Shawinigan, une électrisante revanche

La ville de la Mauricie compte sur l’électrification des transports pour se relancer.

(Photo ©Nemaska Lithium)

Les draveurs qui ont contribué à l’essor de Shawinigan au XIXe siècle ne reconnaîtraient pas l’usine de pâtes et papiers incrustée dans le paysage depuis 1889, à la hauteur de Grand-Mère, qu’ils alimentaient jadis. Désaffectée depuis que Produits forestiers Résolu a mis la clé sous la porte, en 2014, envoyant au chômage ses 275 derniers travailleurs, l’usine vétuste se lance dans l’électrification des transports !

Nemaska Lithium, de Québec, y produit en effet depuis avril des sels de lithium, essentiels à la fabrication de batteries pour véhicules électriques. Quand la capacité maximale de production sera atteinte, en 2018, l’usine de Shawinigan sera en mesure de combler près de 15 % de la demande mondiale de sels de lithium.

La ville de 50 000  habitants, durement touchée depuis une décennie par la décroissance des pâtes et papiers, mais aussi de l’aluminium, retient son souffle. De cette ère industrielle, il ne reste pour ainsi dire que les barrages d’Hydro-Québec… Et si la popularité grandissante de la voiture électrique marquait le nouveau virage tant espéré ?

« On peut ambitionner de devenir la capitale de l’électrification des transports ! » dit Martin St-Pierre, jeune quadragénaire et directeur général de la chambre de commerce locale, qui note que Shawinigan compte déjà deux usines de fabrication de bornes de recharge pour véhicules électriques, Elmec et AddÉnergie.

Nemaska Lithium extrait la roche — au doux nom de spodumène — à la mine Whabouchi, sur le territoire de la Baie-James, à quelque 850 km de Shawinigan, et en fait un concentré. « C’est le deuxième gisement du monde en importance, et le deuxième plus riche », selon Guy Bourassa, le président de Nemaska Lithium. Le concentré sera transporté par camion à Chibougamau, puis par train à « Shawi », comme disent les gens du coin, où il sera transformé en hydroxyde et en carbonate de lithium.

De son passé ouvrier, Shawinigan, située à 40 km au nord de Trois-Rivières, a gardé un certain cachet, mais aussi de nombreuses infrastructures pour Nemaska : le chemin de fer qui traverse le terrain de l’usine, la proximité d’un barrage d’Hydro-Québec sur lequel elle pourra se brancher, et un approvisionnement facile en gaz naturel. Le bâtiment, bien entretenu, n’aura pas besoin de gros travaux de remise en état, ce qui permettra à Nemaska de gagner à peu près deux ans sur l’échéancier. Sur un budget de mise en route de 550 millions, « on économise facilement une trentaine de millions de dollars », dit Guy Bourassa.

Diplômé en droit, spécialiste des lois minières et des valeurs mobilières, l’homme de 59 ans a pris la tête de Nemaska Lithium en 2008. L’entreprise a collaboré dès 2013 avec le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales (CNETE) du Collège Shawinigan afin de mettre au point son procédé, à base d’électrolyse. S’appuyant sur des tests en laboratoire, la société affirme que celui-ci lui permet d’obtenir des sels de lithium d’une pureté bien supérieure à celle de la concurrence, qui a recours à des réactifs chimiques. Et surtout, son procédé est moins coûteux que ceux utilisés par ses principales rivales. Ces dernières, des entreprises chinoises, doivent en plus payer d’importants frais de transport puisqu’elles importent du spodumène d’Australie par bateau. L’avantage de Nemaska atteint 2 300 dollars américains par tonne de produit fini, selon Guy Bourassa.

Il n’existe pas de cours du lithium, comme il y en a pour l’or, par exemple. Les contrats d’approvisionnement à long terme sont négociés à la pièce : une tonne de carbonate de lithium se vend dans les 12 000 dollars, et celle d’hydroxyde de lithium, principale production que Nemaska Lithium envisage, vaut environ 18 000 dollars, deux fois plus qu’en 2015. Pour les achats ponctuels, les prix sont en ébullition : la tonne de carbonate de lithium qui se vendait environ 7 000 dollars il y a un an plane au début 2017 au-delà de 25 000 dollars, selon des revues spécialisées.

Cette envolée des prix est attribuable à la révolution attendue en matière de transport. « Dans 10 ans, une voiture électrique avec 350 km d’autonomie se vendra 25 000 dollars, et vous économiserez 20 000 dollars d’essence dans la vie du véhicule », explique Pierre Langlois, consultant en mobilité durable, qui fut le principal conseiller du gouvernement de Pauline Marois pour son plan d’électrification des transports en 2013.

Pour offrir des véhicules à ce coût, les constructeurs misent sur la quantité. Ainsi, à partir de 2018, quelque 500 000 batteries lithium-ion seront produites annuellement à la giga-usine du géant américain Tesla au Nevada, qui seront installées sur ses véhicules. « Les voitures électriques occupent pour le moment à peu près 35 % du marché du lithium, mais vont monter rapidement à 80 % », estime Pierre Langlois. Pour illustrer le potentiel de l’usine shawiniganaise, l’expert calcule que sa production pourrait servir à combler les besoins pour 300 000 de ces batteries.

Avant même de lancer sa première phase de production, en janvier 2017, Nemaska Lithium comptait déjà deux clients : le fabricant québécois Johnson Matthey Matériaux pour batteries, filiale installée à Candiac de la société britannique du même nom, et FMC, un autre producteur de sels de lithium de Pennsylvanie. Dans un premier temps, l’usine de Shawinigan leur fournira des échantillons.

La phase commerciale, prévue pour 2018, nécessitera d’achever le financement, dont il manque encore la part du lion, soit 500 millions de dollars. Mais pour Guy Bourassa, qui parcourt le monde afin de rencontrer des investisseurs, ce n’est qu’une question de mois. La participation de l’État sera limitée : les discussions laissent entendre la possibilité de 50 millions de Québec dans le cadre du Plan Nord, et d’un prêt de 75 millions d’Investissement Québec.

Nemaska Lithium pourrait n’être qu’une pièce d’un puzzle beaucoup plus grand.

La filière de l’électrification des transports se complète de plus en plus au Québec, se réjouit Pierre Langlois. On a le lithium, l’électricité renouvelable bon marché, et l’Institut de recherche d’Hydro-Québec est parmi les meilleurs au monde.

Guy Bourassa, PDG de Nemaska Lithium, croit qu’en se dotant de sources d’approvisionnement de sels de lithium de haute pureté, le Québec sera « en mesure d’attirer de nouveaux fabricants de matériaux de batterie, voire de batteries ».

Pour l’heure, c’est « Shawi » qui profite de l’engouement pour le lithium, même si les 86 emplois créés par Nemaska Lithium — auxquels il faut ajouter les contrats accordés aux entrepreneurs locaux — ne feront pas oublier les fermetures de Rio Tinto Alcan, en 2013, et de Produits forestiers Résolu, en 2014, qui ont poussé des centaines de travailleurs au chômage. N’empêche, il s’agit d’une « bouffée d’air frais » pour le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan, Martin St-Pierre.

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