À table, citoyens !

Quatre électeurs sur dix hésitent encore à choisir dans le menu électoral qui s’offre à eux. Comment expliquer ce manque d’appétit collectif ? se demande Charles Grandmont.

Photo : Daphné Caron

L’élection du prochain gouvernement se déroule à un moment enviable de l’histoire du Québec à bien des égards. L’économie affiche une santé de fer. Les coffres de l’État débordent de milliards — surplus accumulés, il est vrai, au prix de controversés sacrifices budgétaires. La place des femmes en politique fait un grand bond, avec un nombre record de candidates et des promesses de parité au Conseil des ministres.

Pourtant, on est loin de sentir un réel enthousiasme dans les chaumières. Bien des Québécois sont diablement embêtés par les choix qui leur sont offerts, au point que 4 électeurs sur 10 ne sont pas certains de ce qu’ils vont faire avec leur bulletin de vote le 1er octobre.

Où est donc passé l’appétit autrefois très aiguisé des Québécois pour la politique ? Le fait que la souveraineté n’enflamme plus les esprits prive certes le menu électoral de tout piquant.

Ce menu est aussi beaucoup moins facile à lire qu’avant. La démarcation entre la gauche et la droite s’embrouille. Des idées économiques de droite cohabitent dans un même programme avec des positions identitaires de gauche, quand ce n’est pas l’inverse. Les candidats eux-mêmes semblent en perdre leurs repères, ou à tout le moins leurs scrupules, et goûtent à plusieurs plats avant de choisir leur allégeance.

On excusera donc l’électeur d’être un peu largué. On lui tend un menu qui ressemble à celui de ces fameux restaurants avec spécialités canadiennes-italiennes-chinoises, où l’on n’est pas trop sûr de ce qui va arriver sur notre table une fois la commande passée.

Pour rester dans la métaphore culinaire, on voit aussi que la section « à la carte » du menu ne cesse de grossir. Les partis enchaînent les promesses électorales de la taille d’un hors-d’œuvre, plus faciles à digérer qu’une table d’hôte encombrée d’idées.

Cette façon de faire de la politique a le mérite de convenir à l’époque. L’électeur, de plus en plus pressé, aurait-il vraiment le temps de s’attabler devant un grand projet de société ? Beaucoup plus simple d’attraper quelques bouchées à emporter, avant de courir chercher le petit dernier à l’aréna.

S’il se retrouve coincé dans le trafic en chemin, il pourra se consoler en se disant qu’il est un électeur choyé, car sa condition de parent pressé le place au centre de bien des attentions cette année. Par ici les projets de construire plus de routes pour lui faire gagner du temps au volant. Et par là un programme national de boîtes à lunch dans les écoles pour le libérer de ce « fardeau » quotidien.

L’électeur est bien sûr heureux que les partis montrent une telle volonté de lui simplifier la vie, mais il se demande par ailleurs où tout cela nous mène collectivement. Quel bénéfice y a-t-il à ajouter des routes si l’on ne cherche pas aussi à freiner l’étalement urbain, qui engendre de nouveaux conducteurs ? À quoi bon fournir les repas à l’école alors que le réseau public d’éducation tombe en ruine, malgré les gouvernements successifs qui, tous, ont juré la main sur le cœur de faire de l’éducation une priorité ?

Il ne faut pas désespérer pour autant. En fouillant attentivement dans le menu, on trouve également des idées nutritives sur le plan collectif, comme élargir l’accès aux soins dentaires gratuits, ou encore offrir non seulement des examens de la vue, mais aussi une paire de lunettes aux frais de l’État. Bien d’autres plats du genre pourraient s’ajouter d’ici le 1er octobre.

Espérons que, malgré des vies toujours plus frénétiques, les électeurs prendront la peine d’aller voter. Et si la file est longue au bureau de scrutin, cela ne leur laissera que plus de temps pour réfléchir à leur chance : faire partie de cette toute petite portion de l’humanité, même pas 5 %, qui vit dans une démocratie à part entière. Une démocratie sans nul doute imparfaite, mais capable d’évoluer pour le mieux quand la volonté collective est là.

Les commentaires sont fermés.

M . Grandmont, pourquoi les électeurs ne réagissent pas à toutes ces promesses? La raison est simple; c’ est qu’ on ne sait combien ça va nous coûter dans 4 ans et on se demande s’ il va en rester dans nos poches!!! On ne fait plus confiance aux élus et surtout aux administrateurs de l’ état ! D’ autant plus que nos élus ne sont pas capable de dire non aux syndiqués du gouvernement qui ont des avantages supérieurs à ceux qui les payent !!!

Aussi aucun parti ne s’ aventure dans des projets économiques majeurs de peur de faire face aux verts ! Au Québec on est au neutre et pendant ce temps-là les autres provinces créent des emploies rémunérateurs et investissent dans leurs richesses naturelles ! Nous les québecois on attend après le bateau du roi » PÉRÉQUATION » !! Dans cette élection ; on a l’ impression que le salaire des médecins spécialistes est devenu notre richesse naturelle!!!

N’oublier pas, mon cher monsieur, qu’il y a d’autres secteurs à exploiter que celui des matières premières et ressources naturelles. Investir davantage dans les énergies vertes, promouvoir la recherche et le développement d’alternatives durables à nos habitudes néfastes pour l’environnement, sont notamment des domaines susceptibles susceptibles de créer de nombreux emplois. En misant sur le recyclage et la revalorisation de matières comme des matériaux de construction, on peut développer tout un secteur de production. On fait d’ailleurs un excellent papier aux propriétés particulières à partir de déchets rocailleux de construction. Groupes écologistes et croissance économique peuvent faire une très bonne équipe.

C’est que vous ne parlez que de ces 4 partis comme si on avait pas le choix…Il y a un nouveau parti qui fera le ménage dans tout ce qui a trait à la corruption. Une vraie démocratie réalisée avec les citoyens dans toutes les décisions que proposera les citoyens…Un croche dans nos rang?…dehors la porte est grande ouverte…Les gens sont écoeurés de se faire mentir à coup de milliards et en payer le prix. Les médias n’en parlent pas de Citoyens au pouvoir parce les hauts-dirigeants vous dirigent. Mais il y en a qui vont rester surpris du pouvoir des médias sociaux…

M. Grandmont,

En libéral que vous êtes car, je suppose que pour diriger un magazine appartenant à l’opportuniste directeur de campagne libéral, A. Taillefer, on fait
tout pour parler des 2 côtés de la bouche. Texte sans saveur dans un contexte ou le PLQ est sur le bord de la sortie. Vive le PQ et JFL! Consolez vous. M. Taillefer prendra la relève du PLQ et votre magazine pourra survivre.