon coup à nous en 2018 (Sauvons nous de lui)
Merci à monsieur Fortin pour ses explications bien étoffées. Il y a une question qui me chicote toujours lorsqu’il est mention de budget provincial, de déficit et de manque à gagner : après tout ce que nous avons appris à la commission Charbonneau et tout ce qui n’a pas été dit, mais qui est resté en suspens et fort plausible comme les surfacturations des contrats informatiques, des Transports, magouilles dans les locations et administrations des bureaux du Gouvernement (l’ancienne SIQ), aussi la surfacturation possible des fournitures et médicaments en santé, et, dans bien d’autres domaines, alors, quels sont les impactes réels de toutes ces magouilles, collusions, échappatoires dans les abris et paradis fiscaux sur le budget du Québec et ses déficits ?
Pour les disciples du modèle de la demande globale par les soldes financiers sectoriels, l’équilibre budgétaire ou pire des surplus budgétaires sont un non-sens économique. Comme l’explique l’économiste Marc Lavoie :
« Nous savons, comme identité, que le déficit public doit égaler le déficit de la balance courante plus l’épargne financière nette du secteur privé. Donc ce dont nous avons besoin maintenant est un modèle qui simulera certaines équations comportementales et certaines causalités. En conditions réelles, en regardant les données, par exemple tant aux États-Unis qu’au Canada, il y a une ferme relation entre l’épargne financière du secteur privé et le déficit public. Comme Kalecki l’aurait demandé, lequel des deux est le plus susceptible d’influencer l’autre ? Je tends à penser que plus probablement l’investissement et le comportement de l’épargne influencent le solde budgétaire public. Similairement, du moins lorsque les économies atteignent un état semi-stationnaire, avec aucune croissance, les déficits gouvernementaux et les déficits publics vont de pair. Dans ce cas, la causalité est bidirectionnelle. Des déficits budgétaires peuvent survenir parce que les gouvernements souhaitent dépenser plus ; mais ils peuvent survenir aussi parce que, quelle qu’en soit la raison, la balance commerciale s’aventure dans le rouge. Tout le monde est suffisamment intelligent pour comprendre que tous les pays ne peuvent simultanément avoir une balance courante excédentaire ; mais s’il n’y a pas de croissance, cela implique également que tous les pays ne peuvent simultanément avoir des surplus budgétaires. Et ainsi, si certains pays opèrent des surplus budgétaires, les autres en arriveront à avoir des déficits budgétaires. » (New Directions in Monetary Economics: An Interview with Marc Lavoie, part II, Naked Capitalism)
Puisque le Québec connaît des surplus budgétaires et que le solde de sa balance courante est négatif, fatalement, le secteur privé (ménages et entreprise) s’est endetter davantage.
Dans le contexte canadien, le Québec a une balance courante positive avec les autres provinces et par un drôle de « hasard », l’Ontario et l’Alberta font des déficits budgétaires alors que le Québec obtient des surplus. Comme le disait ce grand philosophe : « Toute est dans toute ». Philippe Couillard, au lieu de s’autoproclamer « sauveur du Québec », devrait plutôt envoyer des fleurs à Rachel et Katleen pour les remercier.
Bien sûr que chacun a compris le message à sa façon. Dans mon cas, cette déclaration confirmait ma certitude que ce gouvernement était incapable de grandes réalisations, et partant, ne pouvait pas s’en vanter. Alors, comment nous le faire oublier? Je suis certain que l’idée ne vient pas du PM. Il y a sûrement une personne dans son entourage fort en marketing qui lui a suggéré de faire du bruit autour d’un sujet que peu de gens connaissent et la majorité des électeurs oublieront peut-être l’essentiel.
Pour une version moins partisane et biaisée de la situation financière du Québec:
http://www.iedm.org/fr/57-compteur-de-la-dette-quebecoise
Ce dossier est très complet et apolitique, LUI, et réponds à toutes les questions.
Allez-y et vous pourrez ensuite mieux juger l’article de M. Fortin.
Euh, François, dire que l’IEDM est apolitique est une farce pas drôle du tout. L’organisme n’est QUE politique. Ses analyses économiques sont toujours bâclées et font honte à la science économique.
…et de quel parti politique au juste sont-ils les adeptes?
