Surveillance massive : dénonciation par l’absurde

Un élu suisse a publié sur Internet l’équivalent de six mois de récolte de ses données personnelles. Une façon comme une autre de dénoncer par l’absurde la surveillance de masse.

FouineurOù habitez-vous ? Quand dormez-vous ? À qui envoyez-vous des courriels et des textos ? Comment peut-on vous trouver ?

Des questions quelque peu intrusives, auxquelles les téléphones cellulaires ont les réponses exactes.

En Suisse, les fournisseurs de services de téléphonie et d’accès Internet sont tenus par la Loi sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunications (LSCPT) d’enregistrer les données de tous leurs utilisateurs pendant six mois et, sur demande, de les livrer aux autorités pénales. La révision de la loi prévoit de doubler la durée de conservation des données et d’y permettre l’accès aux services secrets. De plus, dit la Tribune de Genève, elle évoque «la possibilité explicite d’utiliser des logiciels mouchards».

«La conservation systématique – non liée à un soupçon préalable – des données personnelles de communication, trafic et facturation forme une atteinte sérieuse aux libertés individuelles», écrit pour sa part Digitale Gesellschäft, une organisation qui milite contre la fin de la surveillance automatique des télécommunications en Suisse.

Afin de montrer à ses compatriotes le degré de détail des informations enregistrées par la LSCPT, le chef du groupe des Verts au Parlement, Balthasar Glättli, a accepté de publier sur Internet l’équivalent de six mois de récolte de ses données personnelles. Une façon comme une autre de dénoncer par l’absurde la surveillance de masse.

L’entreprise OpenDataCity en a fait une carte interactive qui permet d’observer à l’aide d’un calendrier toutes les activités de Balthasar Glättli, y compris ses publications Facebook, ses tweets, les noms de ses amis et des journalistes ou politiciens avec qui il entre en contact…

Les conversations ne sont pas écoutées, mais les données secondaires ont tout de même une grande valeur. Le journal Schweiz am Sonntag a ainsi conclu que l’élu écologiste s’était rendu en juillet 2013 dans une base militaire secrète avec la commission de politique de sécurité.

Inquiétant, dites-vous ?