Si la politique américaine semble féroce depuis l’élection de Donald Trump, ce n’est rien comparativement à ce qui s’annonce dans les neuf prochains mois, qui mèneront à l’élection présidentielle du 3 novembre 2020.
Les camps républicain et démocrate sont gonflés à bloc, plus mobilisés que jamais. Un sondage national publié par CNN en octobre dernier révélait qu’environ 70 % des Américains étaient « très » ou « extrêmement » enthousiastes à l’idée de voter en novembre 2020, un taux record éclipsant même la mesure prise quelques jours avant la première élection de Barack Obama, en 2008. Fait important à noter : cet engouement transcende les lignes partisanes. Autant les républicains se disent motivés à exercer leur droit de vote pour réélire le leader de leur parti, autant les démocrates sont déterminés à servir à Donald Trump sa propre expression fétiche à l’époque où il était animateur de téléréalité : you’re fired !
L’histoire américaine moderne a tendu à démontrer que les campagnes de réélection servent foncièrement de référendum sur le président en fonction, celui-ci obtenant généralement un score électoral similaire à son taux d’approbation dans la population globale. Celui de Donald Trump, extraordinairement stable depuis le début de son mandat, oscille entre 41 % et 45 %. Trop peu pour avoir confiance de l’emporter… mais peut-être suffisant si l’option démocrate semble inacceptable aux yeux de trop d’électeurs.
À ce contexte s’ajoute la procédure de destitution du président. Donald Trump est seulement le quatrième président de l’histoire américaine à faire l’objet d’une telle procédure, et le tout premier alors qu’il se trouve activement en campagne de réélection. Bien que les risques que Trump soit destitué demeurent faibles, le processus aura galvanisé les partisans des deux côtés du spectre politique et injecté une dose additionnelle de drame à une élection s’annonçant déjà riche en rebondissements.
D’ici là, le Parti démocrate devra se doter d’un porte-étendard présidentiel. C’est ce à quoi mèneront les caucus et les primaires démocrates, qui se tiendront du début février à la mi-juillet. Sur ce terrain aussi, la discorde est présente, et importante. En faisant tout pour couronner Hillary Clinton à la tête du parti en 2016, l’intelligentsia du Parti démocrate a activement tenté d’étouffer des débats et des différends qui éclatent aujourd’hui au grand jour. On a ainsi vu apparaître des fissures non négligeables entre la base de gauche du parti et son aile plus modérée, et un schisme grandissant entre les éléments plus populistes comme Bernie Sanders et Elizabeth Warren d’un côté, et de riches donateurs proches de Wall Street comme Michael Bloomberg de l’autre. Âprement divisé, le parti semble parfois uni seulement par son désir viscéral d’en finir avec Donald Trump. Il devra choisir une orientation plus claire dans une ère post-Obama.
L’année qui s’amorce sera donc aux États-Unis celle d’une lutte sans merci sur fond de profondes divisions idéologiques, culturelles, socioéconomiques et, de plus en plus, géographiques. Au-delà de cela, toutefois, le même mot règne depuis 2016 : imprévisibilité !

Ce que l’année électorale réserve à Donald Trump, en trois questions
Le leadership de Trump peut-il être contesté au sein du Parti républicain ?
En théorie, oui : des candidats peuvent essayer de déloger un président sortant et de prendre sa place comme candidat officiel du parti. C’est arrivé notamment à Jimmy Carter en 1980 et à George H.W. Bush en 1992. Tous deux remportèrent ces primaires, mais ils en sortirent affaiblis à l’approche de l’élection générale — ce sont d’ailleurs les deux derniers présidents à n’avoir pas été élus pour un second mandat. Une poignée de candidatures ont été lancées du côté républicain pour défier Trump cette année, mais elles sont plutôt mineures et, si primaires républicaines il y a dans certains États, elles ne risquent pas à ce stade-ci d’être particulièrement menaçantes.
Le processus de destitution peut-il changer les choses ?
En théorie encore, oui : le Parti républicain pourrait décider de larguer Trump s’il en vient à juger celui-ci comme un boulet trop lourd en raison des questions soulevées par toute la saga autour de cette mesure. Dans les faits, toutefois, éjecter un président sortant en pleine année électorale — surtout quelqu’un comme Trump, qui réagirait certainement avec force à ce type de rejet — comporterait des risques gigantesques pour le parti. Et malgré la montagne de controverses que le président a suscitées depuis le début de son mandat, l’électorat républicain reste très majoritairement rangé derrière lui, son taux d’approbation du président oscillant entre 75 % et 90 %.
En quoi la campagne Trump de 2020 différera-t-elle de celle de 2016 ?
Elle sera mieux financée et, surtout, plus structurée. Pouvant cette fois s’appuyer sur la « machine » républicaine (sans compter le pouvoir de la présidence), Trump dirigera une équipe de campagne assurément plus professionnelle que la brochette d’amateurs qui l’avaient accompagné lors de sa campagne initiale. Cela dit, le candidat, lui, demeure le même…
Cet article a été publié dans le numéro de février 2020 de L’actualité.
Sauver sa peau…
Mais oui! On parle des USA comme d’une « très grande démocratie », parle d’un procès en destitution etc. Très peu de démocratie au sud, aucun procès en vue. TOUT est pippé d’avance. Malheureusement cela ne se limite pas qu’à nos voisins du sud, mais puisqu’ils font tout en plus grand et plus gros…