…et en quoi leurs études FACTUELLES sont-elles « bâclées »?
…et en quoi sont-ils une « honte » à la science économique?
Bien hâte de lire vos PREUVES…! Parce que jusqu’à maintenant, vous ne faites que de vous attaquer au messager.
Plutôt que de nous référer à des sites poubelles, François devrait nous dire où P. Fortin fait fausse route et en quoi son analyse est politiquement biaisée. On pourrait ainsi juger si François est capable de réfléchir autrement que par site poubelle interposée.
Monsieur François. Excellente idée de nous référer au site de l’IEDM. L’IEDM est un organisme qui vise à proposer des réformes fondées sur des mécanismes de marché. C’est aussi l’objectif poursuivi par les autres Instituts du genre en Europe et en Amérique du Nord (Institute of Economic Affairs de Londres, Cato Institute de Washington, Fraser Institute de Vancouver, etc.).
Ces instituts jouent un rôle utile dans notre société, où trop de gens ne pensent qu’à l’intervention étatique pour résoudre tous les problèmes économiques et sociaux. Je partage cette préoccupation, mais disons que j’essaie d’adopter un point de vue plus pragmatique que le leur, qui frise souvent la religion. Le marché est souvent la meilleure solution, mais il manque son coup dans beaucoup de circonstances bien documentées. Comme avait coutume de dire ma belle-mère en matière de religion, justement : « Vous savez, Pierre, moi, l’Immaculée conception, il faut en prendre et en laisser… » Cela dit, l’IEDM soutient plusieurs chercheurs compétents et publie plein de travaux intéressants. Il faut juger au cas par cas.
En ce qui concerne la dette, le site de l’IEDM est manifestement destiné à engendrer l’inquiétude, sinon la panique, à voir le compteur additionner les dollars seconde par seconde. (Le PIB qui supporte la dette croît aussi vite, mais le compteur ne le rapporte pas.) Il n’est pas surprenant que l’IEDM utilise à cette fin le chiffre de dette le plus gros possible, soit celui de la dette de l’ensemble du secteur public provincial (273 G$ au 31 mars 2016 selon les Comptes publics) plutôt que celui de la dette brute du gouvernement du Québec (203 G$).
Rien ne s’oppose à l’usage par l’IEDM du gros chiffre de 273 G$ permettant d’englober la totalité du secteur public provincial. C’est une DESCRIPTION correcte de la réalité du secteur. Cependant, l’endettement global ne peut servir comme tel à l’ANALYSE de la capacité financière des organismes qui constituent le secteur public (gouvernement, entreprises publiques, municipalités, universités).
La dette de l’ensemble du secteur public provincial (273 G$) comprend en effet non seulement la dette du gouvernement provincial (203 G$), mais aussi 1) la dette d’Hydro-Québec et des autres entreprises du gouvernement (44 G$), 2) la dette des municipalités (24 G$) et 3) la dette des universités autres que les constituantes de l’Université du Québec (2 G$). (La dette des constituantes de l’Université du Québec fait déjà partie de la dette du gouvernement provincial.)
Il ne fait guère de sens, du point de vue de l’ANALYSE financière (et non de la pure DESCRIPTION), de mélanger la dette d’une administration publique générale comme le gouvernement du Québec et celle d’entreprises publiques comme Hydro-Québec, Loto-Québec ou la Société des alcools. La première finance ses paiements d’intérêts sur la dette surtout par la taxation, les secondes par ses bénéfices d’exploitation. Les deux sortes de corps publics méritent d’être analysés, mais pas sur la même base. Dans le cas des entreprises publiques québécoises, dont 99,5 % de la dette est émise par Hydro-Québec et finance ses installations hydroélectriques et autres, le bénéfice d’exploitation couvre présentement et amplement les frais financiers. De plus, notre grande entreprise d’électricité dispose d’une gigantesque marge de manœuvre en matière de prix pour parer à la moindre menace. Il ne faut pas mélanger les pommes avec les oranges. Aucune agence de notation du crédit ne fonde son analyse financière définitive du gouvernement du Québec sur un tel mélange. Hydro-Québec reçoit une cote séparée de celle du gouvernement.
