L’auteur est chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand, où ses travaux se concentrent sur l’étude et l’analyse de la politique américaine.
Il était évident depuis l’automne dernier que mai 2022 serait un mois important pour évaluer l’influence que Donald Trump exerce toujours sur le Parti républicain. Pour les primaires majeures qui se déroulent actuellement, où les républicains sont appelés à choisir leurs candidats en vue des élections de mi-mandat de novembre, Trump avait mis son autorité sur le billot en appuyant une brochette d’aspirants liés par un fil conducteur : une promesse de loyauté envers le 45e président.
Alors que viennent de se conclure les primaires d’un quatuor d’États généralement favorables au magnat de l’immobilier, qu’en est-il donc de cette influence ? Il y a des surprises…
Les grands coups pour Trump…
Dans les trois primaires les plus disputées et les plus importantes pour le Sénat, le poids de Trump semble indéniable. En Ohio, en Caroline du Nord et en Pennsylvanie, il a choisi de se ranger derrière des candidatures dont les chances de succès étaient pour le moins incertaines.
Le premier cas est peut-être le plus frappant. J.D. Vance languissait loin derrière, en troisième position d’une course à cinq — en fait, il se trouvait plus près de la dernière place que de la première — lorsque Trump a pris le risque de l’appuyer, à moins de trois semaines du scrutin.
Vance l’a finalement emporté par huit points.
En Caroline du Nord, Trump a appuyé un autre candidat négligé, le représentant Ted Budd, qui se frottait à l’ex-gouverneur de l’État et ex-maire de la métropole Charlotte. Le jour du vote, Budd a gagné avec plus de 30 points d’écart. Sur les 100 comtés composant la Caroline du Nord, il en a raflé 99.
Bien que les résultats en Pennsylvanie soient toujours contestés — ils feront l’objet d’un recomptage qui pourrait s’étirer sur quelques semaines —, le candidat soutenu par Trump, le Dr Mehmet Oz, peut aujourd’hui sérieusement aspirer à devenir le prochain sénateur de cet État ô combien important.
Une série d’autres candidats ayant bénéficié de l’appui de l’ex-président ont émergé avec les investitures républicaines, autant pour des postes de gouverneur que pour des sièges à la Chambre des représentants.
Dans un cas particulièrement frappant, les électeurs républicains d’une circonscription à l’est de Raleigh, en Caroline du Nord, représentée par les démocrates depuis 20 ans sans interruption et menaçant désormais de pencher dans le camp adverse, se sont vu offrir une brochette de six candidats. Ils ont opté pour Sandy Smith, une néophyte politique qui s’est rendue à Washington le 6 janvier 2021 et qui se vante d’être « la seule dans cette course à dire que Trump a gagné l’élection de 2020 ».
… et la gifle
Si le sceau de l’appui présidentiel a ainsi valu de l’or pour certains, il aura coûté cher à d’autres, et non les moindres. Parmi ces derniers se trouve David Perdue, candidat parrainé par Trump pour défaire le gouverneur républicain sortant de la Géorgie, Brian Kemp, que l’ex-président souhaitait ardemment envoyer aux oubliettes de l’histoire. Mardi, Kemp a pulvérisé Perdue par plus de 50 points, se dirigeant vers une probable réélection en novembre. C’est digne de mention.
Parmi les 50 États américains, la Géorgie est celui où la victoire de Joe Biden contre Trump en 2020 a été la plus courte : à peine 0,3 %. Dans les jours et les semaines suivant sa défaite, Trump a tout fait pour pousser Kemp et les autorités électorales de l’État à modifier le résultat.
Kemp, qui deux ans plus tôt avait lui-même remporté le poste de gouverneur en grande partie grâce à l’appui de Trump, a tenu tête au président. Depuis, ce dernier veut la peau politique de Kemp. Fait rare, il est allé jusqu’à injecter de l’argent de sa propre organisation pour aider des candidats aux primaires.
