100 sièges pour la CAQ ?

Après avoir été chassé par la grisaille des longs mois froids, le naturel est revenu au galop dans les intentions de vote des Québécois, à une quinzaine de semaines de l’échéance électorale de l’automne prochain. 

montage : L’actualité

Le nouveau sondage de la maison Léger publié vendredi (27 mai) dans les médias de Québecor est sans équivoque : après une modeste glissade de ses appuis au creux de l’hiver, la Coalition Avenir Québec (CAQ) est dominante comme jamais dans les intentions de vote des Québécois.

Quatre mois avant les élections, la question n’est pas de savoir si François Legault demeurera premier ministre, mais ce qu’il restera aux partis d’opposition si ce grand coup de balai se concrétise.

Ainsi, selon Léger, la CAQ récolte l’appui de 46 % des répondants au niveau national, une avance de 28 points sur le Parti libéral du Québec (PLQ), à 18 %.

Derrière, une chaude lutte entre la droite et la gauche se dessine pour la troisième place, avec le Parti conservateur du Québec (PCQ) à 14 % et Québec solidaire (QS) à 13 %. Pour le Parti québécois (PQ), les déboires se poursuivent : la formation souverainiste n’obtient que 8 %.



La ventilation du sondage selon différents paramètres nous montre que non seulement la CAQ jouit de forts appuis auprès de l’électorat général, mais qu’au surplus ils sont quasi uniformes d’une région à l’autre. En effet, la CAQ devance le PLQ de 15 points dans la grande région de Montréal (ce qui comprend l’île de Montréal et les couronnes riches en sièges du « 450 »). Dans la capitale nationale et ses alentours, la CAQ récolte 43 %, une avance de 17 points sur le PCQ (qui se maintient à 25 %). Dans l’ensemble des autres régions, la CAQ se hisse à 53 %, ne laissant que des miettes à ses rivaux (PCQ 13 %, PLQ 12 %, QS 12 %).

Chez les jeunes électeurs (de 18 à 34 ans), Québec solidaire détient une mince avance de quatre points sur la CAQ. Toutefois, étant donné la taille de ce sous-échantillon (255 répondants), il s’agit en fait d’une égalité statistique entre ces partis. Chez les électeurs de 35 à 54 ans, la CAQ (31 %) se fait chauffer par le PCQ (28 %). Toutefois, la CAQ obtient l’aval de près des deux tiers (65 %) des électeurs âgés de 55 ans et plus. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une avance inouïe de 48 points (!) sur les libéraux. C’est d’autant plus considérable que cette partie de la population présente des taux de participation au vote généralement bien plus élevés que ceux des autres tranches d’âge.

Alors, en ajoutant ce récent coup de sonde au modèle électoral Qc125, plusieurs circonscriptions projetées comme pivots le mois dernier penchent maintenant en faveur de la CAQ, et comme le montre le graphique ci-dessous, ce sont les partis traditionnels qui écopent le plus.



La CAQ serait donc favorite pour remporter pas moins de 100 des 125 (80 % !) sièges à l’Assemblée nationale. (Évidemment, cela n’est pas une prédiction du scrutin de l’automne, mais plutôt une projection selon les données actuelles.) De l’inédit depuis 1985, alors que le PLQ avait arraché 99 des 122 circonscriptions de l’époque. Pour un résultat semblable lors d’un deuxième mandat, il faut remonter à 1973, alors que 102 des 110 sièges avaient échu aux libéraux de Robert Bourassa.

Compte tenu de l’avance remarquable de la CAQ dans l’électorat francophone, cette projection sans partage n’a rien de surprenant, même si elle paraît démesurée étant donné que le parti de François Legault récolte quand même l’appui de moins de un Québécois sur deux. Telles peuvent être les dérives de notre mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour…

Avec 9 % d’appuis chez les électeurs francophones et seulement 48 % chez les non-francophones, non seulement le PLQ pourrait être refoulé dans ses bastions montréalais, mais plusieurs circonscriptions traditionnellement libérales dans la métropole pourraient tomber aux mains de la CAQ. Comme souligné dans une chronique récente, c’est le cas de Verdun, Anjou–Louis-Riel, Maurice-Richard et Marquette. D’ailleurs, avec d’aussi piètres chiffres pour le PLQ, la circonscription de la cheffe libérale, Saint-Henri–Sainte-Anne, pourrait également être en jeu cet automne.