Les municipalités méritent elles aussi qu’on surveille de près leur capacité financière. Mais une à une. La situation est différente à Montréal, à Laval, à Québec, à Saguenay, etc. Les contraintes légales à l’emprunt et les contraintes politiques à la taxation ne sont pas du tout les mêmes pour elles que pour le gouvernement du Québec. Il ne faut pas mélanger les pommes avec les raisins. Toutes les agences de notation du crédit font clairement la distinction entre les diverses municipalités et leur accordent des cotes séparées. Il ne fait aucun doute qu’en cas de faillite d’une municipalité, le gouvernement du Québec serait appelé à la rescousse. Mais la situation doit être évaluée ville par ville, pas collectivement.
En ce qui concerne la dette des universités autres que les constituantes de l’Université du Québec, je n’aurais personnellement aucune objection à ce qu’on l’ajoute à la dette du gouvernement du Québec. Ces établissements sont tous extrêmement dépendants des subventions provinciales, un peu comme les commissions scolaires et les cégeps. Il est vrai que les droits de scolarité versés par les étudiants peuvent être vus comme une source « indépendante » de financement des universités. Mais dans les faits, ces droits sont contrôlés de près par des règles strictes liant les subventions gouvernementales. La dette des universités autres que les constituantes de l’Université du Québec est cependant inférieure à 2 G$, ce qui est minime en proportion de la dette brute du gouvernement du Québec de 203 G$. L’ajouter au total donnerait une dette à peine supérieure, soit de 205 G$.
Utiliser la dette de l’ensemble du secteur public provincial pour décrire l’appel total à l’épargne du secteur est correct. Mais comme base d’analyse financière, cela ne ferait pas sérieux. Ni l’IEDM ni les agences de crédit ne peuvent se fonder sur l’ensemble de la salade de fruits pour juger intelligemment de la capacité financière individuelle des pommes, des oranges et des raisins.
Bien sincèrement vôtre, PF
Merci pour votre réponse que j’apprécie grandement.
Ça remet les pendules à l’heure après les interventions déficientes sur le sujet de l’IEDM des « Jean 23 » et « Bernard La Frenière » de ce monde…
Cependant, nonobstant tout ce que vous avez écrit, il n’en demeure pas moins que ce sont NOUS, les contribuables et habitants du Québec qui sommes entièrement et totalement responsables de l’immense dette qui nous accable TOUS. PLUS de $68,000.00 par contribuable!!! ET plus de $11.0 MILLIARDS d’intérêt à payer À CHAQUE ANNÉE!!!
Le PIB a beau augmenter tant que vous voudrez, le poste des intérêts SEULS (sans remise de capital!) est le 3e poste en importance dans nos dépenses provinciales. ET la dette AUGMENTE à une vitesse folle!!! faudra bien qu’un jour, on s’y attaque non?
J’ai bien l’impression que c’est votre pendule qui est déphasé. André Raynauld, ancien député libéral et économiste de renom, disait de la dette per capita : « Elle n’a pas de signification particulière ; c’est comme comparer la dette à la hauteur des édifices. » (Institutions économiques canadiennes, p. 405)
Le service de la dette est composé de la dette directe qui demande un décaissement (7,3 M en 2015-16), des intérêts sur le passif au titre des régimes de pension ainsi que des intérêts sur le passif au titre des avantages sociaux futurs, qui sont à toute fin pratique une reconnaissance de dette à payer plus tard, qui ne demande aucun décaissement.
En ce qui concerne cette affirmation insensée : « … le poste des intérêts SEULS (sans remise de capital!) est le 3e poste en importance dans nos dépenses provinciales. » Vous demanderez à un détenteur d’obligations québécoises, s’il reçoit seulement les intérêts lorsque vient le temps d’encaisser ses obligations venues à terme. Quant au rang, c’est un choix purement politique fait pour impressionner des personnes impressionnables comme vous.
Enfin, comme disait André Raynauld, encore lui :« Quand un État emprunte de ses citoyens, il obtient des uns de quoi donner aux autres. Le pays dans son ensemble ne peut pas être plus pauvre pour cette raison. Le paiement d’intérêt n’est pas un fardeau non plus, puisque de nouveau on retire des uns pour rembourser les autres. » (Idem, p.404)
Donc, s’endetter est s’enrichir… Du gros n’importe quoi!
