
Les photos de François Pesant ont été sélectionnées au festival international de photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’image.

Un travailleur des dépotoirs, qu’on appelle en Inde ragpicker (littéralement « cueilleur de guenilles »). Chaque matin, avant l’aube, il grimpe au sommet de la montagne de déchets à la recherche de matériaux récupérables.

Des recycleurs attendent le déchargement d’un camion d’ordures pour ramasser tout ce qu’ils peuvent avant que le bulldozer n’arrive. Ils revendront par la suite leur récolte au poids à des intermédiaires qui en feront le tri.

La plupart des travailleurs qui cueillent et trient les ordures vivent dans des bidonvilles illégaux, à même le dépotoir, ou carrément dans la rue, comme ces recycleurs.

Les conditions de vie sont très difficiles dans les quartiers des ragpickers. Des rivières de jus d’ordures coulent dans les rues, et l’air est chargé d’une odeur de putréfaction.

Les taux de mortalité infantile y sont alarmants. On compte 54 décès avant l’âge d’un an pour 1 000 naissances vivantes, contre 40 pour toute la ville de Delhi. (Au Canada, le taux de mortalité infantile est de 5,1/1 000.) Les enfants qui survivent grandissent dans des conditions sanitaires atroces et commencent très jeunes à collecter les ordures.

La classe moyenne de Delhi se développe à la vitesse grand V, et les centres commerciaux aussi. Les gens aisés consomment de plus en plus, produisant toujours davantage de déchets. Parallèlement, 800 millions de personnes vivent avec moins de deux dollars par jour dans le pays, ce qui, même en Inde, est le seuil de pauvreté absolu selon les Nations Unies.

Beaucoup d’enfants sont ragpickers à plein temps. Pourtant, en Inde, une loi interdit le travail des enfants avant l’âge de 14 ans. Et cette limite est censée augmenter à 18 ans dans les milieux dits à risque pour la sécurité physique.

Les ragpickers œuvrent sans gants ni masque de protection. Les coupures, infections et problèmes respiratoires dus à l’exposition à des produits toxiques sont fréquents.

Des ragpickers trient des cheveux ramassés dans la décharge de Bhalaswa. Une fois nettoyés, ceux-ci serviront principalement à la fabrication de perruques.

Des recycleurs brûlent la gaine de fils de cuivre afin de récupérer le métal, qu’ils pourront vendre à bon prix. Ils en profitent pour se réchauffer autour des flammes qui dégagent une fumée toxique. Les nuits d’hiver, il fait environ 5 °C et le temps est très humide.

Raju, un migrant de Calcutta – ou peut-être du Bangladesh, car les illégaux ne disent jamais leur origine de peur d’être rapportés aux autorités et arrêtés – prend une pause pour le lunch avec ses collègues… dans le dépotoir.

Sabbir, un recycleur qui fait de la collecte de porte en porte. Quand il a terminé sa tournée, il apporte les déchets au conteneur le plus près et sépare ce qui est récupérable de ce qui ne l’est pas.
La collecte et le tri des ordures sont considérés comme illégaux à Delhi. Pourtant, selon Chintan, une ONG qui œuvre à améliorer les conditions de vie des ragpickers, ceux-ci font économiser à la ville plus de 260 millions de roupies par année (5,7 millions $). Mais pour combien de temps ? Les sites d’enfouissement seront bientôt remplis à pleine capacité. La ville devra donc trouver un moyen plus organisé de recycler ses déchets.