Croyez-le ou non, il reste moins de trois semaines à l’interminable campagne présidentielle américaine. Le soir du 3 novembre, nous saurons (peut-être) si Donald Trump remportera son pari et sera réélu ou si Joe Biden et son équipe auront réussi à stopper le trumpisme après un seul mandat.
Les intentions de vote depuis avril sont claires : quoi que Donald Trump fasse et peu importe ce que nous apportent les cycles médiatiques, ses appuis ne descendent pas sous les 40 %… mais ne grimpent pas au-dessus de 45 % non plus. La base républicaine demeure malgré tout solide, inébranlable. Néanmoins, Joe Biden se maintient en tête au niveau national depuis sa victoire aux primaires démocrates au printemps. Son avance est demeurée constante entre 5 et 10 points depuis avril, sans grandes variations. Et depuis le premier débat télévisé à la fin septembre, l’avance de Biden n’a fait que croître.
Néanmoins, ce n’est pas le vote populaire qui détermine le vainqueur de l’élection présidentielle aux États-Unis (parlez-en à Hillary Clinton et à Al Gore), mais bien les grands électeurs du collège électoral. Sur ce plan, Joe Biden demeure le favori de cette course, même si l’écart entre Biden et Trump se trouve encore à l’intérieur de la marge d’erreur dans plusieurs États clés.
Jetons un coup d’œil à quelques États qui pourraient décider du résultat de cette course présidentielle.
La Floride : 29 grands électeurs
Au cours du dernier siècle, seulement deux candidats à la présidence ont accédé à la Maison-Blanche sans les grands électeurs de la Floride, soit Bill Clinton en 1992 et John F. Kennedy en 1960. La Floride a voté pour George W. Bush en 2000 (de justesse) et en 2004, puis pour Barack Obama en 2008 et en 2012. En 2016, Donald Trump a remporté la Floride par une marge de 1,2 point.
Les coups de sonde du dernier mois accordent un léger avantage à Joe Biden, mais l’écart entre les candidats demeure serré. Au moment d’écrire ces lignes, Biden obtiendrait 49 % des intentions de vote en moyenne et Trump, 47 %.
La Georgie : 16 grands électeurs
La Georgie n’a pas été un État pivot au cours des dernières décennies : bien que Bill Clinton ait remporté cet État du Sud en 1992, la Georgie s’est rangée du côté des républicains à chaque élection présidentielle depuis. Or, nous avons observé un mouvement clair des intentions de vote vers Joe Biden depuis le débat présidentiel à la fin septembre. En moyenne, le démocrate jouirait d’une avance de deux points sur Donald Trump. Avec 16 grands électeurs, la Georgie est, pour une rare fois, un État à surveiller.
L’Arizona : 11 grands électeurs
L’Arizona est aussi un État traditionnellement républicain qui risque de changer de couleur cet automne. Depuis l’an 2000, les candidats républicains à la présidence ont remporté cet État avec une avance moyenne de 10 points, mais en 2016, Trump n’a battu Clinton que par 3,5 points en Arizona. La baisse de popularité de Trump partout au pays se fait sentir dans cet État du Sud-Ouest américain : Biden détient présentement une avance moyenne de trois points sur Trump.
L’Ohio : 18 grands électeurs
Un candidat républicain à la présidence n’a « jamais » remporté l’élection sans gagner l’Ohio, l’État le plus populeux du Midwest après l’Illinois. En 2016, Trump avait aisément remporté l’Ohio avec 8 points d’avance sur Clinton. En fait, l’Ohio est un autre excellent État baromètre : il a voté du côté du gagnant lors de chaque élection présidentielle depuis 1964.
Les derniers sondages de cet État mesurent une course serrée entre Biden et Trump, de telle sorte que nous avons présentement une égalité statistique : Trump est à 48 % en moyenne et Biden, 47 %.
Selon les prévisions actuelles, Joe Biden pourrait remporter jusqu’à 350 grands électeurs (270 grands électeurs sont requis pour la victoire).
Pour Trump, non seulement devra-t-il remporter tous les États pivots actuels, mais il devra aussi renverser la vapeur dans les États qui lui ont donné la victoire en 2016 : le Midwest, la Floride, la Pennsylvanie, tous des États où Biden est en avance ou à égalité statistique pour le moment.
Même si les sondages de 2020 étaient aussi imprécis qu’en 2016 (les sondages d’États clés, pas les sondages nationaux qui ont été généralement précis), Biden gagnerait quand même suffisamment d’appuis pour l’emporter.
Reste à voir s’il réussira où Clinton a échoué en 2016 : traverser la ligne d’arrivée.