Si vos théories vaseuses sur l’endettement avaient la moindre base logique, la Grèce serait la pays le plus riche de l’univers…
S’endetter, c’est remettre une partie de sa liberté et de son futur entre les mains d’autrui. Parlez-en aux Grecs.
Dites-moi, si vous aviez à investir entre deux sociétés et que l’une d’entre-elles avait un bilan sain, aucun endettement et une historique solide en matière de gestion de ses fonds et que l’autre était tout le contraire, laquelle choisiriez-vous???
Bien hâte de voir votre choix…
@ François 1
« Donc, s’endetter est s’enrichir … »
Mais comment pensez-vous que le capitalisme fonctionne ? Premièrement, je dois vous aviser que le texte de ma réplique ne dit nullement que « s’endetter est s’enrichir », mais je vais tout de même répondre à votre assertion, car oui, s’endetter, s’est s’enrichir.
Vous vous imaginez tout de même pas qu’une entreprise, au départ, investit à partir de ses bénéfices (résultat d’une production de biens ou de services déjà vendus) avant d’avoir pu produire un seul bien. Non, les entrepreneurs anticipent une demande de biens ou de service, les banques leur créditent l’argent nécessaire à la production, les entrepreneurs embauchent, achètent des biens, des machines, des bâtiments qui serviront à la production. Les salaires versés serviront à la consommation des biens produits. L’argent des ventes réalisées servira à rembourser le crédit accordé par les banques et le reste pourra être versé en dividende ou être réinvesti. La boucle est bouclée. Le processus recommence puisque les entreprises ont toujours besoin de crédit pour investir.
N.B. La même description vaut en ce qui concerne les États sauf que l’achat de services se fait au moyen des impôts.
En addenda
François 1 est fort pour accuser les autres qui ne pensent pas comme lui, d’être diplômés de l’UQAM en « science molle pas de math ».
Supposons que François 1 prête à ses enfants un montant de X dollars, cela signifie que la famille de François 1 possède une créance de X dollars et une dette du même montant. D’un point de vue comptable, les deux montants s’annulent (actif = X, passif = X). La famille possède à la fois la créance et la dette. Conclure après cela, qu’avec son endettement la famille de François 1 s’enrichit, il faut être un commentateur pas de math, d’une mollesse rare.
@ Marc Sauvageau le 4 janvier 2017 à 14 h 20 min etc…:
Une entreprise fait une chose que ne fait pas l’État: des profits qui lui servent à REMBOURSER le principal et les intérêts du prêt en question. De plus, elle n’engage qu’elle-même (i.e.: ses actionnaires) alors que l’État ne rembourse JAMAIS le principal de ses prêts; seulement les intérêts. Et même pire: de par ses déficits chroniques, il s’enfonce de plus en plus dans l’endettement ce qui ne fait qu’augmenter encore plus la charge du fardeau intolérable avec lequel les contribuables, les ultimes RESPONSABLES de la dette, doivent subsister.
Une dette signifie que vos attentes temporelles sont trop élevées. Cela signifie que vous acceptez de payer PLUS CHER en intérêts, en plus de remettre une partie de votre LIBERTÉ et de votre FUTUR entre des mains étrangères et ce, pour avoir accès à quelque chose tout de suite plutôt que d’attendre d’avoir gagné l’argent avant de le dépenser.
Je répète la question à laquelle vous avez soigneusement évité de répondre: « Si vous aviez à investir entre deux sociétés et que l’une d’entre-elles avait un bilan sain, aucun endettement et une historique solide en matière de gestion de ses fonds et que l’autre était tout le contraire, laquelle choisiriez-vous??? »…
Pas un mot sur les 800 millions donnés aux médecins par erreur et jamais récupérés, et quoi d’autre?
Monsieur Lanthier. Bonne observation. Mais je ne peux parler de tout à la fois. La conséquence des 800 millions « de trop » donnés aux médecins (et autres dérapages) est bien évidemment qu’il a fallu couper encore plus ailleurs pour arriver au même objectif de déficit zéro. J’ai bien appuyé moi aussi sur cette conséquence dans ma chronique du 15 mai dernier. Merci. PF
J’ai beaucoup plus confiance à l’analyse de M Fortin qu’aux déclarations venant des différents cabinets de ministre où tout est calculé pour dire quelque chose qui justifie un comportement après coup. M Fortin n’a pas à s’en tenir à la ligne de presse concocté par les attachés politiques. Merci pour cet autre point de vue sur le sauvetage du Québec….
