L’arme nucléaire et le couteau de boucher

Le président des États-Unis devrait-il tuer un homme de ses mains avant de déclencher une frappe nucléaire ?

(AP Photo/Ahn Young-joon, File)

Le président américain devrait-il être forcé de tuer un homme de ses propres mains avant d’utiliser l’arme nucléaire ? La question, posée en 1981, au zénith de la guerre froide, par Roger Fisher, professeur de la Faculté de droit de Harvard, peut sembler exagérée, mais elle soulève une intéressante réflexion au moment où la menace nucléaire revient à l’avant-plan.

À quel point est-il trop facile de déclencher la fureur atomique ?

La montée de la tension entre la Corée du Nord et la communauté internationale dans les derniers jours n’a rien de rassurant. Kim Jong-un a testé une bombe à hydrogène d’une grande puissance, et le président Donald Trump a répliqué en se disant prêt à utiliser l’arsenal nucléaire américain pour défendre son pays et ses alliés, le Japon et la Corée du Sud.

Un seul homme assis dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche a le pouvoir de tuer des millions de personnes en quelques minutes. Il fait face à un autre homme, à l’autre bout de la planète, qui ne semble pas davantage rationnel.

Roger Fisher était un spécialiste de la résolution de conflits. Il est décédé en 2012 à l’âge de 90 ans, mais l’un de ses textes phares continue de circuler sur Internet et d’être enseigné dans certaines écoles afin de faire réfléchir les élèves.

Actuellement, un attaché militaire suit en tout temps le président américain, avec dans sa main une mallette qui contient les codes nucléaires et la procédure à suivre pour amorcer la mise à feu.

En mars 1981, dans le Bulletin of the Atomic Scientists, Roger Fisher propose une idée aussi ingénieuse que farfelue : remplacer le contenu de la mallette par un gros couteau de boucher finement aiguisé. L’attaché militaire, qui serait un volontaire, se verrait implanter les codes nucléaires dans une petite capsule insérée près de son cœur.

Pour déclencher l’arme nucléaire, le président devrait d’abord tuer l’attaché militaire avec le couteau afin de récupérer les codes et ainsi pouvoir procéder à la mise à feu.

« La seule façon de les obtenir serait de tuer cet homme de ses propres mains, écrit Roger Fisher. Le président devrait dire : “Je suis désolé, George, mais des dizaines de millions de personnes doivent mourir.” Il devrait regarder un humain en face et réaliser à quoi ressemble la mort, à quoi ressemble la mort d’un innocent. Il y aurait du sang sur le tapis de la Maison-Blanche. Ça ramènerait à une certaine réalité. »

Dans son texte, Roger Fisher dit en avoir parlé à un ami au Pentagone, qui l’a regardé d’un air incrédule : « Mon Dieu, c’est terrible ! Avoir à tuer une personne pourrait causer de la distorsion dans le jugement du président. Il pourrait ne jamais peser sur le bouton. »

C’était précisément l’argument de Fisher.

Aux yeux des opposants à cette idée, qui n’a jamais été considérée en haut lieu, un tel scénario aurait donné un avantage indéniable aux adversaires des États-Unis à l’époque, notamment l’URSS, qui aurait été persuadée qu’un président américain faisant face à un tel dilemme moral n’oserait jamais utiliser l’arme fatale.

Ce court extrait d’un long texte de Fisher, qui explique pourquoi personne ne peut sortir gagnant d’une guerre nucléaire, retient l’attention depuis près de 35 ans. Il montre à quel point l’utilisation de cette force de frappe inouïe continue d’enflammer les débats.

Évidemment, il serait plus simple d’ajouter des contre-mesures autour du président américain afin de diminuer sa capacité de décider seul de l’utilisation de l’arme nucléaire. Des spécialistes ont proposé, par exemple, que les leaders au Sénat et au Congrès soient partie prenante de la décision. Dans la séquence de décision et de mise à feu, pratiquement personne ne peut empêcher le président de procéder. Même une mutinerie serait complexe à mettre en œuvre. Ironiquement, l’ordre de lancement ne fait que 150 caractères, soit environ la longueur d’un tweet, le moyen de communication favori de Donald Trump.

