Plus que quelques jours avant la fin de l’interminable campagne menant aux élections américaines. Le président Trump parviendra-t-il à remonter la pente et faire mentir les prévisions actuelles ? Nous le saurons sous peu, sauf si les résultats sont contestés devant les tribunaux, dans un tel cas nous pourrions en avoir encore pour des mois. Après tout, les élections présidentielles de 2000 qui opposaient Al Gore à George W. Bush s’étaient conclues par une décision de la Cour suprême en décembre, et seul le vote de la Floride était remis en cause !
Les chiffres nationaux n’ont guère bougé au cours des dernières semaines, mais nous devons garder nos yeux rivés sur les États clés qui détermineront le vainqueur du collège électoral. Voici la carte actuelle selon les précisions de Qc125 :
Sur la carte ci-dessus, chaque État est indiqué par un hexagone. Plus l’hexagone est foncé, plus il est sûr pour le parti (bleu pour démocrate, rouge pour républicain). Les États très pâles sont les États pivots.
Selon les prévisions actuelles, Joe Biden détient une avance dans suffisamment d’États pour obtenir au minimum 279 grands électeurs, ce qui — sans un seul État pivot — dépasserait le seuil de 270 grands électeurs nécessaires pour la victoire. Donc, si ces chiffres se transforment bel et bien en votes, non seulement Donald Trump aurait-il besoin de « tous » les États pivots pour l’emporter, il devrait aussi renverser la vapeur dans des États présentement favorables à Joe Biden.
Pour illustrer le parcours le plus susceptible de donner la victoire à Donald Trump, il faut déterminer le « point de bascule ». On y parvient en classant les États en ordre, du plus républicain (là où les intentions de vote en faveur du Parti républicain sont les plus élevées) au plus démocrate, puis en additionnant le nombre de grands électeurs attribués à chaque État. Le parti qui franchit le point de bascule remporte l’élection :
Le graphique ci-dessus nous démontre que le point de bascule actuel pour les républicains est la Pennsylvanie. Pour l’emporter, Trump devrait gagner tous les États à la gauche de la Pennsylvanie sur le diagramme (voici la version complète de ce graphique).
Le parcours victorieux pour Trump
Voici donc le parcours le plus plausible pour la victoire de Trump : il doit rafler les grands électeurs en Géorgie, en Caroline du Nord, en Arizona, en Iowa et, bien sûr, en Floride. Finalement, pour passer au travers du point de bascule, il doit aussi remporter la Pennsylvanie :
Ces États lui vaudraient 279 grands électeurs et la victoire. Évidemment, il doit aussi conserver l’Ohio et le Texas, également des États pivots, ce qui n’est pas dans la poche. Voici les marges actuelles (arrondies au point près) dans ces États cruciaux pour Trump :
Texas | Trump +3 |
Ohio | Égalité |
Géorgie | Biden +1 |
Caroline du Nord | Biden +2 |
Iowa | Biden +2 |
Arizona | Biden +4 |
Floride | Biden +3 |
Pennsylvannie | Biden +7 |
Remarquez que l’écart entre Biden et Trump se situe à l’intérieur d’une marge d’erreur raisonnable, à l’exception de la Pennsylvanie. S’il s’avérait que les appuis de Trump avaient été sous-estimés « partout », il pourrait ainsi être réélu.
Si Trump perd la Pennsylvanie
Dans une telle éventualité, le chemin vers la victoire pour Trump passerait alors par le Wisconsin. Voici la carte :
Dans le scénario évoqué plus haut, si Trump perd la Pennsylvanie, mais gagne le Wisconsin, nous aurions une égalité de 269-269 au collège électoral. Toutefois, deux États, le Nebraska et le Maine, n’accordent pas leurs grands électeurs en bloc au gagnant, mais les divisent selon leurs circonscriptions du Congrès. Or, Biden pourrait remporter le deuxième district du Nebraska (comme l’a fait Obama en 2008), ce qui lui donnerait son 270e grand électeur. Mais attention, Trump pourrait gagner le deuxième district du Maine (comme il l’a fait en 2016), et nous aurions encore une fois une égalité. Dans ce cas, le vainqueur de la présidence serait décidé par le Congrès américain, où chaque État aurait le même poids. Et il serait alors fort probable que Trump l’emporte.
Si Trump perd la Floride
Sans la Floride, Donald Trump devra s’imposer dans des États remportés par Hillary Clinton en 2016, ce qui, sans être impossible, est fort improbable. Pour compenser la perte de la Floride, le chemin de la victoire pour Trump passerait par le Wisconsin, le Minnesota et le Nevada :Or, les marges actuelles dans le Minnesota (Biden +9) et le Nevada (Biden +8) sont présentement bien au-delà d’une marge d’erreur raisonnable. Il faudrait soit une remontée spectaculaire de Trump dans les derniers jours de la campagne ou une erreur de sondage beaucoup plus importante que celle de 2016 dans le Midwest pour que Trump l’emporte.
Nous suivrons les chiffres de la présidentielle jusqu’au dernier jour de la campagne, soit le lundi 2 novembre. Pour toutes les données de cette prévision, visitez la page américaine de Qc125.
Voici une démonstration très éloquente de « l’état des lieux », laquelle de par sa clarté ne requière aucun autre commentaire supplémentaire… de ma part.
Merci beaucoup pour ce texte et ces graphiques, ça aide vraiment à comprendre les enjeux. Je serais par contre vraiment intéressé de voir le même graphique (celui avec le point de bascule) , à la veille des dernières élections américaines remportées à la surprise de tous par Trump.
Un beau résumé. Par contre, il faut rappeler qu’en 2000, l’écart entre Gore et Bush n’était que de quelques centaines (le chiffre variait au fil des jours) et que l’on parlait d’un seul état “contesté”. Dans ce cas-si, il est probable que l’on retrouve plusieurs états avec de minces écarts. S’ils sont principalement pour Biden, il y a l’effet cumulé des écarts favorisant un candidat plutôt que l’autre…. et contrairement à la Floride en 2000, le frère du candidat à la présidence n’est pas gouverneur de l’état pivot en contestation.