Le week-end dernier, le président des États-Unis s’est senti contraint de supprimer un tweet dans lequel il partageait une vidéo où l’un de ses supporteurs criait « White Power ! » (pouvoir aux Blancs). Ce n’était que la plus récente controverse de nature raciale pour ce candidat qui, doit-on le rappeler, avait lancé sa première campagne pour la Maison-Blanche il y a cinq ans en qualifiant les immigrants provenant du Mexique de passeurs de drogue et de violeurs.
Entre-temps ont eu lieu le rassemblement politique néonazi de Charlottesville, les commentaires sur les « pays de merde » à majorité noire, l’appel à des élues américaines issues de minorités à « retourner dans leur pays », et une liste quasi innombrable d’autres controverses de la sorte.
Dans ce contexte, le réflexe naturel pourrait être de déduire que, si Donald Trump et son parti se trouvent en difficulté à quatre mois du scrutin, c’est d’abord et avant tout en raison d’une baisse des appuis de la part des électeurs noirs et hispaniques.
Réflexe naturel… mais erroné.
Minorités visibles… et surprenantes
Les sondages d’opinion révèlent le même phénomène depuis des semaines : si le président a perdu des plumes, c’est d’abord et avant tout auprès des électeurs blancs. Un sondage national publié par The Economist quelque trois semaines après la mort de George Floyd, le 25 mai au Minnesota, plaçait les intentions de vote des Afro-Américains en faveur de Donald Trump près de trois points « au-dessus » du score qu’il avait obtenu en 2016.
Pour ce qui est des électeurs hispaniques, selon le dernier sondage NPR/PBS, ils affirment vouloir voter pour le président dans des proportions inégalées pour un candidat républicain, hormis George W. Bush.
Ainsi, Donald Trump — ce même président qui s’affaire à la construction du mur à la frontière mexicano-américaine — recueillerait un meilleur score auprès de l’électorat hispanique que Richard Nixon et Ronald Reagan, qui avaient tous deux remporté 49 États sur 50 lors de leur réélection.
Pourcentage du vote hispanique reçu par les candidats républicains à la présidence (1968-2020)

Et pourtant, Trump accuse présentement un retard d’en moyenne 10 points sur Joe Biden, ce qui le place dans une position extrêmement précaire autant sur le plan du vote populaire que du collège électoral.
Pourquoi donc ? Bien simplement : les électeurs blancs.
L’affaissement blanc
Lorsqu’on remonte un demi-siècle dans l’histoire, on observe une constante : tous les quatre ans, sans une seule exception, les candidats républicains ont remporté le vote blanc. Même Bill Clinton, un politicien blanc modéré du Sud ayant remporté le collège électoral haut la main à deux reprises, en 1992 et 1996, n’est pas parvenu à rompre cette disette pour son parti. Il y a quatre ans, sa femme Hillary s’est fait terrasser par 20 points de pourcentage auprès de l’électorat blanc face à Donald Trump.
Résultats électoraux présidentiels auprès des électeurs blancs, excluant les tiers partis (1976-2016)

Or, dans le dernier sondage New York Times/Sienna College, publié la semaine dernière, Joe Biden est à « égalité » avec Trump auprès des électeurs blancs. Plusieurs autres sondages menés au cours des dernières semaines brossent un portrait semblable.
Ces résultats font écho à ceux observés lors des élections tenues aux États-Unis depuis 2016. Lors des élections de mi-mandat de 2018, les démocrates ont repris le contrôle de la Chambre des représentants en ravissant une quarantaine de sièges aux républicains. Où se concentrèrent ces gains ? Dans les banlieues constituant des circonscriptions plus blanches que la moyenne.
Comme l’illustre le tableau suivant, la très nette majorité de ces circonscriptions compte un pourcentage plus élevé d’habitants d’origine blanche que l’ensemble de la population américaine — et dans la plupart des cas, ces circonscriptions sont formées de banlieues cossues de métropoles majeures.
Circonscriptions ravies par les démocrates lors des élections de mi-mandat de novembre 2018