En septembre 1982, le New York Times, dans la section Science, revient sur la proposition de Fisher et affirme qu’elle a au moins le mérite de pointer dans une direction importante pour aider à comprendre les conflits : l’aspect psychologique qui influence les décideurs. « Depuis la fameuse lettre d’Albert Einstein rédigée il y a 50 ans, dans laquelle il demandait à Sigmund Freud d’analyser les “forts facteurs psychologiques” qui empêchaient la paix dans le monde troublé des années 30, une parade de scientifiques spécialistes des comportements humains conjecturent sur ce qui peut causer ou éviter une guerre, ou, du moins, permet d’en diminuer les conséquences », écrit le quotidien.

Un rappel que ce sont des humains qui prennent les décisions lors des conflits et que toute une série de facteurs peuvent les influencer. Parfois ils ont raison, parfois ils font des erreurs. C’est l’aspect le plus terrifiant de la tension entre deux puissances potentiellement nucléaires.

My suggestion was quite simple: Put that needed code number in a little capsule, and then implant that capsule right next to the heart of a volunteer. The volunteer would carry with him a big, heavy butcher knife as he accompanied the President. If ever the President wanted to fire nuclear weapons, the only way he could do so would be for him first, with his own hands, to kill one human being. The President says, “George, I’m sorry but tens of millions must die.” He has to look at someone and realize what death is—what an innocent death is. Blood on the White House carpet. It’s reality brought home.

When I suggested this to friends in the Pentagon they said, “My God, that’s terrible. Having to kill someone would distort the President’s judgment. He might never push the button.“

Roger Fisher, The Bulletin of the Atomic Scientists, mars 1981
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On va juste commetre une grosse erreur qui sera de détruire une partie de la planète et commencer à vivre l’enfer sur terre à cause de deux grands idiots ! Je pense que c’est fouttre la planète dans un désastre! Et y’a pas juste moi pis vous qui va mourir, finie la paix et l’abondance! Malheur! Malheur pour tous!!! Et même s’ils se pensent bien forts et matchos, si un irradie l’autre, l’autre ne pourra jamais rouspété ou se défendre. Ça fait tellement longtemps que ça leur tente tout ça. Ils sont incontrôlables!!!! Obsédés même! Les supers héros sont à la télés pas sur terre, réveillez-vous! On va tous y passer! Regardez l’états de nos planètes, l’homme a déjà passé par là avant…. et qu’est-ce qu’ils en ont fait???? La mort!

L’arme atomique n’a été employée officiellement que deux fois contre des populations civiles sur Hiroshima & Nagasaki les 6 et 9 août 1945. L’usage dans ce cas de l’arme atomique peut paraître d’autant plus singulier que le Japon était à cette date d’ores et déjà prêt à capituler. La question était seulement de parfaire les conditions de la reddition, alors que les américains voulaient se débarrasser coûte que coûte de l’Empereur, les Japonais attachés à leurs traditions, désiraient conserver Hiro Ito à tout le moins comme chef spirituel du Japon.

On pourrait dire que grossièrement, ce sont les tragédies de Hiroshima & Nagasaki qui ont sauvé la tête de Hiro Ito. Les Américains étant obligés de mettre de l’eau dans leur saké.

Ironiquement c’est sous la présidence d’un humaniste : Franklin D. Roosevelt que l’usage de cette arme létale a été ordonné. Je suppose que Roosevelt voulait venger irrationnellement l’affront infligé à l’Amérique lors de l’attaque de Pearl Harbor.

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, ce sont de nouveaux concepts de défense qui ont pris le pas. En l’occurrence : la force de dissuasion. Ce qui justifie du développement des arsenaux atomiques, c’est la préservation de la paix par le développement d’armes (défensives) si puissantes que seul des fous pourraient s’en prendre aux nations qui détiennent de telles armes. Lesquelles nations étant garantes de la préservation de la paix dans toutes les régions.