Non seulement Kemp a survécu, mais il en a été de même mardi pour Brad Raffensperger, le responsable des élections de l’État, que Trump avait menacé en exigeant de lui qu’il « trouve » les quelque 12 000 voix qui lui manquaient.
Est-il donc possible de s’opposer à Donald Trump dans le Parti républicain de 2022 ? Généralement non… et parfois peut-être.
Enthousiasme marqué, enthousiasme inégal
Après ce mois de primaires, il faut souligner le niveau particulièrement élevé de participation comparativement au dernier scrutin de mi-mandat, en 2018, lors duquel les démocrates avaient enregistré des gains majeurs.
À la fois dans les primaires démocrates et républicaines, on observe des hausses marquées. Mais dans plusieurs États importants, il y a un mouvement plus massif du côté républicain. C’est notamment le cas en Pennsylvanie, où un peu moins de 80 000 démocrates et un peu plus de 60 000 républicains avaient voté aux primaires de 2018. En 2022, ils étaient près de 130 000 et 140 000 respectivement.
Les sondages mesuraient déjà depuis des mois un niveau d’enthousiasme plus prononcé à l’idée d’aller voter parmi les électeurs républicains — une tendance lourde chez le parti n’occupant pas la Maison-Blanche lors des élections de mi-mandat. On commence à en avoir des démonstrations électorales concrètes.
Un parti plus « trumpiste », donc… et gonflé à bloc.
Est-ce l’attractivité de Trump qui pousse les US vers les Républicains, ou les bévues multiples de Biden et l’ultra-gauche des Democrates? Voilà la vraie question.
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Merci de prendre ces commentaires en considération. Bonne journée à toute l’équipe.
Remarque dont j’appuie le bon sens. Merci de la prendre en considération.
100% d’accord.
@ Patricia Carignan,
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*** Note à la rédaction :
Dans votre présentation vous écrivez ceci : « Le Parti républicain choisit ses candidats pour les élections législatives de mi-mandat », ceci n’est pas exact, puisque les élections de mi-mandat visent à renouveler une partie du Congrès : le Sénat (1/3 des sénateurs – Chambre haute), la Chambre des représentants (100 % des représentants – Chambre basse). D’usage on ne parle pas de députés, mais plutôt de « représentants » pour la Chambre basse.
Il convient de mentionner que le même jour, plusieurs États procèdent aussi à l’élection de leurs représentants pour leurs parlements respectifs et d’autres postes électifs comme celui de « Gouverneur » sont en jeu.
À noter encore que ce n’est pas Rafael Jacob qui a commis l’erreur.
*** Mes commentaires :
Ce texte montre qu’en démocratie, les taux de participation sont déterminants dans le résultat des élections. Ce qui inclut les primaires. Il faudra certainement surveiller ce taux dans plusieurs États puisque les écarts réduits entre électeurs républicains ou démocrates pourraient selon ce taux décider des gagnants ou des perdants.
Comme le précise monsieur Jacob, la Pennsylvanie est à surveiller puisqu’il n’est pas rare que cet État ait historiquement contribué à faire et défaire les présidents. Il ne serait pas très surprenant que l’élection de novembre révèle le climat de défaveur au président Biden, lorsqu’il bénéficiait pourtant en 2020 des faveurs d’une majorité d’électeurs dans cet État, il l’avait emporté sur Donald Trump d’une avance plutôt confortable de 3,7%.
Ainsi va la vie « comme des montagnes russes » avec ses hauts et ses bas….
Bonjour,
Dans l’influence que Trump a envers l’électorat est un pouvoir financier et de menace. Si vous ne votez pas pour tel candidat je vais faire fermer par mensonge tel ou tel industrie.
Il n’y a aucune différence entre Trump et les dictateurs du monde.
Son agissement est le contraire de la démocratie qui demande aux électeurs de voter selon leur conscience et non par peur de perdre leur emploi car les réseaux sociaux en 2022 possèdent énormément de pouvoir.