L’an dernier, 60 000 Américains sont morts d’une surdose d’opiacés. À titre de comparaison, ce nombre est plus élevé que celui des morts causées par les accidents de voiture et les homicides par armes à feu… combinées.
Pour marquer les esprits, Chris Christie — gouverneur de l’État du New Jersey et chargé de mener une commission sur cette crise — a mentionné que ce fléau était comme « un 11 septembre toutes les trois semaines ».
En gros, les États-Unis affrontent la pire épidémie de surdoses de drogue de leur histoire. Et rien ne se pointe à l’horizon pour renverser la tendance. Depuis 1990, le nombre d’Américains morts par année d’une surdose de drogue a augmenté de plus de 650 %.
Aujourd’hui, 2 millions d’Américains sont dépendants de ces opiacés, qui, soulignons-le, sont souvent au départ obtenus au moyen d’une ordonnance d’un médecin. Les patients se voient prescrire des médicaments analgésiques (comme l’OxyContin et le Fentanyl), puis une fois leur ordonnance expirée, se rendent compte de leur accoutumance et cherchent de nouvelles sources d’approvisionnement illégales.
En campagne électorale, Donald Trump avait promis de trouver une solution à ce fléau. L’été dernier, il réitérait sa promesse en avançant même qu’il allait déclarer prochainement « l’état d’urgence ». Or, le président vient d’annoncer qu’il s’agit finalement d’une « urgence de santé publique ».
La différence ? Un accès à 23 milliards de dollars de moins pour gérer la crise.
En effet, l’état d’« urgence nationale » aurait donné accès à une enveloppe substantielle. En revanche, une « urgence de santé publique » accorde une petite caisse (délaissée depuis longtemps par le Congrès), qui contient actuellement 57 000 dollars.
À noter que l’annonce du président autorisera tout de même les États à transférer des fonds fédéraux destinés aux personnes atteintes du VIH vers celles qui souffrent d’une accoutumance aux opiacés. Elle permettra également aux patients d’utiliser la télémédecine pour obtenir un traitement, un élément intéressant pour aider certaines régions rurales particulièrement touchées par la crise.
Mais là s’arrêtent les avantages. Non seulement la décision de Donald Trump est inefficace d’un point de vue de santé publique, mais elle l’est aussi d’un point de vue électoraliste et économique. D’une part, ce fléau touche directement ses électeurs, soit la classe ouvrière blanche des zones rurales, particulièrement dans le Midwest.
D’autre part, si le président veut suivre son slogan « Make America Great Again », il faudra bien qu’il sorte sa calculatrice. Selon cette étude, le fardeau financier lié à la mortalité par surdoses, aux abus et à la dépendance, est de l’ordre de 78,5 milliards. Les coûts peuvent aller dans tous les sens, de la criminalité aux absences du bureau en raison du décès d’un proche.
Beaucoup espéraient réellement un appui de taille de la part du président dans cette crise qui touche des millions de familles. Pour les experts en santé publique, la déclaration de la semaine dernière n’est rien d’autre qu’une farce. Parce que pendant qu’on attend, l’industrie pharmaceutique — qui produit ces opïodes — s’en met plein les poches, et dépense des centaines de millions en lobbying à Washington.
Elle a d’ailleurs réussi récemment à faire passer une loi qui diminue le pouvoir de la Drug Enforcement Administration (DEA). Certains fabricants camouflent aussi les effets secondaires de ces antidouleurs, comme le risque de dépendance.
Pour bien comprendre le rôle de l’industrie, vous pouvez lire ce portrait de la famille Sackler paru dans le magazine Esquire. Bien en vue comme philanthropes, les Sackler ont fait une importante partie de leur fortune en commercialisant l’OxyContin, l’antidouleur considéré par de nombreux experts de santé publique comme l’un des produits les plus dangereux jamais vendus à grande échelle.
La cure de désintoxication est encore loin pour bien des Américains.
Boff… ça va laisser plus de fonds disponibles pour la construction du mur, ce qui devrait résoudre les problêmes de drogues dans leur ensemble, non?
J’espère que c’est de l’ironie car là on parle d’une drogue produite par les pharmaceutiques… La frontière n’a rien à voir.
Cela ne fait qu’ un sapin de plus dans le club du clown des États Unis, l’autre Donald