L’énigme consisterait plutôt à savoir alors, si le président devrait au préalable poignarder le porteur des codes advenant que le « bon » Kim Jong-un décide de faire usage de la bombe H à des fins offensives. — Lorsque rien n’indique à l’heure où l’on se parle que la Corée du Nord soit engagée dans cette funeste démarche.

Déjà parce qu’on ne connait pas la nature exacte de la bombe essayée ses jours derniers, ensuite parce que l’arsenal opérationnel est encore presque d’évidence à un stade embryonnaire, puis parce que les potentiels lanceurs de telles armes ne sont pas encore suffisamment au point et en nombre suffisants pour constituer une menace réelle pour l’humanité.

En principe les services de renseignements de divers pays devraient passablement se trouver au courant….

Malgré les allégations des uns et des autres, rien n’indique que la Corée du Nord ne souscrive également au concept de dissuasion lorsque ce pays à la croisée des chemins, veut simplement être reconnu, prendre sa place dans le concert des nations et poursuivre ce système collectiviste qu’il a échafaudé : pacifiquement. Quitte à peu à peu à s’ouvrir au changement.

Nous comprenons bien que le rôle premier du président des États-Unis consiste à jouer les facilitateurs pour mener à bien des négociations plutôt que de procéder à un usage offensif des capacités atomiques pour fin tout bonnement de prendre les devants dans cette situation.

Quoiqu’il en soit l’histoire a démontré que rien ne vaut pour un chef d’État qu’une « bonne guerre » pour relever sa cote de popularité. Il est temps d’apporter notre soutien inconditionnel à Donald Trump pour lui éviter de devoir faire un usage intempestif des « codes » ne serait-ce que lors lors d’une courte asthénie.

Je pense que pour l’amour du prochain, les médias qui n’ont de cesse de lui casser du sucre sur le dos… devraient « ma foi » prendre le parti d’en faire tout autant.

Je vous corrige néanmoins: c’est Harry Truman qui a autorisé les bombardements contre Hiroshima et Nagasaki.

@ Jean-Philippe Cipriani,

Oui ! Très juste, c’est vrai que la guerre dans le Pacifique a duré plus longtemps que sur le « Vieux continent » et Roosevelt était déjà mort au moment des bombardements.

C’est néanmoins sous sa présidence qu’on a donné les coudées franches à Oppenheimer pour développer ce type d’armement et prévu les dispositifs d’un bombardement sur le Japon.

Rien n’indique en effet que Roosevelt aurait donné l’ordre ultime. Merci beaucoup pour cette précision.

Le Japon était loin d’être prêt à capituler en 1945. Les américains avaient subi de lourdes pertes en s’emparant d’îlots minuscules comme Iwo Jima. Les stratèges américains avaient estimé qu’il faudrait 2 ans de combats acharnés pour s’emparer de l’archipel nippon au complet, au prix de la vie de dizaines de milliers de soldats américains. Truman a lancé les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki pour sauver la vie d’un grand nombre de soldats américains. Paradoxalement, la capitulation immédiate du Japon a épargné la vie de millions de japonais, civils et militaires qui auraient péri sous les bombardements conventionnels et durant les combats.
Ce n’est naturellement pas un modèle dont il faut se servir pour régler le cas de la Corée du Nord.

@Pierre 11 sept. 8h03
Très juste ! Ce qui m’inquiète au plus haut point c’est que le Kim et son état major sont aussi fanatisés que Hiro Ito et ses japs lors de la Dernière Grande Guerre. Incapables de leur faire entendre raison, les Amers-Ricains ont été contraints de détruire non pas une mais deux villes pour arrêter le carnage de centaine de milliers de civils et militaires.

Si on parle de la deuxième guerre mondiale, on sait aussi que les Alliés ne se sont pas gênés pour bombarder les populations civiles des villes allemandes, en particulier Hambourg, Dresde et Berlin, causant des centaines de milliers de morts civiles. La différence avec les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki c’était qu’un seul bombardier suffisait pour détruire ces villes alors que les bombardements conventionnels impliquaient des douzaines de bombardiers et qu’au début des bombardements des villes allemandes les pertes des Alliés étaient très grandes.