Le même scénario s’était reproduit un an plus tard, en 2019, lors de la victoire du gouverneur démocrate John Bel Edwards en Louisiane. Comme je l’avais mentionné à l’époque, la clé de la victoire d’Edwards se trouvait dans les banlieues traditionnellement républicaines entourant La Nouvelle-Orléans, qui avaient massivement rejeté Barack Obama. Voilà qu’ils réservaient le même sort au parti de son successeur.
Après des années à marteler l’importance d’atteindre les minorités ethniques, le Parti républicain voit le président le plus associé au mouvement de « nationalisme blanc » de notre époque en voie d’obtenir à la fois un des meilleurs résultats de son parti auprès de plusieurs communautés ethniques… et un des pires résultats auprès de la majorité blanche.
La conséquence de cette dynamique est simple : si l’écart séparant actuellement les deux candidats dans l’ensemble de l’électorat devait se concrétiser dans quatre mois, Donald Trump essuierait la plus importante défaite pour un président sortant depuis Herbert Hoover en 1932.
De toutes les élections que j’aie jusqu’à présent suivies, celle-ci dans ce contexte dramatique de santé publique est pour moi un mystère. Je n’ai pas la moindre idée de quelle manière les choses vont tourner.
Mais objectivement, je me demande quelquefois si ce président a encore la flamme pour « régner » (Euh ! Je veux dire : gouverner) pour encore 4 ans. On dit parfois que les bottines ne suivent pas les babines, cette attitude présidentielle toujours arrogante ne doit pas réellement servir auprès de l’électorat modéré qui préfère que les affaires soient réglées plutôt rondement sans éclat.
Il n’est pas extrêmement étonnant dans ce contexte que des électeurs caucasiens, des rentiers, des personnes assez aisées, des gens qui ont fait des études, souhaitent un retour à une présidence plus feutrée plutôt que de prendre un risque d’embrasement dans ces prochaines années.
Assister à une éclosion de violence, d’insécurité engendrée par ceux et celles laissés pour compte, qui n’ont plus rien à gagner, pour qui la seule perte soit la vie. Bref, la recette Trump ne goûte plus comme avant, la saveur du moment s’est dissoute dans la vision du réalisme qui finira par prendre le dessus de toutes digressions formées par des opportunismes intéressés.
Je suis intrigué de connaitre le nom de la colistière ou du colistier de monsieur Biden. Un duo bien choisi, résolument tourné vers l’avenir, le respect des droits humains et un retour des États-Unis dans le concert des nations qui inspirent. Tout cela combiné, deviendrait le ticket d’entrée gagnant qui permettrait sans doute de considérer ces prochaines années plus sereinement.
Comme disait Jean De La Fontaine : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. » Si Trump n’est pas réélu, on s’en remettra !
Un article qui fait rêver que les États-Unis feraient le bon choix! Vivement que ce personnage quitte la Maison blanche.
Les ethnies ont peut-être peur de s’exprimer et le feront dans les urnes de la bonne façon.
Avec l aide financière incalculable qu il reçoit des milliardaires américains dans l ombres et des autres gouvernements qui ont intérêt a garder Trump a leur disposition
On assistera a un ‘ brainwash ‘ médiatique intensif pour que les américains qui ont droit de vote ne puissent plus être en mesure de voter avec leurs valeurs et leur conscience
Et ça c est pour ceux qui réussiront a voter …
L’éléphant dans la pièce : Comment expliquer la hausse des intentions de vote des communautés hispaniques et afro-américaines en faveur de Trump !? J’aurais bien apprécié voir la réponse à cette question dans cet excellent article.
J’avoue que cela aurait complexifié l’analyse, mais il aurait été intéressant de « croiser » ces résultats avec le niveau scolaire des habitants de ces régions. Lorsque l’on regarde le comportement d’un groupe de gens, j’ai toujours l’impression que l’on laisse des choses de côté en ne faisant qu’une analyse unidimensionelle.