En 2021, Hydro-Québec disposait d’une puissance totale de 48 300 mégawatts (MW) pour satisfaire sa clientèle québécoise et honorer ses contrats à long terme avec les réseaux voisins. L’énergie provenait de ses propres centrales, mais aussi de nombreuses petites et de parcs éoliens indépendants, ainsi que des chutes Churchill, au Labrador. En 2019, elle jugeait que cette capacité de production lui aurait permis de livrer jusqu’à 40 térawattheures (TWh) — 40 milliards de kilowattheures — d’énergie de plus que la quantité qu’elle avait fournie à ses clients réguliers.
De la capacité en excédent, il en faut pour parer aux aléas de la conjoncture économique et de la météo, de même que pour pallier les délais de mise en place des nouveaux aménagements. Néanmoins, le surplus énergétique de 40 TWh en 2019 était vraiment considérable.
Il avait deux sources. D’une part, Hydro-Québec a construit 13 nouvelles centrales hydroélectriques depuis 2002, comme celles sur les rivières Sainte-Marguerite (882 MW) et La Romaine (1 305 MW), sur la Côte-Nord, ou encore celles sur l’Eastmain (1 248 MW), à la Baie-James. D’autre part, l’entreprise a signé plus d’une centaine de contrats d’achat avec les promoteurs indépendants de petites centrales et de parcs éoliens. Des centrales comme celles de Tracy et de Gentilly ont été fermées, mais au net, la puissance totale à la disposition d’Hydro-Québec était 27 % plus élevée en 2021 qu’en 2002.
La cause principale de cet emballement de l’offre d’énergie au profit des promoteurs privés est l’ingérence politique. À partir de 2003, le gouvernement du Québec a relancé le développement de petites centrales et de parcs éoliens privés malgré la vive critique formulée par la commission d’enquête Doyon en 1997. Il a obligé par décret Hydro-Québec à acheter la quasi-totalité de l’énergie produite par ces indépendants.
Il ne faudrait surtout pas oublier la dure leçon apprise des années où Hydro-Québec a servi d’outil politique pour acheter des votes régionaux à un coût exorbitant.
Or, Hydro-Québec n’en avait pas besoin, et elle lui a coûté très cher. Depuis 15 ans, l’entreprise a été forcée d’acheter cette énergie excédentaire au coût cumulatif de plus de 11 milliards de dollars. Il y a eu deux conséquences. Premièrement, une partie de la facture a été refilée aux consommateurs d’électricité. La Régie de l’énergie a permis d’augmenter les tarifs de 9 % de 2012 à 2015. Deuxièmement, bien qu’Hydro-Québec ait tout fait pour utiliser son surplus d’énergie en répondant aux besoins de court terme des réseaux voisins, ses meilleurs efforts ont été insuffisants. En 2021, par exemple, le volume d’environ 30 TWh d’énergie à court terme qu’elle a exporté n’a pu absorber complètement son surplus disponible de 40 TWh. Elle a dû payer environ un milliard de dollars pour acheter les 10 TWh non écoulés.
Qui plus est, il n’existait aucune preuve que l’énergie de petites centrales ou de parcs éoliens apportait un gain écologique plus important que l’énergie hydro-québécoise ou un gain quelconque en développement économique régional à long terme.
Cette ingérence politique a mis les dirigeants d’Hydro-Québec dans tous leurs états. En 2013, le PDG Thierry Vandal a poliment, mais fermement, déploré en public les surplus énergétiques coûteux causés par les décrets ministériels répétés qui l’obligeaient à acheter l’énergie des indépendants. Ces décrets, a-t-il affirmé, n’ont « rien à voir avec la planification des besoins d’Hydro-Québec ».
Fort heureusement, les perspectives sont meilleures pour l’avenir, car Hydro-Québec prévoit maintenant que son surplus d’énergie sera absorbé vers 2026. La moitié résultera des contrats à long terme avec les États de New York et du Massachusetts, s’ils se concrétisent ; l’autre moitié, de la croissance naturelle de l’économie et de son électrification progressive, si elles font augmenter suffisamment la demande d’électricité au Québec.
De plus, une bonne nouvelle est apparue juste au bon moment : en incluant le coût de leur intégration au réseau hydroélectrique, on calcule que les éoliennes sont désormais capables de produire de l’énergie au coût total de 8 cents le kilowattheure, contre 13 cents il y a 10 ans. L’expansion future de la puissance disponible d’Hydro-Québec va donc pouvoir compter sur de nouvelles éoliennes rentables.