La différence maintenant c’est qu’un bombardier n’est même pas nécessaire et qu’un président dont les facultés mentales peuvent être diminuées peut déclencher un cataclysme sans précédent dans un temps très court. C’est surtout cet aspect qui est très inquiétant, en particulier dans le contexte où les jeux vidéos comportent souvent des destructions massives virtuelles, sans conséquences réelles. Devient-on accoutumé à ce genre de situation? Quand Fisher a écrit ce texte, les jeux vidéos n’existaient même pas…

Enfin, il est possible qu’un tel cataclysme entraîne par enchaînement la fin de l’humanité, la fin des humains sur terre. La planète va s’en remettre mais les humains pas nécessairement. C’est là où la situation actuelle où un seul individu a de tels pouvoirs est aberrante.

@ Pierre,

— Vos mots : « Paradoxalement, la capitulation immédiate du Japon a épargné la vie de millions de japonais, civils et militaires qui auraient péri sous les bombardements conventionnels et durant les combats. »

Auriez-vous quelques éléments pertinents pour nous permettre de documenter cet étrange « paradoxe » ?

Bien qu’il y ait eu effectivement des pistes d’atterrissage sur cet îlot, la prise de la petite île d’Iwo Jima, n’était pas stratégiquement importante pour prendre le Japon, elle n’aurait pas permis de servir de base avancée aux Américains pour des bombardements conventionnels sur Tokyo notamment. Et moins encore pour considérer la possibilité d’un débarquement.

Ce n’est probablement pas un hasard, si les États-Unis sont désormais implantés à Okinawa.

Les avantages d’avoir livré la bataille d’Iwo Jima restent encore controversés maintenant. Sauf peut-être la valeur symbolique que cette victoire a su inspirer sur l’opinion publique.

De plus, la faiblesse des bombardiers B-29 était essentiellement leur rayon d’action. C’est pour cette raison que ce sont deux B-29 allégés qui ont été employés pour bombarder Hiroshima et Nagasaki.

C’est cet aspect technique notamment qui aurait privilégié qu’on préférât l’usage de l’arme atomique contre l’usage d’armes conventionnelles en raison de l’impossibilité pour les Américains de considérer sérieusement au Japon un débarquement massif de troupes comme en Normandie.

Les délais supplémentaires dont vous faites mention sont donc imputables à des questions de logistique et non à la capacité réelle de résister du Japon.

Alors, vous ne m’avez pas convaincu que les bombes atomiques — qui de par les radiations ont des conséquences désastreuses à long terme – ; qu’elles aient pour vertu cardinale d’épargner des vies humaines innocentes. Si c’était vraiment le cas…. On devrait s’en réjouir, ce serait une bénédiction, alors il conviendrait de s’en servir très souvent et régulièrement !

Comme vous le savez, le nombre de personnes qui perdirent la vie lors de la seconde guerre mondiale se compte par dizaines de millions. Je ne penserais pas qu’épargner la vie des gens ait quand on fait la guerre, jamais été une toute première préoccupation.

Un facteur important dans la décision d’utiliser la bombe atomique contre le Japon était l’entrée en guerre de l’URSS le même mois. Un délai dan la capitulation du Japon aurait fort probablement signifié une occupation de la partie nord du Japon par l’URSS comme en Corée, avec les conséquences que l’on connaît.

Il semble bien que peu de gens et surtout pas le président américain connaissent les paroles de Roger Fisher. De toute façon les présidents, premiers ministres, dictateurs, chefs d’état etc…. ne sont pas très dérangés par les guerres car ce sont eux qui envoient et regardent les gens se faire tuer tout en étant en sécurité dans leur souterrain. Si Trump ou Kim Jong Un seraient les premiers au champ de bataille ce serait sûrement différent.

