OTTAWA — «Les Vénézuéliens peuvent compter sur notre appui alors qu’ils tentent de reprendre possession de leur pays et (de) rétablir leur démocratie», a annoncé lundi le premier ministre Justin Trudeau, en ouverture de la réunion du Groupe de Lima, qui se tient à Ottawa.
«Aujourd’hui, le Canada répond présent et annonce 53 millions $ pour répondre aux besoins les plus pressants des Vénézuéliens sur le terrain, incluant les près de trois millions de réfugiés», a signalé le premier ministre.
L’essentiel des fonds ira aux pays voisins comme le Pérou et la Colombie, qui doivent composer avec cette migration. Une enveloppe, plus mince celle-là, est prévue pour des organisations non gouvernementales établies au Venezuela.
Aucune aide financière directe n’ira au gouvernement vu la volatilité de la situation.
Car «il faut un environnement beaucoup plus stable» pour que l’on «transfère des fonds directement à un gouvernement», a exposé la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau.
La présidence de la rencontre est assurée par la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland. La diplomate en chef a réitéré lundi qu’Ottawa a choisi son camp: il se range derrière Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président vénézuélien par intérim.
«Le Canada et le Groupe de Lima reconnaissent la primauté du droit, la primauté de la Constitution du Venezuela et la primauté de la volonté du peuple vénézuélien», a plaidé Mme Freeland, disant espérer une transition pacifique vers la démocratie.
Il n’est d’ailleurs pas question que le gouvernement canadien cautionne une intervention militaire pour renverser le régime du président socialiste Nicolas Maduro — le président des États-Unis, Donald Trump, a présenté la chose comme une «option».
«Nous avons clairement indiqué que le rétablissement de la démocratie devait être fait par les Vénézuéliens eux-mêmes. Nous n’appuyons pas l’intervention militaire pour résoudre cette crise», a écrit dans un courriel Adam Austen, l’attaché de presse de la ministre Freeland.
La prise de position anti-Maduro du Canada a inspiré des critiques, notamment au Nouveau Parti démocratique (NPD) et au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
«Compte tenu de l’histoire de l’implication américaine dans la région, les actions de M. Guaido présentent tous les signes d’un coup d’État», a récemment déclaré le regroupement syndical par voie de communiqué.
«Nous mettons en garde le premier ministre Justin Trudeau contre tout rôle dans l’instauration d’un changement de régime dans un pays étranger», a poursuivi le SCFP.
La réunion du Groupe de Lima survient alors que les manifestations populaires se multiplient au Venezuela pour chasser Nicolas Maduro, et alors que plusieurs pays européens viennent officiellement d’endosser l’opposant Guaido.
Une vidéo de ce dernier a été diffusée en ouverture de la réunion. Par l’entremise d’un interprète, il a invité ses alliés occidentaux à poursuivre la bataille contre l’«usurpation» de la démocratie dans son pays.
«Malheureusement, nous sommes toujours sous une dictature au Venezuela en ce moment. C’est la raison pour laquelle il faut augmenter la pression», a affirmé celui qui est président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, que contrôle l’opposition.
La crise qui fait rage au pays de Maduro a des répercussions ailleurs; des pays comme le Pérou, la Colombie et le Brésil font face à un afflux de réfugiés.
Le premier ministre Trudeau s’est entretenu dimanche avec Juan Guaido. Les deux hommes ont souligné la nécessité que des élections présidentielles libres et justes soient tenues dans le pays d’Amérique du Sud, selon un sommaire du bureau du dirigeant canadien.
Le Groupe de Lima a été créé le 8 août 2017 pour coordonner les efforts des pays et exercer une pression internationale sur le régime de Nicolas Maduro au Venezuela, qui est considéré «illégitime» par l’organisation.
Les États-Unis ne font pas partie du regroupement. Ils ont cependant eux aussi dénoncé le régime Maduro et reconnu Juan Guaido.