Le président Biden ne l’aura pas facile

Entre un Sénat à majorité républicaine qui promet de ne pas lui faire de cadeaux et une Chambre des représentants démocrate tiraillée entre la gauche et le centre, le nouveau locataire de la Maison-Blanche risque de devoir ramer à contre-courant une bonne partie de son mandat.

Photo : AP/Matt Rourke

Pour quiconque sachant regarder aux bons endroits, il était évident, dès mercredi matin, que Joe Biden avait gagné la présidence. Et tout aussi évident qu’il s’agirait d’une présidence difficile.

La folie entourant le scrutin présidentiel a regrettablement occulté ce qui est, en un sens, encore plus saisissant : les résultats au Congrès. Ces derniers ont été carrément catastrophiques pour les démocrates.

Au Sénat, les démocrates espéraient au strict minimum un gain de trois sièges qui leur donnerait la majorité. Dans les faits, les républicains ont essuyé une perte nette d’un seul siège, alors qu’ils en défendaient deux fois plus que les démocrates. À moins d’une surprise majeure dans deux élections à venir en Géorgie, Joe Biden deviendra le premier en plus de 30 ans à entamer sa présidence en devant travailler avec un Sénat dominé par le parti adverse.

Ce n’est pas sans conséquence : avec la majorité au Sénat vient le pouvoir de bloquer toute mesure législative, de même que presque toute nomination majeure du président. Autrement dit, non seulement les promesses un tant soit peu musclées ou controversées des démocrates — de l’« élargissement » de la Cour suprême à l’ajout de nouveaux États, comme Porto Rico, à l’Union — sont déjà enterrées, mais Biden n’aura même pas l’assurance de pouvoir s’entourer de l’équipe qu’il désire.

Le leader de majorité républicaine, Mitch McConnell, n’a d’ailleurs pas attendu 48 heures après la fermeture des bureaux de scrutin pour annoncer qu’il s’assurerait qu’aucune personne ne plaisant pas à son caucus ne servirait au sein du cabinet Biden.

Le portrait à la Chambre des représentants n’est guère plus reluisant pour le Parti démocrate. Certes, il y a maintenu sa majorité, mais de façon plutôt humiliante. Alors qu’il s’attendait à des gains d’une dizaine, voire d’une vingtaine de sièges, il va en avoir perdu une dizaine. La marge de manœuvre sera ainsi extrêmement mince pour gouverner d’ici le scrutin de mi-mandat de 2022, mais aussi pour protéger cette majorité au moment de ce scrutin.

Et l’unité des troupes montre déjà quelques fissures. Au lendemain du vote, lors d’un appel privé entre les membres du caucus démocrate à la Chambre (qui a vite fait l’objet d’une fuite dans les médias), une représentante ayant conservé son siège de justesse a interpellé la leader Nancy Pelosi. Les propositions plus radicales de certains démocrates (l’idée de « définancer » la police ou de se présenter comme socialistes, entre autres) ont été carrément désastreuses pour elle et pour plusieurs de ses collègues en campagne.

La réaction de Pelosi ? En gagnant la Maison-Blanche et la Chambre des représentants, le parti a reçu un « mandat ». Pelosi, bien sûr, doit désormais se soucier du flanc le plus à gauche de son caucus, lequel n’existait tout simplement pas il y a à peine une décennie.

Bref, le président devra composer avec un Sénat dont les rênes sont tenus par un parti adverse déjà déterminé à le contrecarrer ainsi qu’avec une Chambre dominée par son parti déchiré — et ce n’est que le Congrès.

Si, plutôt que de passer par le Congrès, l’administration Biden décide d’agir unilatéralement, elle s’exposera davantage à des poursuites judiciaires visant à faire invalider ses décrets et elle devra affronter une Cour suprême qui, doit-on le rappeler, est aux deux tiers composée de magistrats nommés par des présidents républicains — dont trois par le président Trump.

Parlant de ce dernier, il laissera aussi à son successeur — le plus âgé de l’histoire américaine — la pire crise sanitaire en 60 ans, la pire crise économique en 90 ans et la pire crise sociale en 50 ans.

Bienvenue à la Maison-Blanche, monsieur Biden.

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Quand l’humain régresse au lieu d’évoluer, voilà le résultat. L’intelligence, permettez-moi, de douter.

Quand le mot respect n’existe plus dans nos sociétés, quand l’humain devient prédateur profitant de la faiblesse de ses concurrents pour établir son pouvoir. Quand la démocratie se meurt. Alors, pire que toutes pandémies ayant existé et qui existe actuellement sur notre planète, crise climatique y comprise. L’humain devient animal soif de pouvoir ou rien ne compte que sa petite personne le chaos s’installe et des civilisations entières disparaissent.

N’est-ce pas l’histoire des grandes civilisations qui nous ont précédés? Qu’est-ce que nous n’avons pas compris? Une sérieuse réflexion s’impose, ne trouvez-vous pas?

« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » — Héraclite

Peut-être que tous autant que nous sommes, avons-nous des leçons à apprendre ou à tirer de ces dernières élections. Cette élection « pas comme les autres » illustre assez bien la crise qui fissure l’occident, avec des systèmes qui sont incapables de livrer la marchandise lorsqu’ils coûtent de plus en plus cher.

Étayant un peu plus chaque jour le fossé qui existe entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont plus rien, entre ceux qui croient encore qu’ils pourront tirer leur épingle du jeux et ceux qui sont résignés dans l’abjection de leur condition humaine.

Avec ces programmes sociaux pour acheter le silence, lesquels n’ont de sociaux que le nom, lesquels qui ne peuvent répondre aux besoins de tout un chacun, sont encore un facteur supplémentaire de la division.

Avec le lot de promesses non tenues, de mensonges de toutes sortes d’administrations. Il était très « main stream » de dénoncer les mensonges de Donald Trump, mais que dire de la fourberie de Nancy Pelosi ? Que dire de ces élus qui se passent des charges de père en fils ou de père en fille ? Tout le principe de la monarchie avec sa noblesse de toge.

Les États-Unis qui furent pourtant les premiers à vouloir pour le « nouveau monde » la démocratie, sont devenus le pays le plus protectionniste du monde et l’un des plus obstiné à ne pas vouloir réformer ses institutions.

L’un des premiers travail du président Biden, ne sera pas de régler la crise sanitaire, mais de restaurer la confiance de toute la population. S’il y parvient ce sera alors un grand président.

Au Canada aussi, nous avons du chemin à parcourir. Qui actuellement peut faire confiance dans nos élus provinciaux ou fédéraux ? Des hommes et des femmes continuellement dans l’attentisme, égoïstes, dépensant tout l’argent qu’ils n’ont pas, plutôt que de prendre avec sagesse les bonnes décisions par l’action, en harmonie avec le concret. Par des résolutions sages inspirées par la nature.

Je ne serais pas déçu que Joe Biden soit à contre-courant. C’est le principe même du bouddhisme. Il n’est pas d’autre salut que de remonter vers la source ou bien choisir de se briser dans l’océan à la rencontre de Poséidon.

« Pour quiconque sachant regarder aux bons endroits, il était évident, dès mercredi matin, que Joe Biden avait gagné la présidence. Et tout aussi évident qu’il s’agirait d’une présidence difficile »…

Désolé, je dois être aveugle. A ce que je sache, ce n’est pas au médias a décidé le qui, le comment d’une nomination a la présidence d’un pays. Bien sur votre influence fait pencher mais a elle seule ne décide pas. Souvenez-vous du « Président Al Gore »… A l’heure actuelle les élections sont contestées et M. Trump est encore le président ÉLU et ce pour encore au moins deux autres mois advenant l’élections de M. Biden.
Quand, et « Si » M. Biden, deviendra président alors il aura le droit a ce titre. Pas avant, malgré tout ce que vous en dites.

@ Michel,

Vous commettez une petite erreur, le titre de « président élu » revient au candidat nouvellement élu, on emploi aussi le titre de « président désigné » ou de « futur président » ; ce titre de président élu revient aussi officieusement au futur président même s’il n’est pas encore officiellement élu et ce jusqu’à ce qu’il prenne ses fonctions le 20 janvier prochain.

Techniquement, de par le système électoral, le président élu le sera officiellement lorsque le caucus des grands électeurs se sera réuni, ce qui devrait prendre place sauf erreur de ma part le 10 décembre prochain.

Ce qui explique que les grands réseaux médiatiques déclarent l’élection du président plus tôt, c’est simplement parce que la déclaration officielle ne peut prendre place que le jour où le caucus des grands électeurs se réuni pour élire le président officiellement.

Ainsi ce que disent les médias est toujours officieux, mais on espère qu’ils font assez bien leur travail pour informer les gens correctement.

S’il est vrai qu’il y a des contestations judiciaires de la part des Républicains, notamment en Pennsylvanie et bien qu’il y ait des doutes sérieux quant à la possibilité d’inverser l’ensemble des résultats. Les chiffres à jours restent jusqu’à preuve du contraire, que monsieur Biden a bien fait élire un minimum de 279 grands électeurs, soit 9 de plus que le minimum de 270 exigible.

Quant à l’élection de 2000, elle restera un mystère dans l’histoire de la démocratie américaine puisque la Cour suprême a tranché en ordonnant l’arrêt du recomptage, l’histoire retiendra que George W. Bush est devenu président des États-Unis par 537 voix, ce qui est mathématiquement largement dans la marge d’erreur, ce dont je suppose, vous en conviendrez avec moi….

Donc, Rafael Jacob ne se trompe pas. Il s’était peut-être trompé en 2016… mais pas en 2020.