
Trump-Clinton. Clinton-Trump. C’est le duel que les Américains se verront proposer lors de l’élection présidentielle. Si doutes il y avait, il ne reste plus aujourd’hui que l’ombre de ceux-ci. La guerre des mots a même déjà commencé entre les intéressés. Hillary Clinton sera-t-elle la candidate du rassemblement face au clivant personnage incarné par Donald Trump? Cette élection n’est peut-être plus à une surprise près.
Clinton en avance, mais…
Comme l’indique le Washington Post, c’est avec un sens du timing assez remarquable que le réseau CNN a dévoilé mardi matin les chiffres actuels du duel Clinton-Trump. La constatation principale est la suivante: pour l’heure, la victoire est dans les mains de Clinton, qui devance Trump de 13 points (54 % contre 41 %) dans le sondage.
L’ancienne sénatrice de New York disposait d’une avance de 24 points au moment de l’annonce de la candidature de Trump, en juin dernier, mais celui-ci a lentement et sûrement grugé ce retard à mesure qu’il est devenu un phénomène électoral. En septembre dernier, les deux candidats étaient au coude-à-coude auprès de l’opinion publique.
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Peut-être est-ce dû à la campagne relativement crasse qui a été menée dans le camp républicain, mais les électeurs indécis se sont par la suite tournés vers Clinton, lui donnant aujourd’hui un confortable coussin de sécurité. Cependant, cette position pourrait rapidement devenir inconfortable, puisque Trump est dans le rôle du chasseur cherchant à casser l’image et l’aura de son adversaire, un rôle dans lequel il est particulièrement efficace — mardi, Trump est allé jusqu’à insinuer que le père de Ted Cruz était impliqué dans l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
Trump fait des gains
L’analyse en profondeur des résultats du sondage CNN/ORC montre que, même s’il accuse un retard conséquent chez les femmes, les électeurs non blancs, les jeunes et les ménages les moins aisés, Trump a récemment effectué des gains au détriment de Clinton.
Au cours des 11 derniers mois, les diplômés sont restés majoritairement dans le camp Clinton, mais leur soutien envers cette dernière a beaucoup faibli au cours du dernier trimestre, nombre d’entre eux se ralliant à Trump. Le républicain a effectué des gains conséquents chez les sondés gagnant 50 000 dollars et plus par année — mais dans le même temps, ceux gagnant moins de 50 000 dollars ont appuyé leur soutien à Clinton. Et Trump s’est de nouveau adjugé le vote des plus de 55 ans, qui lui avait temporairement échappé en mars.
Trump et le point faible de Clinton
Selon le sondage CNN/ORC, la plupart des répondants (50 % contre 45 %) croient que Trump ferait un meilleur travail que Clinton en matière économique.
Cette donnée est loin d’être un détail: 88 % des sondés ont affirmé que l’économie allait prendre une place très ou extrêmement importante dans leur décision finale — soit plus que n’importe quelle autre question de société (éducation, système de santé, inégalités économiques, etc.).
Le clan Trump semble au fait de cette information, puisque certaines des déclarations récentes du magnat de l’immobilier laissent à penser qu’il a défini l’économie comme le talon d’Achille de la campagne de Clinton.
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«[Clinton] serait une mauvaise présidente. Elle ne comprend pas le commerce. Son mari a signé ce qui est peut-être, dans l’histoire du monde, le pire accord commercial jamais réalisé. Il s’appelle l’ALENA», a d’ailleurs lancé Trump, mardi.
La mention de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) n’est pas non plus anodine. Non seulement elle s’inscrit parfaitement dans le discours protectionniste de Trump, mais comme le rappelait Bloomberg en mars, «l’opposition au libre-échange est un concept unificateur, même dans un électorat profondément divisé».
Pas une bataille de programmes?
Les chiffres de CNN illustrent une autre tendance: dans cette campagne présidentielle de 2016, les personnalités polarisantes des candidats prennent le pas sur les programmes politiques. En effet, l’un des grands facteurs incitatifs de vote semble être le sentiment de rejet qu’inspire l’un ou l’autre des prétendants. Ainsi, 51 % des sympathisants de Clinton ont affirmé que c’était leur opposition à Trump qui avait motivé leur choix. Dans le même temps, 57 % des partisans de Trump se sont ralliés à sa cause parce qu’ils refusent de voir Clinton intégrer le Bureau ovale.
Il y a quelques jours, CNN avait d’ailleurs indiqué que Clinton et Trump étaient deux des candidats à la présidentielle les moins rassembleurs depuis 1992: Clinton n’a recueilli que 49 % d’opinions favorables (et autant de défavorables) chez les électeurs inscrits, alors que Trump a récolté plus d’opinions défavorables (56 %) que de favorables (41 %).
Dans l’histoire récente des États-Unis, seuls Bill Clinton (42 %, avril 1992) et Mitt Romney (44 %, avril 2012) avaient jusqu’ici échoué à atteindre la barre des 50 % d’approbation.
Reste maintenant à savoir lequel des mouvements #NeverTrump et #NeverClinton l’emportera…
Le système électoral américain est tel qu’il ne reflète pas exactement le vote populaire. Il n’y a guère que pour l’élection de Gorge W. Bush en 2000 où les grands électeurs ont eu une représentativité presque égale, tout comme le vote populaire qui s’est presque également réparti entre Bush et le candidat démocrate d’alors : Al Gore.
Même en 1960 lors de l’élection de Kennedy, le vote des grands électeurs n’avait pas exactement reflété le vote populaire qui pourtant oscillait presque également entre Kennedy et Richard Nixon.