C`est vraiment spécial de se faire dire que lancer, pas une bombe atomique mais deux bombes atomique sur deux villes avec des femmes, enfants, des gens sans défense, a eu pour effet de sauver des milliers de vies humaine…un bombardement fait par un peuple qui se dit humain et civilisé… n`aurait-il pas été plus simple de lancer ces bombes atomique au japon dans des endroit loins des humains, je crois que l`effet de dissuasions aurait été le même, si le passé est garant de l`avenir, qui doit on craindre de nos jours.

Pour ça il faudrait que le dirigeant est une conscience morale. Dans certains pays ça n’existe pas et ils sont prêts à tuer leur famille pour arriver à leurs fins.

« Ce qui justifie du développement des arsenaux atomiques, c’est la préservation de la paix par le développement d’armes (défensives) si puissantes que seul des fous pourraient s’en prendre aux nations qui détiennent de telles armes. »
Les frères Nobel ont inventé la dynamite dans un ordre d’idée similaire et ça n’a pas vraiment donné le résultat souhaité…

@ Alain,

Sauf erreur de ma part, vous empruntez votre citation à moi-même. Cela me fait très plaisir de savoir que vous me lisez. Nonobstant, je pense que vous vous livrez à un exercice de comparaison inapproprié.

D’abord parce que la dynamite n’a jamais été conçue comme une arme. Le but était d’un point de vue scientifique de trouver un moyen de stabiliser un produit instable : la nitroglycérine ; afin de donner une certaine utilité au produit. Notamment l’industrie minière dans laquelle l’usage de la nitroglycérine pure était très dangereux.

Vous conviendrez que l’automobile a une certaine utilité. Pourtant elle peut être détournée de son usage et devenir risquée pour ceux qui les conduisent ou mieux comme on a pu le voir récemment : une arme de destruction massive : comme dans plusieurs attentats. Il en va de même des avions. Rappelez-vous du 11 septembre 2001.

Ce qui est donc problématique, ce ne sont pas les objets, ni les inventions comme telles, mais le fait que des esprits tordus peuvent détourner tout objet de son usage à d’autres fins : funestes ou létales.

La bombe atomique n’a jamais été conçue pour faire progresser la science, pour développer des usages pacifiques qui font du bien à l’humanité et lui permette de progresser. Le but recherché c’est de posséder la puissance suprême de destruction avec la domination.

Après la deuxième guerre mondiale. Les dirigeants souhaitaient que ce soit la dernière, estimant que la « bombe » se devait d’être avant tout un instrument de dissuasion. À moins d’être complètement fou ou suicidaire, pourquoi iriez-vous vous attaquer à beaucoup plus fort que vous ?

La dynamite n’a jamais été présentée comme un instrument de dissuasion et Alfred Nobel avait plutôt trouvé le moyen pratique de diminuer significativement les effets négatifs d’un produit dangereux (mais utilisé par les mineurs) quoiqu’hautement risqué.

Je suis persuadé que la Corée du Nord ne possède qu’un armement nucléaire très limité et que par ailleurs les EUA (USA) ont une puissance conventionnelle non-nucléaire capable de détruire la Corée du Nord en une journée ou même quelques heures.
Alors si la Corée du Nord lançait un missile nucléaire, avec une riposte terrible mais non nucléaire des ÉUA, ni la Russie ou la Chine ne pourraient faire quoique ce soit contre les ÉUA