Analyse solide! Je partage.
En fin de compte à 54% du PIB la dette provinciale n’est pas beaucoup plus petite qu’elle l’était en 1995.
Ce qui change c’est la situation des ménages qui sont aujourd’hui beaucoup plus endettés qu’ils ne l’étaient en 1995. À mon avis ce n’est que cette orgie consommatrice qui a soutenu la croissance assez pour que les gouvernements aient l’air ce contrôler leur dépenses. En réalité les ménages ont simplement pris le relais de l’endettement pour soutenir l’économie et masquer notre très faible productivité (et cela est principalement dû à l’accès facile au crédit grâce à la SCHL).
Bref, compte tenu de notre potentiel réel de croissance, la situation n’est pas meilleure qu’en 1995, elle est bien pire parce que les options pour pelleter par en avant sont plus rares, il y a certes le gouvernement fédéral qui a de la marge mais à la vitesse où Trudeau nous met dans le rouge pas pour longtemps et si la performance pathétique de l’Ontario et du reste du pays peuvent à l’occasion nous réconforter elles devraient aussi nous alarmer car les transferts venant d’eux pourraient bien diminuer…
Je suis d’accord que l’IEDM devrait retirer de leur compteur les dettes des entreprises du gouvernement qui rapportent de l’argent, comme Hydro-Québec. Personne ne doute vraiment de la capacité d’HQ à servir sa dette…
Le chiffre résultant resterait tout de même très inquiétant, pas besoin d’en rajouter pour faire sensation!
Même chose pour la dette américaine, il faut différencier les emprunts du secteur public de la dette intra gouvernementale envers la «social security», cela fait on se rend compte que les contribuables Canadiens (et surtout Québécois) doivent déjà fournir pas mal plus d’efforts que les américains pour servir la dette de leurs gouvernements. Si vous n’êtes pas convaincu allez voir les budgets, c’est très facile. En outre les américains ont plus de marge fiscale et un bien meilleur potentiel de croissance que nous, et à l’avenir ça va devenir un problème de plus en plus criant.
Ce qui est important de retenir est que notre société est globalement une des plus endettées au monde et que malheureusement cette montagne de dette n’a pas été contractée pour faire des investissements productifs mais bien pour dépenser, consommer et artificiellement maintenir un niveau de vie bien au-dessus des moyens normalement permis par notre productivité.
Peut-être me trompe-je, mais je ne crois pas et la prochaine décennie le démontrera sans doute.
Bonne année à tous et à vous M Fortin, merci de nous fournir ce bel espace de discussion.
En réplique @ François 1
Je suis bien conscient que je perds mon temps à essayer d’expliquer quelques rudiments macroéconomiques à un ignorant qui cherche à s’encrasser davantage dans son ignorance, mais j’ai comme principe de ne pas laisser toute la place aux cancres qui inondent de leurs commentaires les médias.
J’ai déjà signalé à François 1 que les obligations du Québec étaient remboursées en entier capital et intérêts, mais il insiste encore à affirmer ses âneries que « l’État ne rembourse JAMAIS le principal de ses prêts; seulement les intérêts. » On pourrait demander à François 1, s’il n’était pas si cancre, la signification de la locution : « Remboursements d’emprunts : 13 835 (2016-2017) » au chapitre « LE FINANCEMENT ET LA GESTION DE LA DETTE » inscrit au Plan Budgétaire 2016 du gouvernement, page E-20. Non, ça ne signifie pas le paiement d’intérêts puisque le paiement des intérêts est inscrit au chapitre du service de la dette dans ce même Plan Budgétaire – il s’imagine même que le Québec paie 11 milliards, pas moins, de façon récurrente.
