
De jeunes Israéliens ont d’abord répondu à l’appel d’une réalisatrice indépendante de 26 ans, Daphni Leef, outrée par les loyers toujours plus élevés. Ils ont planté leurs tentes sur le tronçon piétonnier d’un chic boulevard de Tel-Aviv à la mi-juillet, bientôt imités par des milliers d’autres partout au pays. La « tentifada » (révolte des tentes) était lancée.
Les premiers manifestants ont exclu du débat les conflits politiques pour se concentrer sur les problèmes sociaux et économiques – notamment l’écart grandissant entre les riches et le reste de la population. Malgré une prospérité économique inédite depuis la création du pays, en 1948, près de 40 % des Israéliens estiment avoir de la difficulté à joindre les deux bouts avec leur salaire actuel.
L’une des personnes qui ont organisé le mouvement, Stav Shaffir, 26 ans, estime que la jeune génération, très touchée par ces questions, veut maintenant se débarrasser des hantises d’un passé difficile. « La troisième génération d’Israéliens – ma génération – veut faire un pas en avant », dit cette organisatrice, dont la tignasse rousse est maintenant reconnaissable dans tout le pays. « Nous ne sommes plus en lutte pour notre survie, nous sommes en lutte pour notre avenir. Il est temps de laisser les traumatismes de côté et de bâtir notre société. »