@Serge
Ido Jima était une île minuscule à 1000 km du Japon. Voici le bilan de ce combat selon Wikipedia : « Elle se déroula entre février et mars 1945 et s’acheva par la conquête de l’île par les Américains au prix de 20 703 tués et 1152 disparus japonais (la quasi-totalité de la garnison) et 6 821 tués, 492 disparus et 19 189 blessés américains. »
Donc, 22000 morts du côté japonais et 27000 morts et blessés du côté américain pour une île quasi insignifiante. Pensez-vous que la conquête de l’archipel nippon aurait été une simple ballade dans le parc?
Je le répète, en atomisant deux villes en trois jours les américains ont obligé la reddition immédiate du Japon. Cela a sauvé la vie d’un nombre incalculable de GI’s et, involontairement, d’un nombre encore plus élevé de japonais.
Combien? Toujours dans Wikipedia on nous dit qu’il y a eu plus de morts dans les bombardements conventionnels sur Tokyo qu’avec la bombe A de Nagasaki.
« Les bombardements de Tokyo sont une opération militaire américaine d’envergure sur la capitale japonaise qui eut lieu en février, mars et mai 1945. Le nombre de victimes s’est élevé à plus de 100 000 personnes[1]. L’utilisation intensive de bombes incendiaires de nuit sur des bâtiments (et notamment des habitations) construits en bois qui ne disposaient pas de caves où se réfugier explique le nombre important de victimes. Les bombardements furent plus meurtriers que l’explosion atomique de Nagasaki cinq mois plus tard. »

Sans la bombe A, les généraux japonais ne voulaient rien savoir de la fin de la guerre. les bombes A ont anéanti leur confiance de pouvoir résister.

@ Pierre,

Le débat est sans doute passionnant, je ne voudrai cependant pas partir une polémique. Pourtant les historiens s’entendent au moins sur un fait : en 1945, les forces armées japonaises étaient exsangues ; tout comme pour l’Allemagne nazi, tout était une question de temps et non essentiellement une question de bombardements.

Si comme vous le soulignez la bataille d’Iwo Jima a été coûteuse en vies humaines, rien n’indique que cet ilot avait une importance si stratégique que cela. Les Américains auraient très bien pu s’épargner cette bataille. D’autre part, les chiffres que vous faites quant au nombre de soldats Américains tombés au combat ne sont probablement forcément exacts, puisque on parle plutôt dans d’autres articles d’un total de 25 000 soldats tombés lors de deux batailles : Iwo Jima et Okinawa.

Quoiqu’il en soit, je mettrai de côté ce genre de comptabilité morbide et je ne m’obstinerai pas sur ce point.

J’aimerai rappeler simplement que ce qui était sur la table en 1945, c’était le démantèlement total du Pays (Empire) du Soleil Levant et savoir qui finalement prendrait le contrôle de ses colonies. Tout comme la question fondamentale était de savoir qui devait exercer le contrôle sur… ou bien annexer le reste de l’archipel japonais.

Il y a à ce moment-là, deux gros joueurs sur l’échiquier (conséquence de la Conférence de Yalta) : l’Amérique et la Russie. L’occupation conjointe du Japon (proposée par la Russie) n’était pas une option pour les Américains. La Conférence de Postdam qui se termine le 2 août, ne laisse plus de chance pour entrer dans une phase de négociations approfondies, ni pour le Japon, ni pour les Américains qui veulent en finir au plus vite pour couper l’herbe sous le pied à Staline qui d’ailleurs allait s’emparer de la Manchourie et les îles Kouriles toujours contrôlées par la Russie actuellement.

Le 2 août, Harry Truman — dont les forces pour des raisons logistiques ne pouvaient organiser un débarquement promptement — scelle le sort du Japon : Ils auront la bombe.

C’est sans compter d’ailleurs qu’un troisième joueur : la Chine nationaliste lorgnait également sur cet archipel.

Vous semblez vouloir omettre dans vos analyses que les bombes atomiques ne sont pas des bombes conventionnelles. Parmi les survivants plus de 450 000 personnes exposées aux radiations ont eu à souffrir tout le reste de leur vie de ces deux bombardements. Encore aujourd’hui toutes sortes de maladies, de malformations, de cancers notamment, sont la conséquence du largage de ces bombes qui en terme de puissance destructrice en étaient pourtant à leur balbutiement.

Selon moi et en tout respect : vous avez une vision plutôt élégiaque d’un Harry Truman pacifiste dont la principale préoccupation était d’épargner des vies humaines tant américaines, qu’au Japon. Si vous voulez vraiment épargner les vies humaines, eh bien vous ne faites pas la guerre tout naturellement !