Mais il ne faudrait surtout pas oublier la dure leçon apprise des années où Hydro-Québec a servi d’outil politique au parti au pouvoir pour acheter des votes régionaux à un coût exorbitant. Il incombera toujours au gouvernement de définir la politique énergétique. Cependant, il faut laisser aux ingénieurs d’Hydro-Québec le soin de choisir les moyens les plus efficaces de la réaliser. Québec doit continuer à appuyer les régions, mais avec de meilleurs moyens qu’une tapisserie politique de moulins à vent. Chacun son métier.
Cette chronique a été publiée dans le numéro de juillet-août 2022 de L’actualité.
Ça fait du bien de ramener l’éolien québécois à la réalité de temps en temps. Personne chez HQ ou au gouvernement n’aime se vanter d’avoir gaspillé $11 milliards d’argent public. Et d’ici 2027 et même au-delà ( les prévisions d’HQ sont réputées pour être hautement erronées) plusieurs autres milliards s’ajouteront dans la colonne des pertes .
Je ne suis pas aussi optimiste que vous pour la suite. D’abord à 8 sous/kWh HQ continuera d’être déficitaire alors que le prix marché se transige toujours autour de 5-6 sous/kWh dans le meilleur des cas et rien n’indique que cela va bouger bientôt.
Et plus le réseau devra absorber d’énergies renouvelables plus les coûts d’intégration vont grimper pour en assurer la fiabilité et la sécurité. (rapport d’HQ 2007)
Il ne faut pas oublier également que HQ a offert un cadeau de $2.7 milliards [rapport d’HQ 2014] aux promoteurs éoliens pour l’enfouissement des fils et la construction des sous-station en sus des coûts de transport pour acheminer cette énergie aux centres de distribution.
De nouvelles lignes devront aussi été construites pour désengorger le réseau incapable d’atteindre les marchés.(ex:Gaspésie)
C’est une évidence l’éolien ne fait pas ses frais et aura toujours besoin d’exemptions de taxes et de subventions de toutes sortes pour survivre. On a menti aux québécois et on continue de le faire, une autre raison pourquoi cette filière demeure aussi florissante au Québec, ce qui n’est pas le cas dans plusieurs autres pays qui ont compris l’Arnaque.
Comme le mentionne ci-bas Claude Charron le problème avec l’énergie et de facto HQ est que les chiffres sont faux. L’adage dit d’ailleurs que les chiffres sous la torture peuvent avouer n’importe quoi. Il est là le problème. Comprendre tout dabord que l’énergie n’est pas un secteur comme les autres. Elle est votre assise. Vous pouvez la vendre bêtement sur les marchés spot en espérant toucher le plus de pointe possible. Mais au final, vous la vendez souvent au alentour de 5,6,7 cents le KWh. Attardons-nous sur ce point. HQ est une société d’État qui contrôle un monopole. Une société d’État a un but premier. Celui d’HQ est de fournir aux Québécois une électricité fiable et pas chère. Toutefois, il faudrait rajouter au texte le mot »dabord ». En effet, comment peut-on justifier que les É-U obtiennent un prix en dessus de celui du peuple? Sommes-nous des poules sans tête. Et parlons-en du prix du p’tit monde. Hydro nous chante à l’oreille telle une sirène que le prix est le moins chère en Amérique du nord. Soit. c’est vrai. Sauf, qu’elle est la part des budgets qui est consacré à l’énergie? Ah! cette question on ne l’entend jamais. De plus, il est invraisemblable de comparé un condo à une maison de campagne d’une famille modeste. Votre condo en récupérant la chaleur des quatres murs des voisons va bénéficier d’une facture économique. La maison mal isolé, elle, va passer à la caisse. Pour payer une hausse de 100$ de votre facture d’électricité avec un taux d’imposition à 40% + taxes vous devez travailler pour……………………………………………192$
(source: Léo Paul Lauzon, journal de montréal, 2018)
Or, les Cies ne paient pas de taxes sur l’électricité vendu à 3 cent. De plus, lorsqu’elle font leur compte, elles déduits leur facture d’électricité de leur dépenses réduisant leur impôt qui est parfois ridicule. Prenons les minières, grande consommatrice d’énergie. L’électricité est pratiquement gratuite. Et en plus, on doit leur construire le réseau (prix jamais fourni par HQ car secret industriel art. 23-24 code civil). Les routes sont fournies donc gratisse. La main d’oeuvre, fournie par l’État donc par nos impôt, gratisse. Si la minière construit un bâtiment, subvention automatique d’Insvestissement Québec, autres gratuité. La minière après 30 ans a fini sa besogne, l’État doit décontaminer le trou et les rivières. Autres dépenses gratisses pour la mine.
L’énergie doit être considérée comme un facteur de contingence majeure. Pas juste un prix. Seul les idiots croient à une telle chose.