Si Québec solidaire peut se vanter d’être deuxième auprès de l’électorat francophone, il se trouve tout de même 39 points (à 14 %) derrière la CAQ et à égalité statistique avec le PCQ (12 %). Résultat : QS pourrait être en danger dans Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Jean-Lesage (à Québec) et à Sherbrooke. De plus, même si QS y est toujours projeté en avance, il faudra peut-être surveiller Rosemont, à Montréal. Il n’y a pas de gains potentiels à l’horizon pour QS. Si la tendance actuelle se maintient jusqu’à l’automne, les stratèges solidaires devront peut-être considérer une campagne axée sur la défensive afin de protéger les acquis.

Du côté du Parti québécois, même la relance du débat sur la protection de la langue et de nouvelles chicanes entre Québec et Ottawa ne semblent pas faire mousser les appuis au parti souverainiste. Le PQ est bon dernier dans chacun des découpages régionaux du sondage, en plus d’être dernier chez les jeunes électeurs et les 34-55 ans. De plus, sa base historique de baby-boomers semble avoir entièrement migré vers la CAQ.

D’ailleurs, plusieurs lecteurs et lectrices ont rouspété sur les médias sociaux quand la page de Qc125 n’a plus affiché qu’une seule circonscription péquiste lors de la dernière projection (soit Pascal Bérubé dans Matane-Matapédia). Toutefois, avec le départ de députés appréciés de leurs électeurs comme Véronique Hivon (Joliette) et Sylvain Gaudreault (Jonquière) et la récente défaite dans Marie-Victorin, les chiffres nous montrent que la dégringolade se poursuit et que le chef Paul St-Pierre Plamondon tire son parti vers le bas. Le PQ est à 8 % dans ce sondage et St-Pierre Plamondon est le choix comme meilleur candidat au poste de premier ministre de seulement 2 % des répondants.

Finalement, les appuis au PCQ ne semblent pas s’estomper alors que les mesures sanitaires, elles, ont été presque toutes retirées par le gouvernement. Les tendances des derniers mois se confirment dans ce nouveau sondage Léger, où le PCQ se hisse maintenant à 25 % dans la grande région de Québec. La question demeure : le vote du PCQ sera-t-il suffisamment concentré dans une poignée de circonscriptions pour faire élire des députés ? Pour l’instant, le problème d’Éric Duhaime est que son parti est populaire là où la CAQ l’est aussi, soit les couronnes de Québec et la région de Chaudière-Appalaches. Des sondages locaux seront nécessaires afin de tracer un portrait précis de la situation.

Comme mentionné dans ma plus récente chronique, la CAQ pourrait vouloir imiter les progressistes-conservateurs de Doug Ford en Ontario et choisir de mener une campagne sans remous, sans risque et sans heurt. La CAQ domine le paysage politique plus que toute autre formation des 50 dernières années, alors la tentation de se mettre sur le pilote automatique doit être particulièrement forte parmi les stratèges caquistes.

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Pour consulter les chiffres de cette projection québécoise, visitez la page de Qc125. Pour la liste complète des 125 circonscriptions, consultez cette page ou visitez les liens régionaux suivants :

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Prochaine étape, l’indépendance du Québec… (PSPP devrait être content, car ce n’est pas toujours en ligne droite qu’on arrive plus rapidement au bout).

Et voilà : ce qui devait arriver arrivera : tous trois, PM, v.-PM et CAQ n’en ont plus eu jamais fini, depuis leur élection, d’ânonner qu’avec eux ce ne serait plus pareil…; car dorénavant, grâce à leur in com pa ra ble saint projet de loi 1, les nominations importantes seraient faites aux deux tiers des voix de l’ANQ…
Eh bien, se sont-ils moqué de l’évidence que pourrait r’arriver, comme ç’a déjà été le cas plus d’une fois, que le parti au pouvoir les ait, à lui seul, plus des deux tiers des élus…
Si bien qu’ils pourront tout faire, tout décider tout fin seuls. L’ANQ ce sera eux.
Incluant… les oppositions, qui seront… eux… « Brillant », n’est-ce pas?…

Voilà comment on berne les électeurs. Alors que la majorité des Québécois ne voteront pas pour la CAQ (54%), cette dernière pourra régner sur la république bananière du Québec en régent absolu pour encore 4 ans grâce à un système électoral bancal et anachronique qu’eux mêmes avaient promis d’abolir. Peut-on vraiment parler de démocratie quand le parti au pouvoir n’a même pas l’appui de la majorité des électeurs ?

je suis un séparatiste depuis 50ans depuis la mort des 2 meilleurs premiers ministres que le Québec a connue René Lévesque et Jacque Pariseau.je ne vote plus ceux qui étaient pour le parti québecois ont la plupart changé leur capot de bord je vois beaucoup des anciens péquistes qui sont rendus des opportunistes.au fédéral ca fait 30ans que je vote pas je m,intéresse beaucoup aux émissions qui parle de politique comme les mordus de politique que je trouve tres interessante merci