Du même souffle, on pourrait lui expliquer, s’il n’était pas autant incrusté dans ses certitudes, qu’un état peut très bien faire des déficits à répétition et réduire son taux d’endettement. Étant donné les limites de notre « commentateur pas de math », je ne persisterai pas à lui expliquer la formule « magique ». On pourrait encore lui expliquer, mais sans grand espoir d’un quelconque signe de compréhension, que les citoyens qui paient la dette, parfois les mêmes, sont aussi ceux qui possèdent la créance et que ça ne prive la liberté de personne. François 1 cite souvent la Grèce, comme si elle avait le monopole de la dette, mais jamais le Japon, qui possède une dette plus élevée encore et de quelle liberté les Japonais sont-ils privés, peut-il nous le dire ?
Finalement, je ne répondrai pas à sa question, puisque des entreprises sans dette, n’existent que dans son monde à lui, la réalité, c’est que les entreprises ont toutes besoin de crédit et il n’a qu’à consulter le taux d’endettement des entreprises pour s’en convaincre – pas mal plus élevé que celui des ménages dont pBrasseur ne cesse de nous bassiner.
On rembourserait le capital mais la dette, elle, elle AUGMENTE…!!! Bravo pour le raisonnement.
Le taux d’endettement est une chose, la dette totale qui commande le paiement d’une somme colossale en intérêts seulement (PLUS de $11.0 MILLIARDS PAR ANNÉE!!!) en est une autre. Chaque contribuable Québécois est endetté de force par l’État de plus de $68,000.00 EXCLUANT ses propres dettes personnelles (qui sont « hénaurmes!!!) et vous trouvez ça cool? Pas grave? Sans importance? Et vous venez tenter de me donner des leçons d’économie? Yah…right!
La Grèce, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal, l’Italie…ça ne vous suffit pas??? Faut aller encore plus loin dans l’inconscience et le délire?
Des entreprises sans dettes, ça existe. Il y a plein de PME au Canada et ailleurs dans le monde qui fonctionnent de cette façon et elles s’en sortent très bien merci. Elles appliquent le bon vieux principe qu’il est plus intelligent de gagner l’argent AVANT de le dépenser. Et vous êtes contre cette façon de faire? Et c’est moi qui est dans l’erreur???
Libre à vous de suivre le troupeau de moutons déphasés qui se ruent vers le précipice en remettant au passage une grande part de leur liberté et de leur futur (et de celui de leurs enfants et de leurs petits-enfants) entre des mains étrangères mais de mon côté, je fuis comme la peste les technocrates dans votre genre qui tentent de vous convaincre que l’on s’enrichit en s’endettant.
Si vos grands principes étaient vrais, la Grèce serait l’un des pays les plus riches de la planète…
Ce que j’avais à dire, je l’ai dit, je ne commencerai pas à me répéter à chaque fois. Puisque vous faites mention des pays comme la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, je vous renvoie à mon premier commentaire où je cite Marc Lavoie qui explique très bien que si ces pays sont dans le rouge, c’est qu’à côté, il y a l’Allemagne qui engrange des surplus.
Maintenant cher François 1, vous nous expliquerez avec toute la sagesse qu’on vous connaît comment une entreprise qui n’a pas produit un seul bien ou service, donc qui n’a aucun revenu, fait pour payer ses employés, la machinerie, les bâtiments et les biens qui servent à la production sans s’endetter ? S’il y avait tant d’entreprises sans dette, il aurait été sage de votre part d’en nommer au moins une.
Bien sûr le Québec est encore très loin d’une situation de défaut, le problème n’est pas là, du moins pas encore.
Les infrastructures sont en très mauvais état (pire qu’à peu près partout dans le monde développé) et les services sont rationnés malgré les prélèvements fiscaux qui sont parmi les plus élevés en Amérique du Nord.
On aurait cru qu’une dette de cette taille aurait contribué à atténuer certains de ces problèmes.
Pourtant pas.
La dette est un symptôme. Ce que la dette démontre c’est que le «modèle Québécois» ne fonctionne pas. L’endettement accru n’a pas suffi à améliorer notre situation, pour le faire de cette façon il faudrait nous endetter à un rythme qui deviendrait bien vite problématique. La solution du gouvernement a été de rationner davantage sans modifier d’un iota le sacro-saint «modèle», on paie autant pour moins de services, bref on est plus pauvres. Le problème reste entier.
Dans votre modèle, il ne vous vient pas l’idée que les prix montent, inflation oblige, et que les taux d’intérêt ça peut parfois frôler l’indécence ? Ceci expliquerait cela (volume de la dette).