L’auteur est chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand, où ses travaux se concentrent sur l’étude et l’analyse de la politique américaine.
Les États-Unis ont rarement eu plus d’amis qu’au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Même des régimes ennemis de longue date, de Cuba à la Corée du Nord, avaient condamné les attaques et pris le parti de l’Oncle Sam. Vladimir Poutine avait été le premier leader mondial à offrir les condoléances de son pays à son homologue George W. Bush, avant de l’appuyer dans sa lutte contre le terrorisme.
Tout ce capital de sympathie a cependant été liquidé avec l’invasion de l’Irak deux ans plus tard. Lancée au motif, révélé faux par la suite, que le pays possédait des armes de destruction massive, cette opération militaire avait peu à voir avec la guerre au terrorisme pour laquelle le monde entier s’était pourtant rangé derrière la superpuissance.
Alors que l’enlisement en Afghanistan contre les talibans et al-Qaïda présageait le plus long engagement militaire de l’histoire des États-Unis, George W. Bush a annoncé le 19 mars 2003 l’opération Choc et stupeur — une offensive contre un pays souverain qui n’avait jamais attaqué les États-Unis —, malgré l’opposition vivement exprimée d’alliés traditionnels comme le Canada, la France et l’Allemagne. C’est auprès d’une partie non négligeable du monde, en fait, que les États-Unis ont sacrifié leur autorité morale.
Et ce sacrifice se fait sentir à ce jour : le président russe, Vladimir Poutine, qui avait personnellement tenté de convaincre George W. Bush de ne pas envahir l’Irak, se plaît à répéter, depuis sa propre invasion d’un pays souverain il y a un an, qu’il n’a pas de leçons à recevoir de la part des Américains.
Si, en renversant le régime de Saddam Hussein, les États-Unis et la coalition ont mis fin à une dictature cruelle, qui allait probablement survivre à Saddam avec ses fils Oudaï et Qoussaï, la suite n’a guère apporté la paix aux Irakiens.
L’idée naïve, avancée par les faucons de la Maison-Blanche, selon laquelle l’Irak allait devenir un modèle de réforme démocratique pour l’ensemble du Moyen-Orient après l’invasion s’est plutôt traduite par des années de violence, sous forme d’insurrections successives contre les gouvernements en place. D’ailleurs, il a été à peu près impossible d’établir un gouvernement fonctionnel, le pays étant toujours aux prises avec des divisions religieuses entre sunnites, chiites et Kurdes.
Cette instabilité a ébranlé toute la région, ce qui a mené à l’émergence d’une branche d’al-Qaïda en Irak — l’organisation en était absente sous Saddam — et de Daech, qui a gagné en force en s’emparant d’une grande partie du territoire irakien. Vieil ennemi de Bagdad, le régime tyrannique des ayatollahs d’Iran est devenu, grâce à ce vide en Irak, une puissance régionale… et à terme peut-être une puissance nucléaire.
Déjà, l’invasion et l’occupation qui a suivi pendant neuf ans ont coûté au Trésor public américain presque autant que la guerre contre l’Allemagne nazie et le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale : 3 600 milliards de dollars américains, l’équivalent de la moitié de la dette nationale au moment de lancer l’opération. Quelque 5 000 soldats américains ont été tués et au moins 200 000 combattants et citoyens irakiens y auraient laissé leur vie, notamment lors de la guerre civile déclenchée par la chute de Saddam.
Vingt ans après les premiers bombardements, on cherche toujours les armes de destruction massive en Irak. Tout comme la démocratie et la paix au Moyen-Orient.
Cet article a été publié dans le numéro d’avril 2023 de L’actualité, sous le titre « L’héritage empoisonné de Bush ».
M. Jacob n’aime pas les E.U., c’est évident. L’invasion d’Irak a été un désastre. Par contre, je préfère y voir de la naiveté plutôt que de la malveillance.
Pour bien servir le Québec, situé juste à côté des E.U., M. Jacob pourrait aussi explorer, au moins à l’occasion, les valeurs positives qui font carburer les Américains.
Bonjour
L’invasion illégale de l’Iraq fut un désastre complet, des centaine de milliers de morts sur un mensonge. Sur le régime de Saddam Al-Qaida ne s’est jamais manifesté. aussi tôt l’invasion, plus de 1600 attentats terroristes s’en sont suivi. Saddam n’était pas un ange , mais il aimait bien plus son peuple que l’envahisseur, s’il avait été poursuivi par la Cour Pénale Internationale, Saddam aurait su défendre adéquatement, les Américains ont préféré le rendre à ses ennemis, et il a été lynché.
Une anecdote que peu de gens connaissent, le jour ou Colin Powell a su qu’il avait été manipulé, on dit qu c’était la plus grande colère que la Maison Blanche ait connu. Colin Powell était un homme profondément juste. Les faucons de Washington ont réussi à lui faire prendre sa retraite. 20 ans après l’invasion, une phrase d’un diplomate qui reste collé en mon esprit, « Vous, les Américains porté de grandes chaussures, faites attention ou vous mettez les pieds`.
Aucun militaire digne de ce nom, ne proclame victoire en Iraq, un agresseur restera toujours coupable, nul personne ne peut être un ennemi en son propre pays. Cette guerre un échec lamentable des Américains.