Le sort de Trump ou celui de Clinton sera moins que jamais entre les mains des sondeurs et pas tant que ça entre les mains du vote populaire. Comme toujours, il y aura des États clefs, ceux qui conduisent tout droit à la Maison Blanche tels que la Californie, New-York, la Floride, le Texas ou encore l’Illinois et la Pennsylvanie.
Et des États baromètres comme l’Ohio notamment et la Caroline du Nord.
Si le Texas n’est pas toujours acquis aux démocrates, il le fut notamment du temps de Lyndon Johnson, si la Floride n’est pas gagnée d’avance (elle avait été favorable à Obama en 2008 et 2016), on peut concevoir que madame Clinton ne devrait pas perdre beaucoup d’États où son parti est usuellement bien établi et… des gains sont encore possibles ici et là.
Je pense que cette logique de gains États par États sera encore selon moi encore respectée cette année.
Certes Donald Trump est sur une lancée et personne ne sait jusqu’où il est susceptible d’aller. Si ce n’est que globalement, il devra certainement ajuster son discours s’il veut réellement conquérir la Maison Blanche prochainement. Le rôle d’un bon président (ou d’une bonne présidente) c’est tous partis confondus, de rassembler et non de diviser pour seule fin de pouvoir sans partage régner.
Ce qui sera surtout à surveiller, c’est la composition de la Chambre des Représentants.
Trump a plutôt bien réussi dans ses affaires. Peut-il insuffler sa vision économique des choses à toute l’Amérique pour en faire une recette gagnante pour tout le monde partout ? — Si cela se pouvait… eh bien ma foi, j’ai idée qu’on l’saurait !
— CORRECTIONS :
En Floride, il s’agissait pour Obama bien sûr de l’élection de 2012 et non de 2016 comme je l’ai malencontreusement écrit de façon erronée.
Et George s’écrit avec un e, j’espère que monsieur Bush ne m’en tiendra pas trop rigueur 🙂
Observez un petit groupe de poules en liberté, lorsqu’elles sont insatisfaites de ce qu’elles trouvent sur le terrain, elles grattent de leur pattes pour voir s’il n’y aurait quelque chose de plus intéressant en dessous. De façon imagée, on pourrait dire qu’elles vont à la pêche.
Est-ce que les électeurs américains ne seraient pas tenté de gratter et d’y trouver Trump?
Pourrait-il arrivé à Clinton ce qui est arrivé à Mulcair?
À mon avis, l’électorat américain est beaucoup moins enclin à changer de parti que celui du Canada qui est beaucoup plus girouette.
Un calcul tout simple permet d’affirmer de Trump ne sera pas le prochain Président des États-unis. Dans ce pays, aussi bizarre que cela puisse paraître, les Démocrates et les Républicains se partagent l’électorat à part égales (ou presque). Et c’est comme ça depuis un certain temps. Nous n’avons aucune raison de croire que ce sera différent cette fois-ci. Les Démocrates vont sagement se ranger derrière Clinton. On ne peut pas en dire autant des Républicains. Un bon nombre d’entre eux vont préférer perdre l’élection plutôt que d’élire Trump. À moins que ce dernier réussisse un tour de force et qu’il puisse faire oublier toutes les stupidités qu’il a dit il n’a aucune chance de gagner. Et c’est tant mieux. Je ne parierais pas un seul sou sur son élection.
Je suis en accord avec vous, cependant les tenants du « Tea party » qui se sont multipliés depuis les deux dernières élections commencent à faire réfléchir la base de chacun des Parti. La vision des 1% prends de plus en plus de place et les électeurs ne dorment plus au gaz seulement pour gagner, les convictions sont de plus en plus apparentes et les grands discours à la Trump ne font déplacer que les (trompes l’oeil).
Alors que Trump invoquait le mois dernier que des dizaines de milliers de personnes étaient à l’extérieur de l’enceinte où il prononçait son discours, la réalité était très différente sur le terrain, une amie de longue date qui demeure dans le coin pris le temps de s’y rendre pour constater qu’il n’y avait personne à l’extérieur. Elle me fit parvenir des photos, c’est hilarant !
Durant ce temps, alors que toutes les chaînes de télévisions et radio sont à l’intérieur pour se faire remplir comme des valises, personne ne semble pas avoir été à l’extérieur pour prendre à tout le moins une seule photographie qui aurait confirmé ce que disait Trump.
Errata : dernière ligne du texte : qui aurait infirmé ce que disait Trump.
Les prochaines élections ressembleront à contre ne qui voter. Si Trump répond au sentiment raciste des américains plusieurs ont déjà compris qu’il sera un désastre pour l’économie américaine et les relations internationales, soit en contre-vent des deux aspects les plus important de la présidence.
Correction : « contre qui ne pas voter ».
Très…très difficile de prévoir ce qui peut se passer durant une campagne électorale.
Un candidat n’est jamais à l’abri d’une phrase maladroite et/ou d’une niaiserie qu’il pourrait prononcer et que les journalistes enfleront a outrance. Et c’est sans compter sur ses propres candidats « mais » qui pourraient, eux également, nourrir la bête.
Hillary n’est pas sans brèche, ses courriels secrets n’étant qu’une de ses complications potentielles et soyez assurés que Trump entrera dans la brèche à toute vapeur.
Combien de fois n’a-t-on pas vu un candidat négligé au début effectuer une remontée fulgurante et au final s’emparer du pouvoir. Mini PET étant l’un des tout derniers exemples.