
Changer le monde… une entreprise à la fois. C’est le pari de l’entrepreneuriat social, un modèle d’affaires en pleine émergence au Québec, qui consiste à utiliser les forces du marché pour les mettre au profit de la société.
J’en parlais récemment, dans une chronique de L’actualité, en expliquant pourquoi le Québec — en retard par rapport à ce qui fait ailleurs au Canada et en Europe — aurait tout intérêt à s’intéresser à ce type d’entrepreneuriat.
À la base, l’objectif d’un entrepreneur social est de trouver une solution à un problème social ou environnemental. Les enfants ne mangent pas tous à leur faim ? Le gaspillage alimentaire est un fléau ? Le transport nuit à l’environnement ? L’entrepreneur social cherchera à élaborer un produit ou un service innovateur afin d’améliorer la situation.
Le Québec compte déjà quelques exemples d’entreprises de ce genre. Dans sa dernière édition, le journal Les Affaires publie d’ailleurs un dossier sur le sujet.
Pensons à La Tablée des chefs, qui récupère les surplus alimentaires des restaurants et des grands hôtels pour les redistribuer à des organismes — ou encore aux Fermes Lufa, qui font pousser des légumes sur les toits, en milieu urbain, ce qui permet de réduire les effets du transport sur les changements climatiques.
Or, ces entrepreneurs tombent souvent entre deux chaises quand vient le temps de trouver du financement.
«Ils peuvent avoir de la difficulté à trouver du financement parce que la combinaison d’une mission sociale et d’un modèle économique innovant ne leur permet pas toujours d’accéder aux outils de la finance solidaire ou des banques traditionnelles», explique Pascal Grenier, président et cofondateur de L’Esplanade, un nouvel espace réservé aux entrepreneurs sociaux qui a pignon sur rue dans le quartier Mile-Ex, à Montréal.
L’Esplanade, qui ouvrira officiellement ses portes le 13 avril prochain, sera l’un des rares lieux au Québec où les entrepreneurs sociaux trouveront un appui. Il leur sera possible d’y partager des postes de travail et d’avoir accès à des programmes de formation. Ils pourront aussi y être mis en contact avec des investisseurs. L’Esplanade compte parmi ses bailleurs de fonds la Fondation Mirella & Lino Saputo, ainsi que la Fondation J. Armand Bombardier.
Cet accélérateur d’entreprises s’inspire notamment du MaRS Centre for Impact Investing, créé par le MaRS Discover District, un incubateur d’entreprises installé à Toronto.
MaRS offre un programme appelé Impact8, où huit entrepreneurs sociaux reçoivent un entraînement de huit semaines afin de se préparer à défiler devant des investisseurs potentiels. Dans le même esprit, une première cohorte entamera sa formation à l’Esplanade en juin.
Les entrepreneurs sociaux participants seront ainsi présélectionnés pour soumettre leur projet à la Social Venture Connexion (SVX), une plateforme de financement également mise sur pied par MaRS et qui existe déjà aux États-Unis et en Ontario.
Cette plateforme, aussi ouverte aux organismes sans but lucratif (OSBL), aux coopératives et aux entreprises à but lucratif, leur permet d’entrer en contact avec des entrepreneurs, des investisseurs et des philanthropes intéressés à investir dans des entreprises sociales. Elle met aussi à leur disposition un fonds de capital-risque mis sur pied par MaRS en partenariat avec Richard Branson, le pdg de Virgin, qui a versé un million de dollars en capital de démarrage par l’intermédiaire de sa fondation Virgin Unite.
Pascal Grenier et ses collègues de l’Esplanade souhaitent mieux faire connaître cette plateforme de financement au Québec et y attirer des investisseurs québécois. Il est le temps que le Québec bouge aussi, selon le jeune homme, qui voit dans l’entrepreneuriat social une façon de faire face aux défis des finances publiques.
Selon lui, il faut une véritable politique publique sur le sujet, comme l’a fait le gouvernement ontarien en créant, en 2013, le Bureau pour l’entrepreneuriat social dans le but de promouvoir cette filière. «Les besoins sociaux seront de plus en plus grands, et les moyens de l’État pour les régler de plus en plus petits. Cette forme d’entrepreneuriat inspire également toute une nouvelle génération d’entrepreneurs.»
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À propos de Kathy Noël
Kathy Noël est journaliste, chroniqueuse et blogueuse à L’actualité. Journaliste économique depuis près de 15 ans, elle a auparavant travaillé au journal Les Affaires et au magazine Commerce, où elle a occupé le poste de rédactrice en chef adjointe de 2002 à 2009. On peut la suivre sur Twitter : @kathy_noel.
Nul n’est contre la vertu…
Et nous ne pouvons qu’applaudir ce noble effort de vouloir » PRIVATISER » la gestion des enjeux sociaux et la mise en place de solutions pour le » bien collectif » motivées par l’enrichissement d’actionnaires à HAUTES VALEURS méritocratiques…
Je ne sais pas pour Vous… mais j’ai un certain malaise à imaginer tout cela autrement que comme une excroissance bénine et marginale dans la chair opulente de notre système économique.
Pour le financement de cette » anomalie » vertueuse, à part une banque désireuse de se refaire une beauté médiatique, la philantropie reste, selon moi, le meilleur financement permettant d’avoir une certaine supervision de la tournure de l’entreprise dite caricative et de son succès.
N’est-ce pas plutôt là, le PREMIER rôle de l’État que de voir au BIEN COLLECTIF, à l’harmonisation des divers intérêts individuels, à la protection du territoire et des citoyens qui y vivent….?
L’État démocratique n’a-t-il pas, depuis la nuit des temps, été espérer et finalement instaurer par le désir de préserver la vie humaine contre les dérives des instincts dominateurs de quelques uns….?
Aujourd’hui le discours dominant ( tiens donc ! ) discrédite l’état et le secteur publique, cherche à réduire ses programmes sociaux et sa taille; le Privé c’est telllllement meilleur et plus rentable….
Le bien commun… laissez-nous le. L’entreprise va s’en occuper… La main invisible du libre-marché va tout règler.
Bien présenté par des firmes de relations publiques prospères on pourrait presque y croire !!! ( 😉
Enfin, un brin d’espoir à l’horizon ! Le capitalisme a horreur de ces types de projets, qui ne peuvent, à leur yeux, que nuirent aux marchés dit lucratifs… et n’enrichissant que quelques-uns aux dépend d’une quantité de moins fortunés… Reste à savoir si l’état ne viendra pas y mettre sa patte, avec des exigences dites de qualités ou autres, et exigeants de répondre à des normes qui s’avèreront représenter des coûts amenant leurs produits soit supérieur ou équivalent des marchés, voir super-marchés… que ce soit des analyses de grands laboratoires prouvant la « pureté » du produit fabriqué. Il ne s’agira sans doute qu’un incident en ce sens se produise pour que des nouvelles normes, et ce à des coûts dépassant tout budget d’une petites entreprise du genre pour tout foutre à l’eau, et faire sourire quantité de gérants des très grandes entreprises multinationnales… Mais, espérons ! Car l’espérance est aussi une chose à voir comme essentielle à l’humain ! Sincèrement, bonne chance dans toute vos réalisations ! Daniel Bérubé, du Bas St-Laurent.