J’ai de la difficulté à comprendre votre équation de départ ce qui ne change rien à votre raisonnement.
Ainsi :une puissance totale de 48 300 mégawatts (MW) pour satisfaire sa clientèle québécoise et honorer ses contrats à long terme avec les réseaux voisins. L’énergie provenait de ses propres centrales, mais aussi de nombreuses petites et de parcs éoliens indépendants, ainsi que des chutes Churchill, au Labrador.
En 2019, elle jugeait que cette capacité de production lui aurait permis de livrer jusqu’à 40 térawattheures (TWh) — 40 milliards de kilowattheures — d’énergie de plus que la quantité qu’elle avait fournie à ses clients réguliers.
Néanmoins, le surplus énergétique de 40 TWh en 2019 était vraiment considérable.
Normalement le surplus se calcule de la façon suivante :
Capacité totale de production (moins) la consommation régulière nous donne les surplus qui sont moindre de 40 térawattheures (TWh). La consommation régulière est plus de 8 THW…. non?
Mélanger les unités de mesure n’est pas une bonne idée MW,THW, GHW…
Il en résulte que je suis incapable de me faire une idée du surplus de production en données réelles et en pourcentage.
Malgré ce problème, je suis 100% d’accord avec votre raisonnement les les turpitudes libérales étaient de la politique de boute de chemin.
J’apprécierait votre opinion sur les gestes politiques de la CAQ sur l’Hydro Québec…
Merci beaucoup et je vous régulièrement et je trouve que vous d’excellentes idées, les miennes …HiHiHi
D’un point de vue strictement économique, le coût de production qui provient des anciennes centrales électriques est nettement plus avantageux (Baie James) que celui des centrales plus récentes (La Romaine) ou futures. Au coût de productions s’ajoute le transport et la distribution.
La crise du verglas de 1998 a prouvé sans équivoque que le réseau de transport d’Hydro-Québec n’était plus à la hauteur. La maintenance du réseau et sa modernisation éventuelle coûtent chers. Elle était indispensable.
Le fait d’avoir une offre énergétique diversifiée est une bonne chose en soi, ce qui inclut l’énergie éolienne. Les progrès technologiques plaident en faveur d’un approvisionnement plus ciblé. La demande énergétique d’une aluminerie est sans commune mesure avec celle d’un village de quelques milliers d’habitants.
Il ne faut pas regarder seulement le coût unitaire variable d’un kilowattheure à la production. Il faut prendre en considération le coût moyen incluant la distribution avec le prix facturé aux utilisateurs. La hausse des prix de vente sert à maintenir la marge bénéficiaire à un taux acceptable.
La mécanique qui s’applique pour le pétrole notamment, s’applique exactement de la même façon pour toutes les formes d’énergie. S’il fallait ne regarder que le coût d’extraction, on ne produirait plus un seul baril en Alberta et seuls les champs pétrolifères du Qatar, de l’Arabie Saoudite ou de l’Irak revêtiraient un quelconque intérêt. Ce qui doit être pris en considération, c’est le prix à la pompe et pas seulement celui de l’extraction.
De toute évidence monsieur Fortin n’a toujours pas compris qu’il existe un marché de l’électricité, qu’Hydro-Québec est un acteur important du dit marché. Hydro-Québec a depuis une vingtaine d’années réalisé des investissements qui ne sont pas encore tous parvenus à leur plein potentiel actuellement. On devrait critiquer la société d’État si elle avait négligé de consolider son potentiel de production et de distribution. Pas l’inverse.
Ce sont des investissements qui ont un certain coût. Globalement ces investissements devraient finalement porter leurs fruits. Le fait qu’il y ait une implication politique dans les affaires de sociétés d’État existe de tous temps. Si on souhaite réellement un retrait total des politiciens dans ce segment. J’aimerais suggérer la privatisation à 100%.
Je suis prêt à parier que ce ne sera pas long avant que la facture de courant des Québécois soit multipliée par deux. Demandez aux « heureux » Suédois ce qu’ils payent pour leur électricité ? Jusqu’à dans certaines régions près de 0,50 USD par kilowattheure. L’un des prix les plus élevés du continent européen. Et grosso-modo dix fois plus que ce que nous payons.
Pas d’accord.
Avec le nombre de terriens qui atteint 9.5 milliards en 2050, la hausse du climat,les périodes de sécheresse,l’inflation alimentaire et énergétique,il devient très important que le Québec,en collaboration avec l’Ontario,le Nouveau Brunwik, le Maine et le Vermon, devienne beaucoup plus indépendant dans ses approvisionnements alimentaires et produise ici ,en serres , ses aliments.